Avant la Coupe du Monde, le groupe B apparaît comme l'un des plus incertains de ce premier tour. On y retrouve une Allemagne en manque de repères, une Espagne à la recherche de son premier exploit international, tandis que la Chine et l'Afrique du Sud tenteront également de jouer leur carte.

 

La capacité à rebondir, c'est un art que maîtrise parfaitement la Nationalmannschaft. Lors du dernier Mondial au Canada, l'Allemagne s'était miraculeusement sortie de son quart-de-finale face à la France, avant de terminer à la quatrième place du tournoi, battue par les États-Unis puis par l'Angleterre dans le match pour la 3e place.

 

L'Allemagne bousculée sur la scène européenne

Un tournoi qui laissait pressentir la fin de la suprématie allemande sur le continent européen, avec un nombre croissant d'équipes capables de bousculer les double-championnes du Monde. Quatre ans plus tard, le constat est d'autant plus frappant après la victoire des Pays-Bas à l'Euro 2017, une compétition trustée par l'Allemagne pendant une vingtaine d'années.

Pourtant, l'Allemagne reste une équipe capable de gagner au plus haut niveau. Il ne manquait plus qu'un titre majeur au football féminin outre-Rhin, et les coéquipières de Dzsenifer Marozsan sont parties le chercher à Rio en 2016, remportant un tournoi olympique dans lequel elles n'étaient pas favorites derrière les États-Unis et un Brésil survitaminé à domicile.

L'Allemagne sait donc se servir de ses échecs, et ces derniers mois ont fait office d'opération commando. Après l'échec de l'Euro 2017, l'Allemagne est même passée proche du naufrage en qualifications, avec une défaite historique à l'automne 2017 face à l'Islande, la première depuis les années 1990 dans un match d'éliminatoires pour un Mondial. Des contre-performances qui avaient participé au limogeage de Steffi Jones au printemps 2018.

 

Un milieu de terrain 4 étoiles

Une situation qui semble désormais rétablie entre l'intérim de Hrost Hrubesch et la nomination de Martina Voss-Tecklenburg, qui dirigera l'Allemagne au Mondial, après avoir coaché la Suisse pendant les éliminatoires. Depuis le départ de Jones, l'Allemagne n'a plus perdu, 12 matches sans défaite, dont une courte victoire (0-1) face à la France fin février.

Suffisant pour postuler au titre suprême ? L'Allemagne reste malgré tout dans une phase de transition ouverte avec les retraites internationales de Melanie Behringer, Saskia Bartusiak et Annike Krahn après les Jeux, sans oublier Anja Mittag partie après l'Euro.

 

=> [Coupe du Monde 2019] Dzsenifer Marozsan : L'Allemagne compte sur sa magicienne

 

Malgré ses départs, la sélection de Martina Voss-Tecklenburg apparaît extrêmement riche, notamment au cœur du jeu où l'on attend le trio Leupolz-Däbritz-Marozsan (sans oublier Lina Magull et Linda Dallmann en jokers de luxe). Un potentiel explosif, même si l'Allemagne va devoir apporter des garanties au fil du tournoi, notamment en attaque, avec un secteur offensif rajeuni autour de la capitaine Alexandra Popp.

 

L'Espagne rêve d'un coup d'éclat

Avec son statut d'outsider, la Roja reste pour le moment une équipe qui a tout à prouver sur la scène internationale. Pour sa deuxième participation à un Mondial, l'Espagne espère passer le cap du premier tour après avoir manqué le coche au Canada. Avec son jeu fait de possession, l'équipe de Jorge Vilda s'était également cassée les dents à l'Euro. Des mouvements collectifs souvent trop stéréotypés et peu à même de déstabiliser des défenses bien organisées, même si la Roja semble avoir progressé à la fois dans sa capacité à changer de rythme mais aussi dans l'utilisation des coups de pied arrêtés.

Brillante en éliminatoires ces dernières années, l'Espagne reste encore un ton en dessous dans les grands tournois. Un cap à passer alors que les feux sont au vert de l'autre côté des Pyrénées. La sélection U17 a remporté son premier titre mondial l'automne dernier, alors que les U20 espagnoles sont parvenues en finale de la Coupe du Monde de la catégorie à l'été 2018.

 

Suivre l'exemple des jeunes

On retrouve d'ailleurs quelques unes de ces vice-championnes du monde dans la sélection pour le Mondial, avec Patri Guijarro et Aitana Bonmati, régulièrement alignées avec le Barça, de même que Lucia Garcia qui évolue avec l'Athletic Bilbao.

Le football espagnol à la fête aussi en club avec le FC Barcelone qui a atteint la finale de la Ligue des Championnes, une première pour un club de Liga. Les Blaugranas sont d'ailleurs bien représentées dans la sélection de Jorge Vilda, avec dix joueuses du Barça, dont Alexia Putellas, l'une des meilleures joueuses de Liga cette saison. Meilleure buteuse de la saison en Espagne avec l'Atlético (24 buts), l'ex-Parisienne Jennifer Hermoso est également présente dans cette sélection.

Pour le Mondial, Jorge Vilda a fait le choix de la continuité, avec une sélection enrichie de jeunes talents mais qui reste pour l'essentiel la même que pour l'Euro 2017, où il avait pris la décision controversée d'écarter Vero Boquete et Sonia Bermudez. Un effectif qui semble taillé pour passer ce cap du premier tour, avec pour le deuxième du groupe B, un potentiel 1/8e de finale face aux États-Unis.

