Dimanche dernier, Coeurs de Foot était à Grenoble pour la finale de la Coupe de France. L'occasion aussi de rencontrer le club de Grenoble-Claix, le GMC2F qui a réalisé une très bonne saison, cette année dans le Groupe C de D2, troisième derrière l'OM et Dijon.

Au départ de cette rencontre, il y avait le Stade des Alpes le grand stade de Grenoble, 20.000 places et qui accueillait la finale de la Coupe de France. Une enceinte dans laquelle les joueuses de Grenoble ont déjà évolué pour des matches de Coupe de France, face à Lyon ou Saint-Étienne. A l'époque le club s'appelait Claix Football, une ville de l'agglomération grenobloise.

Depuis cette année le club a fait peau neuve pour s'appeler « Grenoble Métropole Claix Football Féminin ». Comme nous l'explique Nicolas Bach, l'entraîneur de l'équipe, il ne s'agit pas d'une fusion avec un club de Grenoble. Ce sont les « mêmes structures », les « mêmes dirigeants » mais avec une « volonté politique » de « donner une dynamique plus grenobloise au club » et aussi une « petite hausse de budget ». Une volonté qui s'est également exprimée par la voix de Nicolas Bach qui demandait à ce que les grands matches de la saison, face à Marseille ou Dijon, puissent se disputer au Stade des Alpes.

Au final, ces rencontres se sont disputées au Stade Lesdiguières, une autre pelouse de la ville et qui accueille principalement des rencontres de rugby. Un stade pas forcément « idéal » pour le football mais où le club a été « très bien accueilli » et qui permet d'avoir un stade plus grand (12.000 places) et plus « accessible » que les terrains situés à Claix.

 

Le regard vers l'étage supérieur

Laureen Navas place aussi ces changements récents dans une évolution à plus long terme avec un club qui s'est transformé, des entraîneurs successifs qui ont chacun apporté leur pierre à l'édifice pour faire de Grenoble-Claix un club installé dans le haut de tableau en division 2.

Milieu de terrain, Laureen a été l'une des joueuses les plus utilisées par Nicolas Bach cette saison. Elle est une historique du club puisqu'elle joue à Claix depuis une dizaine d'années, c'est-à-dire depuis qu'elle a arrêté d'évoluer dans des équipes mixtes en jeunes. Elle a participé à la dernière montée du club en 2010. Et depuis maintenant cinq saisons, Laureen et ses coéquipières se sont installées parmi les cinq premières équipes au classement du groupe C.

Cette saison a d'ailleurs été la meilleure du club. Jusqu'au mois de février, le GMC2F a été au coude-à-coude avec l'Olympique de Marseille, un club qui dispose pourtant d'un budget « trois fois plus important » que celui de Grenoble-Claix. Cette course à la D1, le club s'y est accroché avec notamment ce match nul 2-2 en octobre face à l'OM. Un match disputé à Lesdiguières devant plus de 800 personnes et qui a vu Grenoble revenir dans les dernières secondes du match grâce à un but de Laury Jesus.

Ce match permit à Grenoble de jouer les premiers rôles. C'est aussi grâce une attaque qui a fait la fierté du coach grenoblois cette saison. 69 buts en 21 matches et une dernière rencontre dimanche face au Puy où les Grenobloises devraient encore s'illustrer offensivement, à commencer par Laury Jesus meilleure buteuse du groupe C avec 24 buts.

 

Un mois de février à oublier

Mais la saison de Grenoble va connaître un tournant le 21 février avec le match retour face à l'OM. Lors de la phase aller Grenoble n'a pas seulement accroché l'OM mais aussi battu Dijon (3-0) et Toulouse (0-2) deux adversaires directs dans le haut de tableau. Début février, l'OM était accroché 4-4 à Aurillac, ce qui mettait Marseille et le GMC2F à égalité en tête du championnat.

Mais en l'espace de deux semaines, les joueuses de l'Isère vont connaître deux contre-performances à l'extérieur qui vont peser sur la fin de saison. Cela commence le 14 février à Dijon avec une élimination en huitièmes de finale face au DFCO sur le score de 4 buts à 3. Une semaine plus tard Grenoble-Claix se déplace à Marseille. Un match qui se solde par une nouvelle défaite 2-0.

