Malgré une prime FIFA augmentée pour la Coupe du monde 2019, les écarts de salaire et de primes de compétition entre le foot féminin et le foot masculin sont toujours criants. Coeurs de Foot a voulu débattre avec Amandine Henry, joueuse de l'Olympique lyonnais et de l'équipe de France, de ces écarts femmes/hommes. 

 

A qui la faute ? Sans doute à une culture arriérée héritée du baron Pierre de Coubertin, une culture machiste, qui perdure et qui n'a aucun sens. Aujourd'hui, les retombées économiques sont encore trop faibles dans le football féminin, car la médiatisation s'est faite trop tardivement et sans réel attrait ou suivi. Outre la Coupe du monde, la Ligue des champions de l'UEFA et ses écarts de primes entre hommes et femmes illustrent parfaitement ce déséquilibre. Le club vainqueur de la Ligue des championnes 2019 touchera par exemple une prime de 250 000 euros. Pour le club vainqueur chez les hommes, la prime sera de 19 millions d'euros, soit une prime 76 fois plus élevée que chez les femmes !

 

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Amandine Henry, qui a remporté la saison dernière la Ligue des championnes avec l'Olympique lyonnais, est bien placée pour parler de ces écarts. « C'est un cercle vicieux, parce que tu es moins médiatisée donc tu as moins de sponsors, et donc moins de revenus, et au final moins de tout, a expliqué Amandine à Coeurs de Foot. On pourrait dire que c'est "normal", ou logique tout du moins. On rapporte moins donc on touche moins. »

Certes ! La logique est implacable. Mais on pourrait rétorquer que l'UEFA, tout comme la FIFA, ne devraient pas forcément s'appuyer sur ce seul critère de rentabilité pour évaluer leurs primes. « Oui je suis d'accord, nous concède Amandine Henry. Mais [quand] tu joues une finale devant 10.000 ou 20.000 spectateurs et chez les garçons tu en as 60 voir 80.000, je pense que déjà au niveau du budget on n'est pas pareils, donc oui je pense que c'est un business. »

En outre, peu de joueuses sont réellement connues du grand public. Pour changer cela, les joueuses doivent peut-être développer leur communication, leur stratégie marketing et faire parler d'elles. A l'instar des stars masculines qui ont bien compris ce système et savent s'en servir pour augmenter leur valeur marchande. Mais sont-elles vraiment prêtes à franchir le pas ? A se mettre en danger en jouant avec leur communication et leur marketing et en faisant parler d'elles ? En ont-elles seulement envie ?

Lors d'une interview accordée à un autre média, Amandine Henry avait confié qu'elle n'enviait pas forcément les footballeurs par rapport à leurs salaires ou leurs primes. Mais elle a bien sûr accueilli favorablement la revalorisation récente des primes pour la Coupe du monde 2019 par la FIFA"Nous si on nous donne de l'argent au contraire on va le prendre (sourire). Surtout qu'après notre carrière, il faut penser aussi à notre reconversion et pour l'instant le foot féminin ne permet pas de vivre de ses rentes, donc oui si on peut avoir des meilleurs primes on ne va pas s'en priver." Sachant qu'une partie de ces primes sera allouée aux clubs dont les joueuses disputeront la Coupe du monde. "C'est une belle avancée pour aider les clubs féminins à être mieux structurés, pour la formation, pour tout ça surtout oui c'est important."

 

Photo : Nicolas Lacambre

Dounia MESLI & Arnaud Le Quéré