 

La Chine en habituée des grands rendez-vous

Comme l'Allemagne, la Chine compte déjà un riche passé en Coupe du Monde, même si les Steel Roses ont vu le titre leur échapper il y a 20 ans dans une finale devenue légendaire face aux États-Unis de Mia Hamm. Pour sa septième participation dans un Mondial, les coéquipières de Wang Shuang devront batailler pour faire aussi bien qu'en 2015, avec un quart-de-finale, palier que la Chine a atteint lors de ses trois derniers Mondiaux.

La Chine montre régulièrement une capacité à passer les tours mais aussi à résister face aux meilleures équipes, comme lors du dernier Mondial face aux États-Unis ou encore aux Jeux Olympiques face à l'Allemagne. Reste que la Chine reste sur une pente descendante, désormais dans l'ombre du Japon et de l'Australie sur la scène continentale.

Une tendance qui pourrait se confirmer sur ce tournoi, même si la sélection chinoise dispose de joueuses capables de faire la différence à l'image de la milieu offensive du Paris Saint-Germain Wang Shuang, élue joueuse asiatique de l'année en 2018, et devenue le fer de lance de la sélection chinoise. Li Ying et Song Duan font également partie des joueuses attendues dans le secteur offensif des Steel Roses.

 

L'Afrique du Sud découvre le Mondial après les Jeux

Si la Chine est rompue aux grands tournois, l'Afrique du Sud poursuit son apprentissage, avec une première Coupe du Monde cette année. Les Banyana Banyana ne sont pourtant pas novices au plus haut niveau, puisqu'elles ont participé aux deux derniers tournois olympiques, en 2012 et 2016.

Les Jeux de Rio avaient participé à leur ouvrir les portes des grands championnats, notamment aux États-Unis. Dans le sillage de la capitaine sud-africaine Janine van Wyk, plusieurs joueuses ont découvert la NWSL aux États-Unis, notamment lors du passage de Vera Pauw, ex-sélectionneuse de l'Afrique du Sud et coach du Houston Dash la saison dernière.

Comme Janine van Wyk, Thembi Kgatlana a fait partie de ces joueuses venues jouer aux États-Unis. Un passage d'un an seulement, mais qui a participé à l'excellente année de la jeune attaquante sud-africaine.

 

Une progression à confirmer

Comme sa capitaine, Kgatlana fait également partie des rares joueuses à avoir provoqué une défaite du Nigeria sur la scène continentale. Un petit exploit réalisé lors de la phase de groupes de la dernière Coupe d'Afrique des Nations à l'automne 2018 au Ghana, avant de s'incliner aux tirs au but en finale face à ces mêmes Super Falcons.

Cette défaite en finale n'empêche pas l'attaquante sud-africaine d'être élue joueuse du tournoi et meilleure joueuse africaine de l'année 2018. De fait, les Banyana Banyana sont l'équipe qui monte sur la scène africaine, avec un collectif qui s'illustre d'abord sur le plan défensif. À son meilleur niveau, l'équipe sud-africaine peut se montrer hermétique, capable de rendre la tâche difficile aux meilleures sélections.

Les derniers mois ont pourtant été moins favorables pour les joueuses de Desiree Ellis, avec aucune victoire accrochée en 2019, malgré des prestations plus encourageantes en amical face à la Suède ou plus récemment aux États-Unis. Dans un rôle de challenger, l'Afrique du Sud n'a évidemment rien à perdre et pourrait à sa manière perturber la hiérarchie dans le groupe B.

 

Photo: Getty Images / DFB

 

Les équipes du Groupe B :

Allemagne

Classement FIFA: 2e

Participation en Coupe du Monde: 8e participation

Dernière participation : 2015 (demi-finaliste)

Meilleur résultat : Vainqueure (2003 et 2007)

Capitaine: Alexandra Popp (VfL Wolfsburg / Allemagne)

Comment se sont-elles qualifiées ? Vainqueures du groupe 5 de qualification dans la zone UEFA

 

Espagne

Classement FIFA: 13e

Participation en Coupe du Monde: 2e participation

Dernière participation : 2015 (premier tour)

Meilleur résultat : Premier tour (2015)

Capitaine: Irene Paredes (Paris Saint-Germain / France)

Comment se sont-elles qualifiées ? Vainqueures du groupe 7 de qualification dans la zone UEFA

 

Chine

Classement FIFA: 16e

Participation en Coupe du Monde: 7e participation

Dernière participation : 2015 (quart-de-finaliste)

Meilleur résultat : Finaliste (1999)

Capitaine: Wu Haiyan (Wuhan Jianghan University FC / Chine)

Comment se sont-elles qualifiées ? Demi-finalistes de la Coupe d'Asie 2018

 

Afrique du Sud

Classement FIFA: 49e

Participation en Coupe du Monde: 1re participation

Dernière participation : /

Meilleur résultat : /

Capitaine: Janine van Wyk (JVW / Afrique du Sud)

Comment se sont-elles qualifiées ? Finalistes de la Coupe d'Afrique des Nations 2018

 

Groupe B – Le programme des rencontres :

AllemagneChine (8 juin, 15h – Roazhon Park, Rennes)

EspagneAfrique du Sud (8 juin, 18h – Stade Océane, Le Havre)

AllemagneEspagne (12 juin, 18h – Stade du Hainaut, Valenciennes)

Afrique du SudChine (13 juin, 21h – Parc des Princes, Paris)

Afrique du Sud – Allemagne (17 juin, 18h – Stade de la Mosson, Montpellier)

Chine Espagne (17 juin, 18h – Stade Océane, Le Havre)

Hichem Djemai