Elle n'a pas caché sa déception après la défaite 3-2 face à Montpellier, synonyme de relégation en D2 et a tenu à prendre ses responsabilités, même s'il est difficile de lui reprocher quoi que ce soit, au vu de ce qu'elle a pu faire en seulement 4 mois à la tête de l'équipe féminine.

 

Quel sentiment prédomine ?

Beaucoup de déception, on est très attristés et touchés par la situation parce que ça me touche pour les joueuses, mais à la fois pour le club, pour l'ensemble du staff. C'est un peu vide depuis tout à l'heure dans le vestiaire parce que l'ensemble du groupe depuis février n'a pas arrêté de s'investir totalement dans le projet. On ne compte pas nos heures, on ne compte pas l'investissement et les efforts qu'on a fourni pour essayer de maintenir le club en D1. Malheureusement on sort de là avec une défaite, qui nous coûte la descente. 

 

Ce match était à quitte ou double, et on a senti que vous aviez les armes pour l'emporter donc c'est encore plus frustrant ?

On a quand même eu de l'espoir jusqu'au bout, comme depuis quelque match maintenant et c'est pour ça qu'on sort de ce match-là avec de la déception parce qu'on n'a pas à être timides entre guillemets de la prestation qu'on a fourni, même si on a réalisé quelques erreurs et on n'a pas été assez décisives dans le dernier geste. Quand on voit sur le premier quart d'heure, on est quatre fois dans la surface adverse, on n'est pas réellement dangereuses mais on y est tout de même. Derrière elles ont deux occasions et on est menés 1-0, donc voilà c'est très frustrant parce qu'on arrive à se redonner espoir en revenant à 3-2, et en fait dans les dernières minutes on a senti qu'il n'y avait plus ce petit truc qui faisait qu'on pouvait y croire jusqu'au bout. Peut être qu'on a dépensé beaucoup d'énergie en première période, avec ce vent contre qui nous a fait énormément de mal mais voilà c'est beaucoup beaucoup de déception et de tristesse aujourd'hui.

 

Y'a eu quelques erreurs d'arbitrages également, avec peut être une main qui n'a pas été sifflée pour vous à un moment crucial du match ?

C'est ça... Je suis toujours assez surprise parfois des choix à ce niveau-là de l'arbitrage dans le championnat de France, et aussi face aux enjeux qu'il y a sur ces matches-là. Après oui la tâche de l'arbitre est très compliquée et difficile à gérer, mais on est mené 1-0 et il y a peut être deux faits de jeu ou on peut récupérer un penalty, qui ne sont pas sifflés parce que mon attaquante, Hannah Diaz, décide de ne pas se laisser tomber, de ne pas être vicieuse comme j'ai l'ai dit [après l'obstruction], et ça nous coûte le fait derrière qu'on se prend quand même le deuxième but. Je pense que mentalement on a quand même pris un coup à ce moment là. Derrière elles concèdent elles un penalty, qui est mérité car la main est assez visible. Mais c'est beaucoup [d'erreurs], je suis vraiment très très surprise du niveau [de l'arbitrage sur ce match].

 

Tu attendrais qu'il y ait la VAR en D1 peut être ?

(rires nerveux) Ah oui ! Ça serait parfait, parce que ça nous permettrait peut être de gagner ce match-là, car on était obligé de le gagner, mais c'est certains faits de jeu qui ont [conduit à cette défaite]. On est responsable de notre descente, je n'accuse personne, mais je pense qu'il y a certains faits de jeu, notamment sur des matches importants comme aujourd'hui, et comme celui de Bordeaux où l'arbitre n'a pas fait le bon choix selon moi et ça nous a coûté aussi peut être, pas une claque mais quelque chose comme ça [de négatif] sur l'aspect mental.

 

Difficile de te reprocher cette descente, étant donné ton peu de temps devant toi pour redresser la barre (Rachel Saidi a repris les commandes de l'équipe ce mois de février seulement et à réussi à qualifier son équipe en finale de Coupe de France) ?

