Après la victoire des États-Unis face au Chili, nous avons échangé avec Tierna Davidson, double-passeuse décisive dans ce match. À 20 ans, la défenseure américaine a vécu son premier match en Coupe du Monde devant un Parc des Princes comble, un moment particulier dont elle parle avec un calme déconcertant.

 

« Je pense que ce qui était formidable dans ce match, ce que nous avons montré la profondeur de notre sélection. Avec un peu de réussite, cela peut être un long tournoi pour nous et cette profondeur est importante, au même titre que la qualité des joueuses de l'équipe.

Cela peut nous rendre redoutables, parce que nous n'avons pas que 11 joueuses, mais une vingtaine qui peuvent toutes contribuer. Donc, plus que le score final, il était important de faire la démonstration de cette profondeur. »

 

Aujourd'hui, sur les trois buts, deux ont été inscrits sur coups de pieds arrêtés. Vous avez frappé les corners sur les deuxième et troisième but aujourd'hui. Est-ce que c'était un aspect sur lequel vous aviez particulièrement travaillé avant le match ?

« De manière générale, l'équipe cherche toujours à tirer partie des coups de pied arrêtés. Ce genre de matches peuvent se jouer par un but d'écart, et cela rend les coups de pied arrêtés importants. Sur ce match en particulier, nous savions qu'elles joueraient regroupées en défense, et que ce serait peut-être plus difficile de se créer des occasions franches dans le jeu.

Dans la surface, il y a beaucoup de joueuses, de ballons déviés... Donc, on savait que les coups de pied arrêtés seraient essentiels, d'autant plus avec les joueuses d'envergure dans l'équipe aujourd'hui. Et on a essayé de mettre de la qualité sur ces phases de jeu. »

 

Aujourd'hui, c'était votre premier match en Coupe du Monde. Est-ce que vous avez eu le temps de réaliser pendant le match ?

« Oui, je pense... Peut-être les dix secondes avant le début du match [avec le compte à rebours], je regardais autour de moi, le stade rempli avec quelques chants qui résonnaient dans les tribunes. J'étais... wow... et puis le coup de sifflet a retenti et je suis rentré dans le match. »

 

Vous êtes une jeune joueuse (20 ans), et votre parcours montre une des différences entre l'Europe et les États-Unis, puisque vous avez commencé à jouer régulièrement en équipe nationale, avant même de jouer en NWSL (le championnat des États-Unis). Qu'est-ce que cela change, notamment lorsque l'on se prépare pour une Coupe du Monde ?

« Je pense que connaître une expérience en football universitaire m'a été extrêmement utile. J'ai eu la chance de faire partie d'une équipe de grande qualité [Le Stanford Cardinal, avec qui elle a notamment remporté le championnat universitaire (NCAA) en 2017, ndlr].

Il y a des aspects bénéfiques en Europe, de pouvoir commencer à jouer plus jeune, avec des contrats professionnels. En ce qui me concerne, je dois beaucoup de mon succès aux entraîneurs et à mes coéquipières lorsque j'étais plus jeune, et je me sens privilégiée d'avoir pu grandir dans un environnement avec un fonctionnement hybride pour le football. »

 

D'autre part, malgré votre jeune âge, et le fait que ce soit votre premier Mondial, vous comptez déjà une vingtaine de sélections [la première en janvier 2018], une situation qui est rendue possible par le fait que l'équipe des États-Unis, peut jouer 15-20 matches dans l'année. Cela vous offre déjà une solide expérience....

« Oui, avec le soutien de la fédération, nous avons l'opportunité de jouer beaucoup de matches dans l'année, et je pense que c'est très important. Pas simplement pour rencontrer d'autres équipes, mais pour apprendre à jouer en tant qu'équipe, et apprendre à mieux gérer les hauts et les bas que nous devons traverser en tant que groupe. Et oui, plus on peut jouer de matches, mieux c'est. »

 

Photo: AP

Hichem Djemai