A mi-parcours, la D2 offre deux groupes aux physionomies complètement différentes. Dans le groupe B, Yzeure mène la danse au terme d'une première partie de saison remarquable, toujours invaincu après 12 rencontres. L'occasion de découvrir la formule gagnante du club de l'Allier.

 

Avant le début de saison en D2, le groupe B semblait impressionnant sur le papier, il est aujourd'hui de plus en plus surprenant. Plus belle des surprises à la trêve, celle de voir Yzeure et Vendenheim venir se mêler à la lutte dans la course à la montée.

 

Yzeure, habitué du haut de tableau

Sans complexe, ces deux équipes sont parvenues à malmener Saint-Étienne et l'Olympique de Marseille, et occuper à la trêve les deux premières places au classement de ce groupe B, devant l'ASSE, l'OM et Albi, soit les trois dernières équipes du groupe B à être descendues de D1.

Pour Yzeure, cette première place n'était pas forcément l'objectif en début de saison. Depuis sa descente en D2 en 2014, Yzeure a régulièrement joué les premiers rôles, même si les deux dernières saisons ont été moins favorables sur le plan comptable. L'an dernier, Yzeure partageait la tête après huit journées, avant de décrocher du haut de tableau et de finir à la 6e place.

Comme nous l'expliquait l'entraîneur d'Yzeure, Dominique Morabito, des blessures avaient alors touché des joueuses cadres de l'équipes. Ajoutées à quelques suspensions, cela avait pesé sur un effectif limité et qui a donc accusé le coup dans cette période plus difficile. Après avoir tenu tête à Dijon, Yzeure se retrouvait mi-janvier à dix points des futures promues, éloignant rapidement les joueuses de l'Allier de la lutte pour la montée.

Cette saison, Yzeure est en tête à la trêve, avec un point d'avance sur Vendenheim et Saint-Étienne, trois sur l'OM, et un match en retard à Ambilly. Programmé juste avant les fêtes, il aura finalement lieu en 2019. En plus de la première place, Yzeure reste la seule équipe invaincue du groupe, avec 9 victoires et 3 nuls, à chaque fois en revenant de l'arrière face à Montauban, Saint-Étienne et Vendenheim.

 

Ophélie Meilleroux, cheville ouvrière du club auvergnat

Pour sa deuxième saison à la tête de l'équipe d'Yzeure, Dominique Morabito peut compter sur Ophélie Meilleroux. L'ancienne internationale tricolore fait figure de véritable couteau suisse au sein du club, puisqu'elle est à la fois joueuse, entraîneure-adjointe et manager générale de l'équipe. Différents rôles qu'elles occupent à titre bénévole à côté de son travail et qui lui permettent « d'apprendre tous les jours » en attendant de pouvoir passer prochainement ses diplômes d'entraîneure.

Un rôle de manager générale qui la place en charge du recrutement depuis l'été dernier où elle a pu faire venir plusieurs joueuses issues de clubs de D1 comme Alizée Nadal, dans les buts et qui selon Dominique Morabito, a d'ores et déjà fait « gagner des points » à son équipe. Un mercato réussi qui a permis de compenser les départs, comme celui de Sarah Chalabi qui a rejoint Rodez ou Alice Benoit partie pour le Paris FC.

Pour Ophélie Meilleroux, il s'agissait de se « renforcer sur toutes les lignes » mais aussi de « recréer un groupe » et ne pas simplement se reposer sur « quelques individualités » comme cela avait pu être le cas précédemment. Un mercato censé permettre à Yzeure de pouvoir « jouer le haut de tableau » et plus largement de répondre à un « besoin de renouveau » du groupe, pour pouvoir trouver une nouvelle dynamique.

 

Le collectif comme force première

Sur le terrain, Dominique Morabito met en avant la force de son collectif, illustrée à la fois par sa solidité défensive mais aussi le fait que l'équipe ne compte pas sur une ou deux joueuses pour faire trembler les filets. Julie Berger, Élise Courel ou encore Candice Pognat sur penalty, les buts décisifs pour Yzeure sont rarement inscrits par les mêmes joueuses d'un match sur l'autre.