Je suis quand même responsable bien sûr. J'ai fait mes choix et aujourd'hui, on ne gagne pas. C'est de ma faute et je l'assumerai jusqu'au bout même si c'est vrai que c'était une mission un peu compliquée de reprendre l'équipe avec Christophe [Douchez]. Bien sûr qu'on est responsables avant tout par rapport à ce qu'on a mis en place, par rapport à l'accord qu'on a passé au niveau du club car c'est un engagement qui a été aisée. On a quand même réussi à renverser la tendance et à y croire jusqu'à la dernière journée mais  je suis responsable en priorité.

 

Quels enseignements tu tires de ces quelques mois à la tête du LOSC ?

Très riche humainement, ça a été très formateur. Beaucoup de personnes me pose la question de "Comment c'est de gérer un groupe avec qui on a déjà joué". En toute sincérité, je pensais que ça allait être plus dur que ça, mais elles ont su faire abstraction du statut que j'avais avant avec elles [en tant que joueuse] et respecter, être à l'écoute de ce qui était demandé. Depuis le départ, on a un groupe extraordinaire et bourré de qualités individuelles mais voilà, c'est beaucoup de tristesse parce que dans ces moments-là, vous savez très bien que le groupe a tendance à s'éclater. C'est à dire qu'il va y avoir des joueuses qui vont vivre d'autres projets la saison prochaine. J'espère qu'on va pouvoir en tenir un grand nombre pour pouvoir évoluer quand même en D2 la saison prochaine.

 

Tu as été joueuse mais tu avais déjà coaché un peu avant également si je me souviens bien (avec Hénin) ? C'était fait pour toi d'être coach ?

En toute sincérité, je me suis inscrite à la FAC de Liévin DEUST Staps, c'est à dire tout ce qui était lié à la pratique du foot, c'est à dire psychologie, sociologie... Ils m'ont payé mes diplômes d'entraîneur, jusqu'au Brevet d'État au premier degré. Jusqu'à ces moments-là, je n'étais pas forcément intéressée à en faire mon métier mais au final, j'ai commencé à y prendre goût lorsque j'avais des enjeux avec Hénin-Beaumont où je suis passée par toutes les catégories (Poussins, U15, U16, U19). De temps en temps, j'allais aux entraînements avec la DH et j'ai commencé à prendre goût parce qu'humainement, c'est des expériences hors du commun. Vous partagez tellement d'émotions avec à la fois vos joueuses, votre staff que ça vous fait grandir en tant de personne et je me vois longtemps dans ce métier-là, j'espère.

 

Tu vas rester à la tête du LOSC la saison prochaine ?

Normalement, oui. En espérant avoir toutes les armes pour remonter rapidement.

 

Est-ce qu'il manquait selon une internationale française (au milieu de terrain surtout) ? Parce que vous en aviez une la saison dernière (Kenza Dali), qui a servi de catalyseur pour la gestion de la pression notamment.

C'est vrai qu'une internationale c'est toujours bon à prendre. Après il y a des jeunes, à l'image de Julie Dufour, Lina Boussaha, qui sont bourrées de talent et qui doivent encore se former mais qui sont très à l'écoute et je pense qu'elles vont passer un cap, notamment de part ce qu'elles viennent de vivre en terme d'émotions et je leur souhaite en tout cas. Peut-être que l'apport d'une joueuse de talent supplémentaire pourrait nous permettre de retirer cette pression-là et de se consacrer à autre chose. Ce n'est pas au niveau de la pression où on a pêché, parce qu'on a vu le scénario qu'on a réussi à écrire.

On avait Ouleymata Sarr aussi, mais on a d'autres filles qui sont passées par la B comme Marine Dafeur, Héloïse Mansuy, Morgane Nicoli. Elles ne font pas encore de bruit mais ça ne saurait tarder. 

 

Dounia MESLI