Champions du Monde en titre, les États-Unis entament la compétition avec un groupe qui semble largement abordable, malgré la présence de la Suède, devenue ces dernières années une épine dans le pied américain. Un premier tour où l'on attend les débuts du Chili de Christiane Endler, dans un groupe où l'on retrouvera également l'équipe de Thaïlande.

 

Avec trois titres en Coupe du Monde (record de la compétition), dont le dernier obtenu en 2015, les États-Unis font partie des candidats naturels à leur propre succession. Pourtant, l'équipe numéro une mondiale n'apparaît pour le moment que comme une candidate parmi d'autres.

Depuis les Jeux Olympiques de Rio, et une élimination précoce en quart de finale, Jill Ellis, la sélectionneuse américaine, a multiplié les essais, avec des choix qui ont parfois dérouté les observateurs, et provoquant même quelques appels à la démission de la part de certains supporters. Plusieurs défaites historiques ont même fragilisé le prestige des États-Unis qui reste le pays phare du football féminin.

 

États-Unis : Les grands travaux de Jill Ellis

En 2017, la sélection américaine s'incline pour la première fois face à l'Angleterre puis l'Australie, et subit un cinglant 3-0 face à l'équipe de France. Des résultats qui alarment d'autant que les deux tournois amicaux organisées à domicile, la SheBelieves Cup et le Tournoi des Nations, ne sont pas remportés par les États-Unis.

Avec le recul, cette période correspond à celles des essais qui vont participer à façonner l'équipe qui se présente aujourd'hui pour ce Mondial. C'est notamment le cas pour des joueuses comme Rose Lavelle, abondamment utilisée en sélection, ou encore Samantha Mewis, une autre milieu de terrain progressivement incorporé au groupe américain. Dans les buts, Ellis prépare l'après Hope Solo, suspendue plusieurs mois par la fédération US, ouvrant un conflit qui n'est toujours pas réglé entre la gardienne et l'USSF.

En défense, Ellis avait progressivement écarté Meghan Klingenberg, alors titulaire côté gauche, tandis que Julie Ertz (Johnston) est de son côté reconvertie en milieu de terrain après avoir brillé au Mondial 2015 en défense centrale. Jill Ellis transforme les pelouses en véritable laboratoire, alors que la sélection américaine dispose du luxe de jouer entre 15 et 20 matches par an.

Dans quelle mesure ces essais auront permis d'être prêtes le jour J ? La réponse devra attendre les premières prestations des États-Unis, mais toujours est-il que les choix de Jill Ellis continuent d'interpeller. Le plus frappant est celui de reconvertir Crystal Dunn en latérale, elle qui faisait partie des meilleures attaquantes de NWSL, au moment de son intégration en équipe nationale.

 

Une attaque de feu ?

Une polyvalence testée en permanence pour tenter de trouver la bonne formule, notamment en défense, avec une forteresse américaine qui semble désormais moins imprenable, comme on a pu le voir face à la France ou l'Australie ou encore lors de la SheBelieves Cup en mars dernier. Dans les buts, l'ombre d'Hope Solo plane encore, avec une Alyssa Naeher comparée en permanence à son illustre prédécesseure.

À l'inverse, le secteur offensif américain reste impressionnant, avec l'immense Carli Lloyd, triple-buteuse en finale du dernier Mondial, qui se retrouve reléguée sur le banc. Un choix qui semble presque logique alors que les États-Unis dispose d'une ligne d'attaque non moins redoutable, avec l'association de Megan Rapinoe, Tobin Heath et Alex Morgan en pointe.

Rapinoe et Heath, deux profils créatifs pour accompagner Alex Morgan qui a passé cette année le cap des 100 buts en sélection. Des chiffres qui parlent forcément pour les championnes du Monde, avec une moyenne de 80 sélections par joueuse, et déjà 50 capes pour Mallory Pugh qui vient de fêter ses 21 ans.

 

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La Suède peut-elle enrayer la machine américaine ?

Pour ce premier tour, les États-Unis vont retrouver une vieille connaissance. Depuis 1991 et la première Coupe du Monde, les deux équipes se rencontrent régulièrement dans les grands tournois. Les trois dernières confrontations n'ont pas vraiment été une réussite pour les joueuses américaines, éliminées aux tirs au but en quart de finale des derniers Jeux Olympiques.

En argent à Rio, la Suède est rentrée dans le rang lors du dernier Euro, un tournoi suivi de la dernière révérence de l'immense Lotta Schelin, l'une des meilleures attaquantes européennes de ces 15 dernières années. La Suède semblait même en position de manquer le Mondial, versée dans le même groupe de qualifications que le Danemark, vice-champion d'Europe.

Une campagne de qualifications finalement réussie « profitant » en partie du conflit entre les joueuses danoises et leur fédération. En partie seulement, avec une victoire et un but décisif de la Montpelliéraine Sofia Jakobsson au Danemark l'été dernier.

 

Du renouveau et des vétérans

La Suède au rendez-vous, avec l'émergence de Kosovare Asllani en potentielle métronome du jeu scandinave.Joueuse à la qualité technique éprouvée, Asllani a aussi régulièrement donner l'impression de performer en deçà de son véritable potentiel. À bientôt 30 ans, elle est une leader attendue dans le secteur offensif suédois, après avoir également terminé meilleure buteuse de la Suède en qualifications.

