En marge du stage des Bleues à Montpellier, réunies pour préparer le match face à l’Italie ce samedi au Vélodrome, nous avons rencontrés Marion Romanelli. La défenseur montpelliéraine, appelée pour la première fois en équipe de France A, revient pour Coeurs de Foot sur ses expériences avec les sélections jeunes, Montpellier, mais aussi son double projet. 

 

Hier, lors de la conférence de presse, la sélectionneuse des Bleues, Corinne Diacre a évoqué cette jeune joueuse de 21 ans, qu’elle connaît depuis les U17 en 2013, lors d’une période où Diacre a fait une petite pige de trois mois avec ces jeunes : « C’est quelqu'un qui joue peu dans son club, mais je voulais lui montrer comme à d'autres qu'on la surveille. C'est aussi lui dire : « Continue à travailler. N'hésite pas à faire encore un peu plus dans ton club. Et voilà, peut-être qu'il y aura une place, même si elle est en concurrence directe avec Marion Torrent qui aujourd'hui me donne pleinement satisfaction. » 

Corinne Diacre a également mis en avant le tempérament travailleur de cette joueuse toujours à l’écoute, « Marion Romanelli c’est sérieux, c’est travailleur, ça pose pas de problèmes. »

 

Coeurs de Foot - Marion, c’est ta première en A, en plus à Montpellier. Est-ce que tu penses que ce stage, ici, dans l’Hérault, c’est un avantage pour toi ? 

Marion Romanelli – Un avantage dans le sens où j’ai mes repères. Donc je pense que ça sera moins compliqué pour moi [pour intégrer le groupe]. Dans le sens où si ça avait été à Clairefontaine ou même un autre lieu, j’ai aucun repère, et avec le groupe non plus. Car même si je connais certaines joueuses, le contexte est complètement différent [du club]. 

 

CDF - Tu es une joueuses assez discrète. C’est l’une de tes premières interview avec un média ?

M.R. - Filmée en plus, sûrement. 

 

CDF - Ce n’est pas un exercice que tu aimes ? 

M.R. - Non pas trop. 

 

CDF - Tu es passée par toutes les sélections jeunes. Qu’est-ce que ça te fais d’évoluer au plus haut niveau avec les A ?

M.R. - Je me rends compte que ça reste complètent différent. L’ambiance générale. Ou même, juste le nom de la sélection, de voir certaines joueuses, certains visages bien anciens on va dire, qui ont l’habitude. Ça change les choses. Puis, ça n’est plus juste des joueuses de mon âge. C’est vraiment différent. 

 

CDF - Il y a des anciennes, mais aussi des nouvelles qui arrivent. C’est bien aussi de ne pas arriver seule ?

M.R. - Oui. C’est vrai que ça va, et il y a certaines joueuses de Montpellier aussi. 

 

CDF - On voudrait revenir avec toi sur la Coupe du Monde U20 en Papouasie, où tu faisais partie des joueuses qui s’y sont illustrées. Qu'est-ce que tu retiens de ce tournoi avec du recul ?

M.R. - Ça reste une grande compétition internationale, avec de grosses nations. Avec notamment la Corée du Nord qu’on a retrouvé après les U17. (La Corée a remporté la finale 3-1. Équipe que la France avait battu en finale aux tirs aux buts lors de la coupe du monde U17 en 2012).

Après, ça reste une compétition pour prendre de l’expérience. Surtout qu’à la base on était loin d’être favoris et au final on termine deuxième. Je pense qu’on a mérité cette place. 

 

« C’est en arrivant au vestiaire que les joueuses
[de Montpellier] me l’on dit. »

 

CDF - Collectivement et personnellement, tu en tires quoi de cette expérience ? Ça t’a permis de passer un cap mentalement ?

M.R. - Passer un cap, pas forcément. Après ce qu’il y a c’est que dans les compétitions comme ça, surtout lorsqu’on va jusqu’au bout, on enchaîne les matches. Donc à la fin, même en finale il faut le dire, on était toutes cramées. Mais il fallait aller chercher, puiser, les dernières ressources qu’on avait, faire les efforts tous ensemble. Ça au niveau mental je dirais que ça endurcit. 

 

CDF - Pour finir sur les U20, vous êtes nombreuses de l’aventure à être aujourd’hui en A. Tu t’attendais à trouver plus facilement tes marques du coup ?

M.R. - Je m’attendais à retrouver certains repères. Mais au final non c’est différent. Chacune a pris un peu sa direction, avec des grands clubs, en côtoyant plusieurs internationales. Je pense que chacun a pris son chemin et au final se retrouver ici ça change [des sélections jeunes]. 

 

CDF - Personnellement tu t’attendais à passer si rapidement des sélections jeunes, à la B et à la A maintenant ?

M.R. - Non ! Ça par contre, au niveau de cette sélection je ne m’y attendais vraiment pas. J’ai toujours l’habitude de regarder un peu la liste, pour savoir qui y est, mais pas dans l’optique de savoir si moi j’y suis. Et là, je n’avais pas vu, c’est en arrivant au vestiaire que les joueuses [de Montpellier] me l’on dit. 

 

« La confiance et la lucidité sont mes plus gros défauts. »

 

CDF - Pour parler de Montpellier justement, tu découvres cette année la Coupe d’Europe avec ce club. Comment as-tu vécu ça ? Notamment le premier tour qui était assez compliqué ?

M.R. - La ligue des Champions c’est une grande compétition qu’on rêve tous de jouer. Après, dans l’abord du match, ça n’était pas forcément différent des autres. Chaque fois qu’on joue un match c’est pour le gagner. 

