En zone mixte, Amandine Henry nous a accordé une interview pour comprendre la tournure de ce match, qui a vu Lyon gagner au bout du suspens face à Grenoble, cette demi-finale de Coupe de France (1-0).
 
 
Drôle de match. Vous vous y attendiez ?
Pas énormément de plaisir, mais la qualif est là, donc on va retenir que ça ce soir.
 
Comment vous expliquez toutes ces difficultés de marquer, de faire tomber la décision plus tôt ?
Ce n'était pas facile de trouver la faille face à une défense compacte, on a tenté beaucoup de centres, parce qu'il n'y avait pas assez de mouvements dans la surface. On ne s'est pas assez imposé à mon avis, on n'a pas assez frappé de loin pour les faire sortir.
 
Est-ce qu'il y a eu de la précipitation selon toi ?
Non parce qu'il y a eu quand même 90 minutes donc on avait le temps [de renverser notre adversaire]. Mais de toute façon faire tourner le ballon quand une équipe ne sort pas, ça ne sert à rien, donc on aurait dû trouver d'autres solutions, que de passer par les centres, comme avec des frappes de loin qui auraient pu nous permettre de trouver le chemin des filets.
 
Est-ce que vous êtes dans un bon rythme selon toi ?
C'est compliqué là, il y a eu beaucoup de fatigue [accumulée], les retours de sélections. Certaines ont joué aux Etats-Unis (comme Saki Kumagai avec le Japon ou encore Lucy Bronze avec l'Angleterre qui a remporté la SheBelieves Cup), plusieurs matches, beaucoup de blessées au sein de l'effectif, mais bon c'est normal aussi [ce rythme].
 
Mentalement ça doit être difficile tout de même, surtout avec la Coupe du Monde qui se profile et toutes les grosses échéances qui vous attendent en club, le niveau qui devient de plus en plus relevé ?
Il y'a le meilleur qui arrive, donc heureusement (rires) qu'on garde le rythme.
 
Le meilleur ou le plus dur (avec un quart de finale face à Wolfsburg) ?
Oui mais je pense que quand c'est plus dur, c'est le meilleur (sourire), donc !
 
 
Est-ce que ça vous inquiète pour la suite (elle esquisse un sourire), ces difficultés offensives que vous avez depuis quelques temps ? Je pense notamment au match contre Lille en championnat (gagné 1-0).
Oui et non, après voilà pour la suite ça sera des gros matches et je pense que ça sera des équipes un peu plus [joueuse], ouverte qui auront envie de jouer aussi et qui vont vouloir aller chercher des résultats, donc je pense que ça sera différent, on ne fera pas qu'attaquer, on défendra aussi donc je pense que ça sera des matches un peu plus ouverts.
 
Ce qui est difficile aussi face à ces équipes plutôt regroupées derrières et dîtes à votre portée, c'est qu'il faut garder son calme, ne pas perdre son sang-froid ?
Oui (rires), c'est facile à dire (sourire) mais quand on est sur le terrain, qu'il y a un jeu qui est haché toutes les 5 minutes, quand il y a un blessé, un changement, ce n'est pas facile [de rester calme], donc c'est vrai qu'on doit garder son sang-froid, mais ce n'est pas toujours facile.
 
Justement est-ce que la sortie d'Eugénie Le Sommer (sur blessure à la 24e minute), ça vous a fait un peu de mal pour avoir plus de facilité pour trouver la faille de Grenoble ?
Bah oui forcément, c'est une joueuse offensive, qui revenait de blessure, donc elle avait envie de montrer qu'elle était revenue, et malheureusement ça nous enlève un poids offensivement. Mais il fallait faire avec, c'est le court du jeu, on ne peut pas le prévoir.
 
Le but était un soulagement pour vous ? Comment tu l'as vécu justement cette "délivrance" comme tu étais sur le terrain ?
Oui (rires) on s'est dit : "Ouf, pas les pénos" (rires) parce que quand la chance ne sourit pas [c'est cruciale]. Sur les penaltys pour moi, c'est du 50/50 donc oui c'était un soulagement [d'avoir marqué avant].
 
On peut dire que Grenoble a été héroïque tout de même face à vous, d'avoir su vous résister jusqu'à la 93e minute quand même ?
Oui elles se sont battues avec leurs armes, elles ont été très courageuses, et elles peuvent être fières d'elles [de leur parcours et de ce qu'elles ont démontré face à nous].
 
Tu connais le finaliste que vous allez affronter ?
Oui c'est Lille.
 
C'est une surprise ?
Petite surprise, parce qu'on a été accroché par elles en championnat. Pareilles, elles mettent le bloc devant le but et puis elles jouent en contre, donc ce n'est pas facile non plus [de jouer contre elles].
 
Vous n'avez pas peur ?
Non, mais il faudra les prendre au sérieux. Aujourd'hui (dimanche ndlr), franchement si on avait suivi la logique des choses sur le papier, on aurait du gagner je ne sais pas avec combien de différence de buts, mais voilà on ne sait jamais, il faut toujours être sérieuses. Il faut respecter l'adversaire. Sur ce match, je pense que ça s'est vu sur le terrain quand on s'énervées un petit peu, et quand on a marqué la rage qui est sortie, ça a montré aussi qu'on était soulagé et qu'on avait pris au sérieux cette équipe de Grenoble, qui nous a fait peur. Au bout du compte, c'est logique comme victoire.
Dounia MESLI