En conférence de presse, Julie Debever et Amel Majri ont réagi aux questions des journalistes. Dans cette première partie, c'est la Guingampaise Julie Debever qui évoque son statut de remplaçante et son rôle au sein de l'équipe de France, ainsi que du prochain match face à la Norvège.

 

Au sujet de l'affluence et de l'audience du premier match de l'équipe de France face à la Corée du Sud au Parc des Princes

On en a discuté un petit peu avec Amel [Majri] et c'est vrai qu'on était vachement étonnées de l'audience qui a explosé pour ce premier match. On espère que la suite sera de bon augure aussi. En tout cas on est contentes que le prochain match [à Nice] soit aussi à guichets fermés. On est contentes tout simplement d'avoir un tel soutien de notre public, du peuple français.

 

On parle de la Norvège, parce que c'est le choc de ce groupe. Est-ce que vous avez regardé le match face au Nigeria ? Qu'est-ce que vous en pensez et considérez-vous que c'est le match plus important ?

Moi personnellement je ne l'ai pas regardé ou alors de manière brièvement tout simplement parce que j'avais d'autres préoccupations à ce moment-là. On s'est plutôt essentiellement concentrées sur nous. Ce matin, on a peaufiné quelques détails en vidéo, on doit se pencher prochainement sur notre adversaire, donc vous venez de le dire, la Norvège. J'imagine un profil plus athlétique, en tout cas que la Corée du Sud, mais j'en saurais plus un peu plus tard et quand on aura analysé tout simplement les vidéos de notre adversaire.

 

Comment on fait pour gérer cet engouement ?

On en a parlé déjà un petit peu depuis quelques mois, on savait qu'au niveau de la notoriété ça allait un petit peu exploser pour chacune d'entre nous. Après pour la plupart elles sont déjà prêtes à cette notoriété, je parle notamment des Lyonnaises qui ont déjà gagné plusieurs championnats (nationaux et européens) et qui ont vécu plusieurs échéances, donc ce n'est pas quelque chose qui est difficile à gérer. Après on nous a mis en garde sur l'éventuel prochaine critique qui arriveront certainement, mais on est toutes prêtes à gérer tout ça du mieux possible.

 

Comment vous vivez votre sélection en équipe de France, vous avez bossé avec votre entraîneur de club pour y être et comment vous gérez votre statut de remplaçante ?

Je le gère de la meilleure des manières. C'est vrai qu'on avait un objectif, avec le coach. On savait [ce qu'il fallait faire]. Je suis une bosseuse et lui aussi, et l'objectif c'était que je fasse partie de ces 23 Bleues, aujourd'hui c'est chose faite. Comment je le vis ? Eh bien de la meilleure des manières, tout simplement, parce que je l'ai souvent dit pour moi c'est un rêve de gamine qui se réalise. C'est un rêve aussi pour beaucoup d'autres filles, et mon statut de complément, je le gère de la meilleure des manières parce que la hiérarchie est installée depuis de nombreux mois, tout était très clair. Aujourd'hui ce qui connaisse le football féminin et qui le regarde, savent qu'on a en tout cas en place dans cette équipe de France, une des meilleures charnières centrales du monde. Et moi je suis très contente d'évoluer aux côtés de cette charnière centrale, et je serais en tout cas prête quand il faudra qu'on fasse appelle à moi tout simplement. 

 

 

Amel [Majri] nous a dit ne pas calculer, l'objectif c'est la première place du groupe, il faudra battre la Norvège pour cela. Est-ce que vous avez la projection de la suite, avec ce quart de finale contre les Etats-Unis ou pas du tout ?

Pour être franche avec vous on ne parle pas du futur. C'est vrai qu'on prend match après match, on essaye de se concentrer sur nous, de peaufiner les détails, qui sont à régler après visualisation de chaque match. Donc non on se projette pas du tout, on prend match après match, on voit les résultats qu'on fait, on essaye de gagner contre toutes les équipes, en imposant notre jeu et après on verra ce que l'avenir nous réserve.

 

Vous avez dit que vous n'aviez pas suivi le premier match de la Norvège et du Nigeria, est-ce que vous avez suivi d'autres matches ou vous vous concentrez sur vous et passez votre temps libre avec d'autres occupations ?

Non pour moi personnellement, je regarde souvent en amont les adversaires qu'on doit jouer, il m'arrive souvent de demander [à voir] des matches. Après je pense que c'est le cas de beaucoup de filles, c'est un rituel qu'on a et je pense que c'est important tout simplement de voir contre qui on va jouer, c'est des choses qu'on fait régulièrement toutes ensemble. Ça me semble logique.

 

Est-ce que vaincre la Norvège, vous permettrez de vivre plus sereinement votre dernier match contre le Nigeria ? Peut être aussi de tourner l'effectif, en étant déjà qualifié pour les huitièmes de finale.

L'objectif c'est de battre tout simplement la Norvège. Après s'il y aura d'autres filles qui jouent un peu contre le Nigeria, j'en ai aucune idée, je pense qu'il faut poser la question à la sélectionneure. Mais encore une fois on ne fait pas de calcul, nous ce qu'on veut c'est peaufiner nos détails et imposer notre jeu et ressortir avec la victoire à chaque match, donc le Nigeria ça viendra après.

