L'Angleterre a depuis plusieurs mois coché cette Coupe du Monde 2019, annoncée outre-Manche comme l'avènement des Lionesses de Phil Neville. Des ambitions qui vont passer au travers d'un premier révélateur, face aux vice-championnes du Monde japonaises et une équipe écossaise probablement surmotivée. Un groupe où l'on retrouvera également l'Argentine de retour en Coupe du Monde après 12 ans d'absence.

 

Depuis la dernière Coupe du Monde, l'Angleterre fait partie des pays qui continuent de grimper dans la hiérarchie mondiale. Ces dernières années ont notamment été l'occasion de victoires historiques face aux États-Unis (SheBelieves Cup 2017) et la France (Euro 2017).

Des succès qui en eux-mêmes ne rapportent pas de trophées mais alimentent le sentiment que l'Angleterre peut désormais légitimement viser un titre mondial. Plus récemment, la victoire des Lionesses lors de la SheBelieves Cup 2019, a été une nouvelle affirmation des ambitions anglaises à l'approche du Mondial.

 

Angleterre : Des arguments pour viser la victoire finale

Sur le papier, l'Angleterre fait effectivement partie des équipes en mesure d'aller chercher le trophée le 7 juillet prochain. Phil Neville dispose d'une sélection riche sur toutes les lignes, avec notamment l'un des meilleurs duos de la planète en défense centrale, avec Steph Houghton et Millie Bright et peut-être la meilleure latérale du monde actuellement avec Lucy Bronze. En attaque, le sélectionneur a l'embarras du choix entre Nikita Parris, qui vient de rejoindre l'armada lyonnaise, l'imprévisible Fran Kirby, sans oublier Ellen White ou Jodie Taylor, meilleure buteuse du dernier Euro.

Si la France mise sur l'éclosion de Delphine Cascarino, en Angleterre la sensation du moment s'appelle Beth Mead. L'attaquante d'Arsenal sort d'une saison exceptionnelle avec les Gunners, terminant notamment meilleure passeuse de FA WSL (12 passes décisives et 7 buts). Même si une dizaine de joueuses anglaises ont connu le Mondial 2015 et la troisième place remportée face à l'Allemagne, le groupe a d'ailleurs largement évolué.

Parmi les joueuses qui s'imposent progressivement, on peut citer Georgia Stanway et Keira Walsh au milieu de terrain, deux joueuses que l'on pourraient retrouver régulièrement au cœur du jeu anglais en compagnie de leur coéquipière à Manchester City, l'expérimentée Jill Scott. Des automatismes qui pourraient avoir leur importance dans un milieu de terrain anglais touché par les blessures.

 

Une sélection diminuée par les blessures

Indispensable dans l'entrejeu britannique, Jordan Nobbs avait été victime d'une blessure au genou gauche à l'automne dernier, et avait été la première joueuse de renom à devoir déclarer forfait pour le Mondial. La lyonnaise Izzy Christiansen avait également dû jeter l'éponge suite à une blessure à la cheville lors de la dernière SheBelieves Cup.

Véritable force de l'Angleterre lors des derniers tournois majeurs, le milieu de terrain des Lionesses semble aujourd'hui moins impressionnant, avec moins d'options disponibles pour Phil Neville sur le banc. L'incertitude plane également pour certaines joueuses de la sélection comme Karen Bardsley, la gardienne des Lionesses régulièrement touchée par des pépins physiques depuis le dernier Euro. C'est également le cas de Fran Kirby, gênée cette saison par des blessures au genou.

L'Angleterre dispose des ingrédients, mais l'Euro 2017 avait montré que cela pouvait ne pas être suffisant. Après une première partie de tournoi parfaitement maîtrisé, les Lionesses avaient lourdement chuté (3-0) face aux futures championnes d'Europe néerlandaises.

