A l’issue de la victoire de l’Angleterre face au Cameroun en 1/8e de finale du Mondial, Phil Neville s’est montré très critique vis-à-vis de l’équipe camerounaise et de son attitude pendant le match. Morceaux choisis d’une très longue et riche prise de parole du manager des Lionesses.

 

« Je suis venu dans cette Coupe du Monde pour obtenir des résultats, mais aussi participer à rendre le football féminin meilleur, plus visible à une échelle mondiale, de proposer un spectacle que le reste du monde puisse voir, de montrer que le football féminin progresse, qu’il est parvenu à proposer un jeu plus enthousiasmant, de meilleure qualité, le public, les stades... Globalement ce que l’on a vu depuis le début de la Coupe du Monde.

« Et [aujourd’hui], je me suis assis pendant 90 minutes et j’ai ressenti de la honte. Honteux mais en même temps fier de la performance de mes joueuses, fier de leur comportement, dans des circonstances que je n’avais jamais vu sur un terrain de football. Et j’ai été profondément choqué par l’attitude de l’équipe adverse. »

 

« Je pense que c’est assez triste »

 

« Pour cette raison, je n’ai pas pu vivre pleinement ce match, mes joueuses n’ont pas pu le vivre pleinement, même si nous sommes qualifiés en quart de finale, et que nous conservons notre dynamique.

Toutes ces jeunes filles qui regardent le match en Angleterre, les jeunes garçons qui jouent dans les écoles de football et qui regardent ce match. Vous avez 5,6,7 millions de personnes qui regardent ce match de l’Angleterre face au Cameroun avec ce genre de comportements, je pense que c’est assez triste.  »

 

Sur les critiques du sélectionneur camerounais concernant l’arbitrage

« Quand j’ai commencé à manager, Arsène Wenger m’avait dit : « Une équipe mérite son entraîneur » et évidemment cette équipe [camerounaise] mérite son entraîneur. Le comportement, si cela avait été une de mes joueuses, elle n’aurait plus jamais porté le maillot de l’Angleterre.

J’ai de la peine pour l’arbitre, ces décisions étaient justes. Et je crois qu’à la fin [du match], elle a probablement essayer de protéger le football et ne sifflant pas penalty, en n’expulsant pas une de leurs joueuses [Alexandra Takounda]. Et j’admire ce genre de conviction.

Aujourd’hui, nous avons vu des gens se battre dans la tribune VIP, nous avons vu des Camerounais se battre dans notre hôtel et nous avons vu ce genre de comportements sur le terrain. Donc j’ai envie de leur dire de balayer devant votre porte avant de commencer à critiquer. »

 

« Un incident isolé »

Ce qui s’est passé aujourd’hui est pour moi un incident isolé, sans conséquences, parce que j’ai un grand respect pour le football africain. (…) La meilleure équipe a gagné. L’équipe avec la meilleure attitude a gagné, de l’humilité, de la classe et de la qualité sur le terrain.

(…)

« A la sortie de leur hôtel aujourd’hui, les Camerounaises étaient en train de danser et de chanter. C’est ça une Coupe du Monde. C’est ma vision du Cameroun et des équipes africaines, la manière dont elles apportent de la joie, la manière dont elles dansent vers leurs vestiaires et le fait de s’amuser. (…)

 

« Je ne suis pas là pour critiquer un pays,

je suis là pour critiquer des actes »

 

Je suis sûr qu’elles regrettent la manière dont elles se sont comportées aujourd’hui. Nous voulons le Cameroun, le Nigeria. Nous voulons que toutes les nations aient une équipe féminine et nous voulons faire la promotion du football féminin. Oui, nous voulons gagner, mais nous voulons que l’image de ce sport à travers la planète soit bonne pour la petite fille qui joue dans un parc, où que ce soit dans le monde.

Et avoir deux équipes africaines [il y en a trois avec l’Afrique du Sud, ndlr] en Coupe du Monde, c’est spécial. Cela signifie que la discipline se développe à l’échelle internationale et [les équipes africaines] ont été fantastiques. Je ne suis pas là pour critiquer un pays, je suis là pour critiquer des actes qui, je pense, sont très dégradants pour l’image du sport dont je suis tombé amoureux depuis 18 mois. »

 

Photo: Getty Images / FIFA

Hichem Djemai