 

En tant que remplaçante, quel est votre rôle dans l'état d'esprit de l'équipe ?

Moi le rôle que j'occupe au sein de cette équipe de France, c'est par rapport à mon expérience de la D1, de par mon âge aussi, un peu moins au niveau international. Mais j'ai l'oreille attentive pour les plus jeunes, quand il y a besoin de parler ou qu'il y a tout simplement quelques doutes qui s'installent. J'essaye d'être présente pour ces joueuses et sportivement encore une fois, parce que je suis là aussi [dans le groupe], parce que je fais partie des 23, et je suis là aussi pour palier à un remplacement s'il le faut et j'essaye de me tenir prête. Mais j'essaye d'avoir un rôle, d'écouter attentive, pour celles qui en ont besoin, c'est ce que je fais aussi.

 

On connaît Eugénie [Le Sommer] la buteuse. Est-ce que vous pouvez nous parler d'Eugénie dans l'intimité, de son caractère, et quel est son rôle ? 

Alors moi je la connais en tout cas, dans le groupe de l'équipe de France. Je pense que Amel [Majri] par exemple peut vous en dire un peu plus, mais c'est tout simplement un leader dans le groupe, ou que ce soit sur le terrain ou en dehors. C'est une joueuse qui a une oreille attentive, pour ses coéquipières et qui est toujours dans la perfection, dans l'envie de mieux faire et c'est une bonne entraide en tout cas pour tout le groupe, c'est vraiment un pilier dans l'équipe, on en a besoin.

 

De quels détails parlez-vous à peaufiner après le match contre la Corée du Sud ? Sur quoi Corinne Diacre a-t-elle mis le doigt en prévision du match de mercredi contre la Norvège ?

Alors vous savez après je pense qu'il y a toujours des détails à peaufiner sur chaque match donc vous dire lesquels, ça serait vraiment partir dans le détail. On sait que le détail, devient un gros détail parfois quand on finit avec une défaite. Il y a beaucoup de choses positives qui ont été pointées du doigt, avec cette victoire mais c'est des détails de communication, peut être agressivité ou tout simplement de récupérer le ballon un petit peu plus haut, comme je vous disais des détails.

 

Est-ce que l'engouement autour de vous, ne vous donne pas un peu plus de responsabilité et de pression ?

Non ce n'est pas de la pression. En tout cas nous on le vit comme un soutien supplémentaire, comme une force supplémentaire. On parle souvent du public comme la 12e femme et on en parle souvent entre nous, en tout cas sur ce premier match ça a été un réel soutien et on s'est senti transcendé aussi grâce à ce public. On espère que ça sera la même chose pour les prochains matches.

 

Sur votre statut de remplaçante, est-ce qu'on n'est pas tenté d'en faire trop parfois pour trouvé sa place, d'amuser la galerie comme on a pu le voir l'année dernière avec les garçons ?

Non en tout cas, moi j'ai tendance à dire que j'aime rester ce que je suis et je suis quelqu'un de discret, je reste discrète s'il faut. J'essaye d'apporter mon aide comme je l'ai dit au sein du groupe parce que c'est important aussi, mais moi je vis très bien mon statut de remplaçante. Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, pour détrôner une charnière centrale comme celle-ci [Griedge Mbock et Wendie Renard], pour moi c'était impossible parce que je le dis encore, pour moi c'est la meilleure du monde. Je suis très contente encore d'évoluer à leurs côtés et j'essaye d'être présente et de palier à un éventuel remplacement s'il faut mais aujourd'hui je vis très bien mon statut de remplaçante.

 

Est-ce que ça a été un soulagement de savoir que Ada Hegerberg ne participerait pas à la Coupe du Monde, quand vous avez appris que vous alliez affronter la Norvège en phase de poules ?

On en a pas parlé entre nous, après moi personnellement je sais que c'est un atout pour cette équipe donc forcément je pense qu'Ada Hegerberg va beaucoup manquer à cette équipe de Norvège. Après voilà, elles ont d'autres atouts supplémentaires, comme Hansen. On ne se focalise pas sur une joueuse, on sait qu'avec une équipe bien soudée, on peut aller loin et on verra ce qu'on fera contre la Norvège, mais on reste concentrées en tout cas.

 

Sur les coups de pieds arrêtés, face à la Corée du Sud ça a bien fonctionné, avec deux buts de Wendie Renard. Est-ce que lors de l'entraînement vous êtes dans l'autre camp et vous essayez de la bloquer et comment on fait ?

On fait du mieux possible parce que c'est compliqué, de part sa grandeur mais aussi au-delà d'être grande, parce qu'on dit souvent que Wendie Renard elle marque parce qu'elle est grande, mais faut savoir aussi qu'elle a un très bon timing [pour reprendre de la tête au bon moment] et c'est pas donné à tout le monde. C'est quelque chose qu'on travaille beaucoup à l'entraînement. Donc ce qui s'est passé contre la Corée, ce n'est pas anodin, et moi je me situe des fois en tant que défenseure donc je peux vous dire que c'est très difficile.

