En conférence de presse, Sarina Wiegman est revenue sur la victoire des Pays-Bas face à la Suède, une victoire qui permet aux Oranje d'atteindre leur première finale de Coupe du Monde, deux ans après leur titre européen

 

C'est le match le plus long que vous avez disputé mais était-ce le match le plus difficile également ? Vous avez disputé votre deuxième Coupe du Monde et ça pourrait être votre deuxième titre en 2 ans maintenant dès dimanche. Qui pourrait vous arrêter ?

(sourire gêné) Oui c'est vrai que c'était le match le plus long pour nous, nous avons du faire plusieurs changements, car Lieke Martens n'était pas en forme et nous avions besoin d'une joueuse très en forme sur le côté gauche. On a fait des ajustements de position au niveau du onze et ensuite on a fait entrer Shanice [van de Sanden, à la 70e minute] et je crois que finalement, nous avons réussi à progresser, nous avions plus de ballons. 

Qui pourrait nous arrêter ? (sourire) Les Etats-Unis bien évidement ! C'est une chance incroyable de pouvoir disputer la finale et tout peut arriver dans un match.

 

Il y a 10 ans vous pensiez ne jamais jouer dans des compétitions internationales, ensuite vous avez remporté l'Euro à domicile. Comment vous l'expliquez ?

Ce potentiel existait aux Pays-Bas, mais il n'y avait pas d'infrastructures, ce processus a débuté en 2016, les joueuses ont pu mieux s'entraîner et progresser. Lorsqu'on a la chance de disputer l'Euro et la Coupe du Monde dans sa carrière, cela renforce encore plus le développement de notre équipe. Et la plupart des joueuses jouent dans des gros clubs européens, et grâce à cela elles ont de l'expérience. Mes joueuses croient en leur talent et capacité de remporter des trophées.

 

Sur le fait qu'il y a deux femmes coachs en finale

Je suis très heureuse d'être en finale, tout comme Jill [Ellis]. Je crois que si on veut élargir, c'est une belle opportunité pour nous de progresser en tant que coach et joueuses, même au-delà du terrain, d'un point de vue sociétal. Donc il faut que nous fassions encore plus d'efforts pour nommer des femmes au plus haut poste.

Les femmes doivent avoir le courage de s'imposer et de prendre des risques pour ces postes qui leur sont accessibles.

 

Comment avez-vous vécu cette qualification en finale personnellement ? Nous avons vu vos joueuses en pleurs.

Je n'ai pas ressenti d'émotion particulière pendant ce match, peut être que ça va me submerger plus tard dans la soirée, je ne comprends pas trop ce qui se passe, on est concentré sur la victoire 

 

Coeurs de Foot - Comment vous expliquez que vos joueuses ont manqué de concentration, jusqu’en prolongations avec ce but de Jackie très réaliste sur sa frappe ?

Je ne crois pas qu'on a manqué de concentration, nous avons lutté face à des joueuses suédoises très talentueuses, c'était tendu, nous étions très brouillonnes c'est vrai, mais nous avons ajusté notre jeu au fil de la rencontre. Et au cours de la prolongation la fatigue était là, mais nous avons eu un supplément d'énergie par rapport aux Suédoises.

 

Sur la performance individuelle de Shanice van de Sanden et la plausible absence de Lieke Martens pour la finale

Elle était déçue de ne pas faire partie du onze de départ, mais même en tant que remplaçante, elle s'est comportée comme une pro, elle a accepté ma décision, et elle a tout donné quand elle est rentrée. Elle a joué d'une manière parfaite. En ce qui concerne Lieke, elle a eu du mal donc je ne sais pas comment ça va se passer pour elle aux entraînements, on verra si elle va pouvoir jouer la finale.

 

Comment avez-vous fait pour transformer ces joueuses en combattantes ?

Je crois que moi-même je suis une joueuse combattante, j'ai joué aux Etats-Unis, j'ai un grand sens du collectif, c'est important de jouer ensemble. J'ai vu cela aux Etats-Unis, notamment lors des entraînements, comment motiver une équipe, et j'adore faire ça. C'est très utile et important d'être ainsi, car je suis coach. Il faut associer l'esprit d'équipe à avoir collectivement et l'état d'esprit de combattante de ces joueuses. On joue ensemble, comme un collectif. Vous avez senti cette force ce soir.

 

Lors de votre élimination en Coupe du Monde 2015, vous aviez dit qu'il fallait se préparer pour les prochaines échéances et vous remplissez votre contrat à merveille aujourd'hui ? Comment allez-vous arrêter le bulldozer américain, qui a une vraie culture de la gagne ?

Mais les Pays-Bas sont devenus un bulldozer, nous nous sommes mis au travail et nous nous sommes transformés, la culture a changé, tout comme les mentalités, aux stades également pour soutenir les filles, par rapport aux joueuses également sur le fait de donner de soi, de faire beaucoup d'efforts, car si on veut l'emporter comme face à l'Angleterre lors de l'Euro [chez nous], il faut lutter et bien se positionner sur le terrain !

 

Photo : Manu Cahu

Dounia MESLI