Une force collective éprouvée également sur la pelouse de l'OM, peut-être un premier tournant cette saison, avec la défaite de Marseille (1-2). Un résultat dont les Olympiennes ne se sont pas encore remises, ne gagnant plus en championnat depuis cette rencontre (deux matches perdus et un nul), avant d'être sorties en Coupe de France par Avignon, qui évolue à l'échelon régional.

 

=> Julie Berger (FF Yzeure) : « Ne pas trop penser au futur »

 

Pour Yzeure, le déclic a peut-être eu lieu avant ce choc face à Marseille. Le coach yzeurien évoque notamment les matches face à Grenoble et Nancy au mois d'octobre dernier. Deux parties redoutées par Yzeure, et dans lesquelles les joueuses de l'Allier sont à chaque fois parvenues à l'emporter. Dominique Morabito évoque notamment un « gros match à Grenoble » et qui a peut-être permis de faciliter le travail pour les matches suivants.

Des résultats que le coach d'Yzeure lie également au travail réalisé ces derniers mois, avec un staff technique étoffé, qui compte désormais quatre personnes, dont un préparateur physique (Aurélien Thomas) et un entraîneur des gardiennes (Gilles Noyer). Cela permet un meilleur encadrement des joueuses, que ce soit au moment des entraînements, mais également pouvoir mieux utiliser des outils comme la vidéo après chaque match.

 

Un calendrier favorable pour la fin de saison

Tout en restant une équipe amateure, Yzeure s'adapte donc pour pouvoir continuer à jouer les premiers rôles en D2, ce qui reste l'objectif principal du club. Pour la D1, Dominique Morabito se montre plus prudent, estimant que la saison reste encore longue avec un rendez-vous crucial dès le 13 janvier prochain face à Saint-Étienne.

De son côté, Ophélie Meilleroux nous explique que l'objectif a également été que l'équipe prenne conscience de son potentiel, et de ne pas se fixer de limites. Cette première partie de saison a permis « d'ouvrir les yeux » à beaucoup de joueuses, et même si la montée est loin d'être acquise, leur montrer qu'elles « sont capables de le faire », notamment après leur victoire à Marseille.

Une deuxième partie de saison favorable pour Yzeure qui va recevoir dans l'Allier tous ses adversaires directs pour la montée, mais qui n'empêche pas Dominique Morabito d'avoir un discours mesuré pour la suite. Pour lui, ce serait même un « manque d'humilité » de parler de montée à ce stade de la saison.

 

Continuer sur sa lancée

Parmi les sources d'incertitude, le mercato hivernal et la possibilité pour l'OM et Saint-Étienne de se renforcer au mois de janvier, des clubs qui s'appuient sur des budgets plus conséquents qu'Yzeure. Côté résultats, le match face aux Vertes sera déjà décisif, mais également voir la position des Auvergnates après avoir joué leur match en retard face à Ambilly.

Pour le moment, l'objectif est de réaliser « une deuxième partie [de saison] aussi belle que la première » et « garder l’invincibilité » le plus longtemps possible. Conscient qu'un revers pourrait survenir, Dominique Morabito se veut attentif à la réaction du groupe et la manière de « gérer la première défaite ». Ne pas s'écrouler à la manière de Marseille ou de manière encore plus spectaculaire à l'instar de Grenoble.

Une prudence qui côtoie une volonté de rester « ambitieux », gardant en tête que dans un football féminin qui se professionnalise, la question des moyens prend une importance grandissante dans les résultats sportifs des équipes qui se présentent au départ. Yzeure veut donc continuer sur sa lancée, profitant de sa réussite et en évitant pour le moment les calculs.

 

Photo: Fan Page FFYAA équipe D2 / Facebook

Hichem Djemai