Une attaque suédoise dans laquelle émerge Mimmi Larsson, l'attaquante de Linköpings qui pourrait disputer une place de titulaire en pointe à sa coéquipière en club, l'ex-montpelliéraine Stina Blackstenius. Deux joueuses qui incarnent le renouveau de la Suède ces dernières années, de même que Fridolina Rolfö, auteure d'une saison remarquée sous les couleurs du Bayern.

Pour passer le cap du premier tour, la Suède peut également compter sur ses internationales expérimentées, à l'image d'Hedvig Lindahl, qui à 36 ans, fait partie des meilleures gardiennes de la planète. Une équipe qui dispose également d'un secteur défensif riche, avec des joueuses comme l'immense Nilla Fischer, la Montpelliéraine Linda Sembrant ou encore Magadalena Eriksson qui continue de progresser sous le maillot de Chelsea.

 

Chili : Endler, l'imposant rempart de la Roja

Comme une partie des joueuses suédoises, Christiane Endler jouera en France dans un univers désormais familier. Dans les buts du Paris Saint-Germain, la capitaine chilienne a confirmé qu'elle fait aujourd'hui partie des meilleures gardiennes actuelles au niveau international. Des qualités qu'elle a également mis à contribution, souvent décisive pour aider son pays à se qualifier pour son premier Mondial.

Une performance rendue possible avec une Copa América 2018 disputée à domicile. La désignation du Chili au printemps 2017 pour l'organisation de la compétition avait permis de relancer une équipe nationale laissée en jachère. Depuis, le Chili a montré qu'il devait être pris au sérieux, parvenant notamment à s'imposer en Australie à l'automne dernier, infligeant aux Matildas leur première défaite à domicile depuis 2014.

Un arbre qui ne doit pas cacher la forêt, avec des résultats moins flatteurs en 2019, et des Chiliennes qui n'ont pas encore remporté le moindre match. Parmi les joueuses qui pourraient briller, on peut citer Yanara Aedo, l'attaquante de poche de Valence et qui fait partie des joueuses chiliennes à évoluer en Liga Espagnole, à l'instar des deux milieux de terrains du FC Séville Karen Araya et Francisca « Pancha » Lara.

 

La Thaïlande en simple figurant ?

Si la marche semble haute pour le Chili, le constat est également valable pour la Thaïlande. Les joueuses d'Asie s'apprêtent à disputer leur deuxième Mondial, et concluent leur préparation avec une seule victoire en 2019, face à la modeste Hongrie lors de la dernière Cyprus Cup. Des difficultés qui contrastent avec l'impression plus positive laissée lors de la dernière Coupe d'Asie, où la Thaïlande avait notamment tenu tête à l'Australie, cédant aux tirs au but lors des demi-finales du tournoi.

Avec une entrée en matière face aux États-Unis, la Thaïlande va débuter par une véritable épreuve du feu, après avoir encaissé 18 buts lors de ses 5 dernières sorties. Un match particulier pour l'avant-centre thaïlandaise, Suchawadee Nildhamrong, bi-nationale et native de Californie.
Parmi les joueuses qui pourraient se mettre en valeur dans ce tournoi, on peut citer Taneekarn Dangda, ou encore la capitaine Kanjana Sung-Ngoen, auteure d'une prestation positive face à l'équipe de France en amical. Pourtant difficile de pronostiquer une issue positive pour la Thaïlande, dans un groupe qui semble promis à un duel au sommet entre les États-Unis et la Suède.

 

Photo: US Soccer

 

Les équipes du Groupe F :

États-Unis

Classement FIFA: 1er

Participation en Coupe du Monde: 8e participation

Dernière participation : 2015 (Vainqueur)

Meilleur résultat : Vainqueur (1991, 1999, 2015)

Co-capitaines : Carli Lloyd (Sky Blue / États-Unis), Alex Morgan (Orlando Pride / États-Unis) et Megan Rapinoe (Seattle Reign / États-Unis)

Comment se sont-elles qualifiées ? Vainqueures de la Coupe de la CONCACAF (Gold Cup) 2018

 

Suède

Classement FIFA: 9e

Participation en Coupe du Monde: 8e participation

Dernière participation : 2015 (huitième de finale)

Meilleur résultat : Finaliste (2003)

Capitaine : Caroline Seger (FC Rosengard / Suède)

Comment se sont-elles qualifiées ? Vainqueures du groupe 4 de qualification dans la zone UEFA

 

Thaïlande

Classement FIFA: 34e

Participation en Coupe du Monde: 2e participation

Dernière participation : 2015 (premier tour)

Meilleur résultat : Premier tour (2015)

Capitaine : Kanjana Sung-Ngoen (Bangkok FC / Thaïlande)

Comment se sont-elles qualifiées ? Demi-finaliste de la Coupe d'Asie des Nations 2018

 

Chili

Classement FIFA: 39e

Participation en Coupe du Monde: 1re participation

Dernière participation : /

Meilleur résultat : /

Capitaine : Christiane Endler (Paris Saint-Germain / France)

Comment se sont-elles qualifiées ? Deuxièmes de la Copa América 2018

 

Groupe FLe programme des rencontres :

ChiliSuède (11 juin, 18h – Roazhon Park, Rennes)

États-UnisThaïlande (11 juin, 21h – Stade Auguste-Delaune, Reims)

SuèdeThaïlande (16 juin, 15h – Allianz Riviera, Nice)

États-Unis – Chili (16 juin, 18h – Parc des Princes, Paris)

Suède États-Unis (20 juin, 21h – Stade Océane, Le Havre)

Thaïlande – Chili (20 juin, 21h – Roazhon Park, Rennes)

Hichem Djemai