Avant la Coupe du Monde, Cœurs de Foot vous fait (re)découvrir quelques unes des joueuses majeures de la planète football. Elles sont attendues pour mener leur équipe le plus loin possible dans ce Mondial 2019 disputé en France et seront suivies de près à chacune de leurs sorties dans ce tournoi.

Si le Japon apparaît comme un outsider plus qu'un véritable favori dans ce Mondial, une joueuse semble pouvoir mener les Nadeshiko vers le sommet. À 26 ans, Mana Iwabuchi fait partie des attaquantes les plus spectaculaires de la planète, capable de s'infiltrer dans n'importe quelle défense tout en se montrant décisive face au but.

 

En 2011, le Japon remporte la Coupe du Monde en Allemagne, le premier titre des Nadeshiko au terme d'une finale haletante face aux États-Unis. Mana Iwabuchi était déjà présente lors de ce match, vécu pour l'essentiel depuis le banc de touche avant de rentrer en jeu pour la dernière minute de la prolongation. Le Japon l'emporte ensuite aux tirs au but (2-2, 3-1 tab), et Iwabuchi devient championne du Monde à 18 ans.

 

Faire la différence sortie du banc

Par la suite, l'attaquante japonaise va conserver en sélection ce rôle de joueuse sortie du banc. Elle fait régulièrement son entrée lors des Jeux Olympiques de Londres (2012), et pendant la Coupe du Monde au Canada (2015), deux tournois majeurs au cours desquels les Nadeshiko montent sur la deuxième marche du podium.

C'est notamment lors de du Mondial 2015 qu'Iwabuchi crève définitivement l'écran dans son rôle de supersub. En quart de finale, elle inscrit le but de la victoire en toute fin de match face à l'Australie (1-0), au terme d'un véritable de fer entre deux équipes qui ont l'habitude de se disputer les trophées sur la scène continentale. En demi-finale, l'entrée d'Iwabuchi participe également à renverser la tendance face à l'Angleterre, parvenue à étouffer le Japon avec son pressing tout terrain avant de céder dans les arrêts de jeu.

La jeune attaquante japonaise n'est plus une figurante, et semble soudain incarner les promesses vues en elle, lorsqu'elle remportait le titre de meilleure joueuse de la Coupe du Monde des moins de 17 ans en 2008. À l'époque, des comparaisons fleurissent avec son idole et modèle, le phénomène argentin du FC Barcelone masculin, Lionel Messi. Loin de passer inaperçues, ses qualités l'ont déjà amené loin du Japon, avec plusieurs saisons en Allemagne à Hoffenheim, puis au Bayern Munich avec lequel elle remporte deux Bundesliga en 2015 et 2016.

 

Des blessures qui retardent son explosion

Pourtant, la trajectoire de Mana Iwabuchi ne se révèle pas linéaire. Minée par les blessures, notamment au genou droit, elle prend la décision de quitter l'Allemagne alors qu'elle est encore sous contrat au Bayern et que son temps de jeu se réduit de plus en plus. À l'époque, elle met en avant un besoin de changer de contexte pour éviter que sa carrière ne s'arrête trop tôt, sabotée par les pépins physiques.

Des blessures qui aujourd'hui n'ont pas fini de la tourmenter. En effet, la numéro 10 japonaise a manqué les déplacements de l'équipe japonaise ces derniers mois, avec la SheBelieves Cup et des matches amicaux face à la France et l'Allemagne. Des absences qui entourent de mystère son véritable état de forme à l'approche du Mondial.

Alors que les meilleurs talents affluent de plus en nombreux vers les grands clubs européens, Mana Iwabuchi fait le choix au printemps 2017 de rentrer au Japon pour se relancer. Elle explique alors que retrouver la pleine possession de ses moyens lui paraissait plus important que de tenter de remporter des titres en Europe, dont la prestigieuse Champions League.

 

2018, année du retour en grâce

Cette décision a probablement favorisé le retour de Mana Iwabuchi à son meilleur niveau, elle qui est désormais devenue une joueuse majeure de la sélection japonaise. Une influence qui s'est notamment vue lors de la dernière Coupe d'Asie des Nations en 2018, où les Nadeshiko sont parvenues à déjouer les pronostics qui annonçaient une victoire australienne.

Dans ce tournoi, l'équipe japonaise a d'abord brillé par son jeu collectif (aussi bien en attaque que défensivement), mais elle s'est également appuyée sur les qualités de Mana Iwabuchi. Sur ses prises de balle, elle se montre capable d'éliminer plusieurs joueuses, transpercer les lignes adverses et déstabiliser à elle-seule les défenses. Cet alliage d'explosivité et d'une technique balle au pied hors du commun lui a logiquement valu le prix de MVP de la Coupe d'Asie, ayant largement contribué au triomphe de son équipe.

Avec une équipe renouvelée et ouverte aux nouvelles générations, Mana Iwabuchi fait désormais figure de cadre aux côtés de joueuses plus expérimentées comme Saki Kumagai ou Aye Sameshima. Un leadership qu'elle assume déjà avec succès, alors que ses performances sur le terrain devraient donner des indications plus précises sur les ambitions des vice-championnes du monde japonaises dans ce Mondial.

 

=> [Coupe du Monde 2019] Retrouvez la présentation du Groupe D (Angleterre / Japon / Écosse / Argentine)

 

Photo: AFC

Hichem Djemai