Plus récemment, les défaites en amical face au Canada (0-1) ou ce week-end face à la Nouvelle-Zélande (0-1) a montré que l'Angleterre pouvait se retrouver en difficulté, face à des équipes qui lui laissait l'initiative du jeu. Des bémols qui n'empêchent pas aujourd'hui l'Angleterre d'apparaître comme l'une des plus sérieuses prétendantes à la victoire finale.

 

Le Japon laisse la pression aux Anglaises

C'est d'ailleurs presque un paradoxe. Finaliste du dernier Mondial, après avoir éliminé l'Angleterre en demi-finale, le Japon est aujourd'hui rejeté dans un deuxième cercle. Une position presque confortable pour l'une des sélections références sur la scène internationale. Pour le Japon, le « cycle » actuel se vit peut-être différemment des autres équipes, avec dans la foulée du Mondial, des Jeux Olympiques qui se dérouleront à domicile du côté de Tokyo.

Les Nadeshiko remontent progressivement la pente après avoir manqué la qualification pour les J.O de Rio, un échec qui avait précipité le départ du sélectionneur Norio Sasaki. Ancienne internationale et première femme à la tête de l'équipe japonaise, Asako Takakura a multiplié les essais, avec des résultats décevants dans un premier temps avant d'être récompensé en 2018 où le Japon remporte la même année la Coupe d'Asie des Nations face à l'Australie et les Jeux Asiatiques face à la Chine, les deux équipes qui avaient privé le Japon de J.O en 2016.

 

Place aux jeunes

Ancienne coach des U17 et des U20 japonaises, Takakura a eu notamment pour tâche d'intégrer des jeunes générations qui comptent actuellement parmi les meilleures de la planète aux côtés de pays comme l'Espagne, la Corée du Nord ou la France. Parmi les joueuses qui ont sauté le pas avec réussite, on peut notamment citer Yui Hasegawa, véritable perle au milieu de terrain.

Dans la sélection japonaise, elles sont 8 joueuses à avoir remporté un titre en jeunes, soit en U17 (2014) soit en U20 (2018), voire les deux ! Une jeunesse qui peut être l'une des sources de fragilité de la sélection japonaise avec la majorité de la sélection agée de 23 ans ou moins, et une poignée de sélections en A pour la plupart de ces jeunes Nadeshiko.

Le Japon dispose malgré tout de joueuses très expérimentées parmi lesquelles la capitaine nippone, Saki Kumagai, quadruple-championne d'Europe en club avec l'Olympique Lyonnais, et capable d'exceller aussi bien en défense centrale (son poste en sélection) qu'au milieu de terrain. Parmi les joueuses à suivre, on peut notamment citer Emi Nakajima au milieu de terrain, et le duo Mana Iwabushi – Kumi Yokoyama en attaque.

 

=> [Coupe du Monde 2019] Mana Iwabuchi, des étincelles plein les pieds

 

L’Écosse peut se mêler à la lutte

Pour ses débuts dans le Mondial, l’Écosse va retrouver une vieille connaissance à Nice. Un duel vieux comme le foot avec un match face à l'Angleterre. Cette présence de l’Écosse dans ce Mondial est en partie le reflet d'un football britannique en plein essor, à l'image du Pays de Galles et de l'Irlande qui ont également fait bonne figure lors des éliminatoires.

Les joueuses de Shelley Kerr écrivent aujourd'hui une nouvelle page de leur histoire, en espérant qu'elle ait une autre tournure que leur première participation à un Euro, il y a deux ans aux Pays-Bas. L’Écosse privée des indispensables Kim Little et Jennifer Beattie avait subi un cinglant 6-0 face aux Anglaises, avant de sortir du tournoi dès le premier tour.

Deux ans plus tard, les joueuses britanniques semblent en mesure de faire bonne figure. Parmi les 23, on retrouve quelques unes des meilleures joueuses du championnat anglais, parmi lesquelles Erin Cuthbert, auteure d'une saison remarquable sous les couleurs de Chelsea, avec notamment des buts en Champions League face à l'OL et le PSG.