Ce match perdu à Marseille sera suivi d'une période de « relâchement », avec le « besoin de souffler » après « autant d’investissement » mis par Laureen Navas et ses coéquipières depuis le début de saison. Un retour de bâton « difficile à contrecarrer » pour Nicolas Bach qui observe notamment « moins de réussite devant le but ». Cette défaite face à l'OM ouvre une séquence de six matches sans victoires, avec trois défaites et trois nuls, ce qui permit aux Olympiennes de creuser l'écart mais aussi à Dijon de passer le GMC2F au classement.

Ces mauvais résultats trouvent aussi leur source avec les blessures qui ont touché plusieurs joueuses du groupes. Olivia Mbala, Gladys Boilard ou Anaïs Ribeyra autant de joueuses essentielles qui vont connaître des blessures pendant cette période et qui n'ont depuis pas réintégré l'équipe.

 

« Un bilan positif »

Malgré cette deuxième partie de saison difficile, Nicolas Bach et Laureen Navas retiennent du positif de ce premier exercice version « Grenoble-Claix ». Le coach dit avoir vu des choses intéressantes sur le terrain. Même son de cloche du côté de Laureen Navas qui a trouvé que « le niveau de jeu » de l'équipe s'était « élevé » grâce à la « stabilité du groupe » mais aussi à l'arrivée de « nouvelles joueuses » qui comme Gladys Boilard ou Julie Perrodin ont connu la D1 précédemment.

Un bilan positif à mettre dans la perspective des objectifs du club qui incluent une montée en D1 d'ici à 2018. C'est dans cette optique que Nicolas Bach est revenu au club cette saison. Arrivé en 2010 au moment de la montée en D2, le coach grenoblois était resté à Claix jusqu'en 2013 avant de faire deux saisons à Rodez.

Revenu dans l'Isère à l'été 2015, il arrive avec cette ambition de mener l'équipe en D1. Une montée à l'échelon supérieur qui devra attendre au moins la saison prochaine avec forcément des remises en cause pour la suite. Pour Nicolas Bach, parmi les points à travailler, il y a bien sur le « manque d'expérience » du groupe, mais aussi d'autres aspects qui touchent à l'extra-sportif.

 

Des progrès à faire sur et en dehors du terrain

Comme l'explique Laureen Navas, l'effectif voit cohabiter des joueuses pour qui le foot « ne représente pas » pas la même chose. Certaines aspirent à évoluer au haut niveau et d'autres pour qui le foot est un « loisir ». C'est notamment son cas, elle qui a fait des études et travaille désormais dans le domaine de la gestion à Grenoble. Elle se dit chanceuse d'avoir pu jouer à un aussi haut niveau, mais ce n'était pas du tout quelque chose de programmé au départ.

Au-delà de cette cohabitation, toutes les joueuses sont confrontées à la nécessité de partager leur temps entre le football et les études ou le travail. Une situation qui impose que le club puisse proposer des aménagements aux joueuses de manière à pouvoir libérer plus de temps à consacrer au football. L'un des objectifs pour le futur est justement de pouvoir nouer des partenariats qui facilitent de tels aménagements notamment pour les joueuses qui travaillent.

Nicolas Bach nous décrivait notamment le cas d'Anaïs Ribeyra arrivée en cours de saison et qui en l'espace de huit matches a inscrit pas moins de 18 buts, avec notamment des buts inscrits dans des matches importants contre Toulouse et Dijon. Sauf que son rythme de vie l'amène à se lever régulièrement à 6h du matin pour des journées qui se terminent à 21h avec les entraînements du club. Un rythme de vie infernal qui serait l'une des causes des blessures d'Anaïs Ribeyra qui n'a plus joué depuis février dernier. Un emploi du temps plus adapté allié un meilleur suivi médical , autant d'aspects qui selon le coach grenoblois devrait permettre d'améliorer les performances de son groupe.

En attendant, les joueuses du GMC2F disputeront leur dernier match de la saison dimanche au Stade de la Bâtie à Claix face au Puy. Un stade historique du club et qui devrait encore servir la saison prochaine. Quant au Stade des Alpes, il devra probablement attendre la montée en D1. Une forme de récompense en quelque sorte, dont les joueuses pourraient bénéficier comme pour les affiches en Coupe de France face à des équipes de première division.

Hichem Djemai