 

Julie vous êtes capitaine à Guingamp, vous connaissez ce rôle-là. Quel type de capitaine est Amandine Henry et plus largement qu'avez-vous pensé de sa performance contre la Corée ?

Sa performance contre la Corée a été exceptionnelle, je l'ai trouvé autant leader sur le terrain qu'en dehors. On s'est dit des choses avant le match, parce que c'était l'entrée de la compétition et c'était important de se dire des choses, entre nous, entre les 23 filles et c'est des choses qu'on a aussi pu mettre en place sur le terrain, elle a très bien joué son rôle. Son rôle de leader aussi au sein de l'équipe, tout simplement et footballistiquement il n'y a rien à en redire parce que c'est une joueuse très agressive, très athlétique, qui apporte à chaque fois tout ce qu'elle peut apporter à cette équipe. Et le fait qu'elle marque aussi et qu'elle vienne fêter ça avec le banc, ça a montré aussi la personne que c'est et les valeurs qu'elle dégage donc c'est une très bonne chose.

 

Comment avez-vous vécu le fait d'attendre aussi longtemps pour être sélectionné en équipe de France dans votre carrière et est-ce que ça vous aide à être patiente dans votre rôle de remplaçante ?

Oui ça doit certainement m'aider, après quand j'étais sélectionnée en équipe de France, j'avais la prétention de pouvoir y être, mais c'est vrai que je travaillais pour, pour au moins titiller l'équipe de France B pour vous dire. Donc pour moi ça a été vraiment un réel plaisir, j'ai pas de mots encore pour l'exprimer aujourd'hui, c'est pour ça que je suis très contente d'être ici. Mais je travaille au quotidien, je récolte les fruits de mon travail, positif ou non. C'est ma culture et je suis animée par ça au quotidien, donc on verra ce que la suite nous réservera.

 

Sur les changements de camp de base. Est-ce qu'ils ne sont pas fatigants ou alors est-ce que c'est l'excitation d'aller à la rencontre des français dans tout le pays qui prend le dessus ?

Il y a un petit peu des deux, je pense que c'est bien de voir d'autres paysages, je pense que ça nous fait du bien, parce qu'on reste pas mal de semaines ensemble et on aime bien aussi bouger un petit peu. Après voilà la fatigue je pense que c'est la même chose pour toute l'équipe, on essaye de récupérer du mieux possible, après ces voyages et c'est ce qu'on fait de bien pour l'instant. Donc non non c'est une bonne chose [de changer], en tout cas c'est pas quelque chose qui nous dérange.

 

Au sujet de la grève des Guingampaises en 2018, sur les conditions de travail qui étaient assez compliquées, et le manque de considération peut être par rapport aux hommes. Est-ce que vous êtes fières d'avoir mené ce combat et qu'est-ce qui a changé depuis cette grève de joueuse ?

Je ne reviendrais pas très précisément sur cette grève, je parlerais juste de l'issue, qui est positive. Aujourd'hui Guingamp vit une belle évolution, que ça soit au niveau des infrastructures, des conditions de travail, de la qualité aussi de la formation et des joueuses. Donc je trouve que c'est ce qui reste bénéfique ne tout cas [de cette grève] et c'est ce que je veux pointer du doigt aujourd'hui.

 

Vous disiez être à l'écoute des jeunes joueuses. Justement comment vous les sentez et comment elles abordent la pression de cette compétition à la maison ?

Pour la plupart, je sens le groupe très bien. Après y'a des filles avec qui je parle un petit peu plus, et qui sont un peu plus jeunes mais qui ont quand même de l'expérience, donc j'essaye d'être là [pour elles]. Je ne suis pas toujours là dans une relation de soutien, peut être juste les écouter, échanger sur certaines choses, donc voilà moi mon rôle il se situe là.

 

Comment vous sentez Valérie Gauvin qui n'a pas débuté alors qu'elle était attendue titulaire face à la Corée du Sud ? Est-ce que vous la sentez revancharde, avec l'envie de prouver sa valeur, après cette histoire d'horaires ?

Moi je trouve ! En tout cas au vu de sa performance contre la Corée, je trouve qu'elle a démontré qu'elle aurait aimé être dans ce onze titulaire et au vu de ce qu'elle montre aussi, sur les entraînements qui ont suivi, elle est plutôt dans un état d'esprit de revancharde et je pense que ça laisse entendre quelque chose de bon pour elle. La déception [de ne pas avoir débuté] est passé. On se penche sur autre chose maintenant, on est sur le second match et on travaille toutes pour préparer ce match [contre la Norvège] au mieux.

 

Est-ce que vous avez un hymne, une chanson, quelque chose qui vous fédère à l’intérieur du groupe, auquel les supporters pourrait peut être aussi s'identifier ?

Non je n'ai pas de chanson particulière. Après je sais que le groupe apprécie beaucoup Aya Nakamura comme chanteuse, si ça peut vous aider.

Dounia MESLI