Pour son premier Mondial, l’Écosse compte dans ses rangs des joueuses qui ont connu le très haut niveau, à commencer par Kim Little, la milieu de terrain d'Arsenal qui constitue l'une des références actuelles du football britannique. On peut citer Jennifer Beattie, régulièrement titulaire en défense centrale du côté de Manchester City, de même que Caroline Weir au milieu de terrain, également Cityzen et qui fait partie des joueuses d'avenir de la sélection du Chardon.

 

L'Argentine ne veut pas manquer son retour

Si l’Écosse peut rêver d'une place en 1/8e de finale, les affaires semblent plus complexes pour l'Argentine. Un retour de l'Albiceleste sur la scène internationale qui participe d'un renouveau du football féminin dans le pays, avec notamment la création d'un championnat professionnel pour la saison prochaine.

La dernière participation de l'Argentine en 2007 avait été l'occasion d'un triste record, avec la plus large défaite subie dans un Mondial (11-0) face à l'Allemagne, future championne du Monde. Douze ans plus tard, une telle déroute semble peu probable avec une équipe sud-américaine dispose d'arguments notamment dans le domaine offensif.

Parmi les joueuses qui pourraient s'illustrer, on peut bien évidemment citer Estafania Banini, passée par la NWSL américaine et qui évolue désormais à Levante. Numéro 10 et capitaine de l'Albiceleste, elle est capable de se servir des petits espaces pour initier des actions de grande classe, comme elle le montre régulièrement en Liga espagnole.

Cette Coupe du Monde sera également l'occasion de retrouver dans un contexte différent Sole Jaimes qui a disposé de peu de temps de jeu depuis son arrivée à Lyon durant l'hiver. Reste que l'Argentine apparaît comme l'une des équipes les plus modestes de ce Mondial. Des limites qui se cumulent avec une adversité forte et un groupe dans lequel les joueuses sud-américaines devront batailler pour pouvoir développer leur football.

 

Photo: AP / Mike Carlson

 

Les équipes du Groupe D :

 

Angleterre

Classement FIFA: 3e

Participation en Coupe du Monde: 5e participation

Dernière participation : 2015 (Troisième)

Meilleur résultat : Troisième (2015)

Capitaine : Steph Houghton (Manchester City / Angleterre)

Comment se sont-elles qualifiées ? Vainqueures du groupe 1 de qualification dans la zone UEFA

 

Japon

Classement FIFA: 7e

Participation en Coupe du Monde: 8e participation

Dernière participation : 2015 (Finaliste)

Meilleur résultat : Vainqueur (2011)

Capitaine : Saki Kumagai (Olympique Lyonnais / France)

Comment se sont-elles qualifiées ? Vainqueures de la Coupe d'Asie des Nations 2018

 

Écosse

Classement FIFA: 20e

Participation en Coupe du Monde:  1re participation 

Dernière participation : /

Meilleur résultat : /

Capitaine : Rachel Corsie (Utah Royals / États-Unis)

Comment se sont-elles qualifiées ? Vainqueures du groupe 2 de qualification dans la zone UEFA

 

Argentine

Classement FIFA: 37e

Participation en Coupe du Monde: 3e participation

Dernière participation : 2007 (1er tour)

Meilleur résultat : 1er tour (2003 et 2007)

Capitaine : Estafania Banini (Levante / Espagne)

Comment se sont-elles qualifiées ? Vainqueures du barrage inter-Amériques face au Panama

 

Groupe DLe programme des rencontres :

AngleterreÉcosse (9 juin, 18h – Allianz Riviera, Nice)

Argentine – Japon (10 juin, 18h – Parc des Princes, Paris)

JaponÉcosse (14 juin, 15h – Roazhon Park, Rennes)

AngleterreArgentine (14 juin, 21h – Stade Océane, Le Havre)

Japon – Angleterre (19 juin, 21h – Allianz Riviera, Nice)

ÉcosseArgentine (19 juin, 21h – Parc des Princes, Paris)

Hichem Djemai