Après le match nul de l’Écosse (3-3) face à l'Argentine dans le groupe D, nous avons eu l'occasion d'échanger avec Lee Alexander, gardienne de l'équipe britannique. Elle a évoqué le scénario du match, l'élimination de l’Écosse de cette Coupe du Monde et bien sûr, ce penalty, stoppé par le dernier rempart écossais puis retiré après l'intervention de la VAR...

 

« Nous sommes très déçues. Je pense que nous aurions dû prendre les trois points, qui aurait pu nous suffire pour passer ce premier tour. Je pense que nous avons eu beaucoup de décisions contre nous ce soir, très discutables.

Par ailleurs, je pense que le match aurait dû durer plus longtemps. Cela nous a pris par surprise, nous ne savions pas vraiment ce qui se passait sur le terrain. Mais c'est comme ça, on ne peut pas changer ce qui s'est passé, et donc nous devons passer à autre chose parce qu'au final nous n'avons pas pris assez de points pour avancer au prochain tour.

 

Un tournant dans le match ?

« Je pense que le match était ouvert, même après que nous ayons marqué. Lorsqu'elles ont réussi à réduire l'écart, j'avais l'impression que nous dominions la partie, mais c'est vrai que nous avions déjà commencé à trop reculer.

 

« Nous aurions dû faire le nécessaire pour gagner »

 

Et ensuite le deuxième but, puis le penalty, et je pense qu'il n'y avait pas faute. Pour moi, Sophie [Howard] a joué le ballon. Et juste avant, nous avions une joueuse [Fiona Brown] qui voulait entrer sur le terrain, et ils ne la laissent pas entrer. Je ne comprends pas comment ils peuvent faire ça. L'arbitre aurait dû le voir.

Nous aurions dû faire le nécessaire pour gagner, et ne pas dépendre de décisions arbitrales, mais ce que nous ressentons, c'est que ces décisions ont été extrêmement sévères aujourd'hui. »

 

Ce n'est pas la première fois dans cette Coupe du Monde qu'un penalty est retiré suite à l'intervention de la VAR. Comment vous l'avez vécu sur le terrain ?

« En tant que gardienne, vous devez avoir vos pieds sur la ligne, mais vous commencez à bouger, et vos pieds sont au-dessus de la ligne. Est-ce que cela compte ? Il y a encore beaucoup de zones grises, ce n'est pas juste oui ou non.

Et il y a toujours des joueuses qui empiètent dans la surface, et ils ne font rien là-dessus. Donc, quoi qu'il en soit, je pense que c'est dur pour les gardiennes. J'avais l'impression d'être sur la ligne (…) et c'est juste très décevant de se retrouver dans ce type de situations. »

 

« Ils vont devoir passer systématiquement [les penalties] à la loupe »

 

J'ai le sentiment que les gardiennes devraient probablement partir de derrière la ligne. C'est très difficile de se mettre en mouvement, et de se donner la meilleure opportunité de [stopper le ballon]. Mais maintenant, j'ai l'impression que tous les penalties vont être revus, ils vont devoir les passer systématiquement à la loupe. Si c'est la direction dans laquelle se dirige le football, il faut que les gardiennes soient pleinement conscientes des règles, de manière à pouvoir les respecter.

 

Est-ce que vous avez le sentiment que l'arbitre a suffisamment communiqué avec vous au moment du penalty ?

« Non (…) Elle a dit: « Vos pieds doivent être sur la ligne », mais sans préciser si c'est tout le pied, ou seulement certaines parties... Elle a aussi stoppé le match après 4 minutes d'arrêts de jeu, alors que rien que pour le penalty, cela a pris 7 minutes. »

 

On a aussi vu vos difficultés sur le deuxième penalty. On avait l'impression que suite à l'intervention de la VAR, vous ne saviez plus où vous placer, sur la ligne, derrière la ligne...

« Vous devez rester derrière, mais quoi qu'il en soit, ils vont vous pénaliser, à partir du moment où vous vous mettez en mouvement. Évidemment c'est dur, et cela nous coûte le résultat, mais nous sommes juste déçues de se retrouver dans ce type de situations, et que cela puisse à arriver à qui que ce soit.

C'est le football. Avec l'introduction de la VAR, il faut s'attendre à ce genre de décisions. Et de notre côté, nous avons l'impression de ne pas avoir été avantagées sur les trois matches [que nous avons disputé dans cette Coupe du Monde]. »

 

« Le football peut être parfois cruel »

 

En dehors du scénario de ce match face à l'Argentine, on a l'impression que l’Écosse pouvait faire quelque chose dans ce Mondial. Qu'est-ce qui a manqué dans ce premier tour ?

« Je pense qu'il faut se rappeler que nous étions dans un groupe avec les 4e et 7e mondiales (Angleterre et Japon) et nous sommes à la 20e place. Alors ce que l'on pouvait attendre de nous, je ne sais pas. Nous avons réussi de bonnes prestations ces derniers temps, comme face au Brésil, les États-Unis, le Canada...

Mais au final, il n'y avait pas d'attentes sur le fait de pouvoir prendre des points [contre ce type d'équipes]. S'il y a un regret, c'est sur les premières mi-temps des deux premiers matches [face à l'Angleterre et le Japon], où nous n'étions pas assez proches, même si nous avons montré notre capacité à rivaliser avec ces équipes.

Et à nouveau aujourd'hui, je pense que nous avons été excellentes pendant une heure. Nous aurions probablement dû marquer plus de buts, mais le football peut être parfois cruel. C'est quelque chose que nous devons digérer, même si cela va être difficile pour les filles. Nous voulons être sûres que ce n'est pas la dernière fois que nous jouons une Coupe du Monde car nous avons une très bonne équipe. »

 

Photo: Getty Images / FIFA

Hichem Djemai