 

CDF - En 1/8e de finale vous avez joué Brescia. Tu n’as pas eu l’occasion de rentrer sur le terrain, mais est-ce qu’il y a des joueuses italiennes que tu as eu l’occasion de repérer ?

M.R. - Non pas vraiment. C’est vrai que je ne pense pas toujours à me renseigner sur l’équipe adverse, je ne m’y intéresse pas plus que ça. Mais c’est quelque chose que je vais devoir changer. Il faudrait que je m’y intéresse davantage, c’est important.

 

CDF - Pour parler un peu de ton parcours, tu as commencé en D1 à Albi, puis rejoins Montpellier où la concurrence était plus forte, notamment à ton poste avec deux autres internationales Marion [Torrent] et Sakina [Karchaoui]. Quels sont les domaines que tu dois travailler selon-toi pour aspirer à une place de titulaire ?

M.R. - Forcément un peu de tout. On doit toujours bosser, même si on se trouve bien dans un domaine, il faut toujours bosser car on peut encore progresser. Mais après, je dirais que mon défaut principal c’est la confiance. La lucidité aussi, [que je perds] quand je suis fatiguée. La confiance et la lucidité sont mes plus gros défauts. Après j’en ai d’autres, mais c’est vraiment ça où je dois progresser.

 

CDF - Ton poste, c’est peut-être celui qui a le plus évolué. On vous appelle défenseur mais toi tu es plus une latérale, portée vers l’avant…

M.R. - Je suis contente parce que j’aime monter, et le fait que ça évolue on nous demande de plus en plus de le faire. Donc quand on me demande ce que j’aime faire, je ne peux qu’être contente. J’aime beaucoup faire les aller-retour mais après quand je commence à fatiguer comme je l’ai dit, le manque de lucidité commence à se faire ressentir.  

 

« C’est important de pouvoir s’ouvrir à autre chose
et ne pas rester uniquement dans le même domaine. »

 

CDF - Sur ton jeu aussi, il y a un aspect qui ressort c’est ta qualité de centres…

M.R. - J’aime bien monter, j’aime bien attaquer. Donc après forcément je suis amenée à centrer, donc c’est sûr que c’est important d’en réussir, quelques uns (sourires). C’est vrai que c’est un aspect que je suis amenée à bosser. En club notamment on a des spécifiques comme ça, où on enchaîne les centres. 

 

CDF - Est-ce que Corinne Diacre t’en a parlé ? C’est une qualité qu’elle recherchait ?

M.R. - Non pas spécialement. 

 

CDF - Tu disais dans une interview aussi être attachée au double projet, étude/football. C’est important de s’investir dans autre chose que le football ?

M.R. - Oui forcément. Déjà pour l’après-foot, avoir un diplôme. Puis aussi au cas où le foot ça ne marche pas. Je ne sais pas, des imprévus, une longue blessure, ou même une période où on se rends compte que ce n’est pas ce qu’on veut. Donc ça permet d’avoir autre chose à quoi se rattacher et de préparer l’avenir. 

Ensuite je trouve que c’est important dans le sens ou pouvoir s’ouvrir à autre chose et ne pas rester uniquement dans le même domaine, et ne pas voir tout le temps les mêmes personnes. Donc que ce soit au niveau social ou même ouverture de l’esprit, je pense que c’est important. Après chacun voit les choses à sa manière. Moi ça m’est indispensable je pense. Après je n’ai jamais fait que du foot, donc d’un autre côté je ne peux pas savoir si je préférerais ça [faire que du foot]. 

 

CDF - Tu fais des études de kiné c’est ça ?

M.R. - Oui, je suis en deuxième année. Il y a certaines périodes où c’est un peu compliqué mais c’est un métier que je veux faire. Donc je fais mon maximum pour me donner les moyens d’y arriver. Et on verra bien comment la suite se déroulera. 

 

CDF - En lien avec tes études, tu as remporté le championnat d’Europe universitaire avec Montpellier. Avec Marie-Charlotte Léger c’est ça ? C’est une belle expérience ?

M.R. - Oui, C’est ça ! Disons que le contexte universitaire est totalement différent [de l’équipe de France]. Je ne dirais pas que c’est un autre sport, mais la manière d’aborder les choses n’est vraiment pas la même. Il n’y a aucune pression, l’optique c’est de prendre du plaisir. C’est comme si on allait jouer avec une bande de copines, vraiment pour le plaisir. Du coup, ça aide vraiment pour lâcher prise, jouer libérée. 

 

« Tous les matches peuvent être piège
si on ne l’aborde pas avec sérieux. »

 

Même si après, forcément le niveau n’a rien à voir avec ce qu’on retrouve en club. Mais l’ambiance générale de la compétition ça permet vraiment de relâcher, se faire plaisir, et voilà (sourire). Après je ne dis pas qu’on prend pas de plaisir dans les grandes compétitions internationales, mais c’est un autre contexte. Et après une grande saison, ça fait du bien de souffler un peu. 

 

CDF - Ce sont des filles que tu fréquentes en études et c’est tout ?

M.R. - Pas forcément, certains liens se sont créés. Puis ça reste une compétition internationale, où l’on voit d’autres joueuses de d’autres nationalités. Donc ça permet aussi de faire des connaissances étrangères, et après on garde un contact et c’est toujours intéressant. 

 

CDF - Dans quel état d’esprit tu te trouves à quelques jours d’affronter l’Italie, qui est une grosse nation. Ça peut être un match piège face à une équipe qui progresse d’année en année. 

M.R. - Oui, après tous les matches peuvent être piège si on ne l’aborde pas avec sérieux. Au niveau psychologique, je pense qu’on doit aborder chaque match de la même manière. Dans le sens où on est là pour gagner. Après, pour ce qui est de la tactique, on va travailler sur les vidéos avec les coachs. 

. La rédaction