Dans ce premier tour, le groupe C devrait faire partie des poules suivies de près, entre les ambitions australiennes et un Brésil qui semble proche du crépuscule. Une situation qui laisse une porte ouverte pour l'Italie de retour dans un Mondial, 20 ans après alors que les Reggae Girlz jamaïcaines s'apprêtent à disputer leur première Coupe du Monde.

 

Depuis plusieurs mois, l'Australie a réaffirmé ses ambitions de titre mondial à l'occasion de cette Coupe du Monde en France. Un dessein qui correspond aux résultats obtenus par les Matildas depuis deux ans, avec notamment une victoire à l'été 2017 face aux États-Unis, la première en 28 matches.

 

L'Australie vise le sommet

Ce résultat a été l'un des signes de la capacité de la sélection australienne d'affronter désormais les yeux dans les yeux les meilleures équipes du Monde, et même de gagner. Le Brésil, futur adversaire de l'Australie dans ce groupe C en sait quelque chose, battu lors des quatre dernières rencontres entre les deux équipes, dont un cinglant 6-1 à l'été 2017 lors du Tournoi des Nations.

Parmi les joueuses qui ont explosé ces derniers années, le nom qui revient est celui de Sam Kerr: depuis 2017, l'attaquante australienne a inscrit 23 de ses 31 buts en sélection. Toujours en attaque, l'Australie peut également compter sur l'inoxydable Lisa de Vanna, déjà présente en 2007 lors du premier quart de finale mondial de l'Australie, déjà face au Brésil.

 

=> [Coupe du Monde 2019] Sam Kerr, fer de lance des ambitions australiennes

 

D'autres joueuses sont parvenues à se rendre indispensable ces derniers mois, à l'image d'Ellie Carpenter, latérale droite, et déjà incontournable à seulement 19 ans. Emily Gielnik s'est également imposée comme une option offensive sortie du banc, tandis que les Matildas peuvent compter sur le retour d'Hayley Raso, après plusieurs blessures qui avaient limité son temps de jeu en équipe nationale.

 

Un nouveau cap à passer

Cette progression de l'Australie a longtemps été associée avec la personnalité d'Alen Stajcic, sélectionneur depuis 2014, avant d'être écarté en janvier dernier. En cause, un environnement jugé dégradé au sein et autour de l'équipe nationale, poussant la fédération australienne à changer de sélectionneur malgré l'approche du Mondial. Une décision critiquée par une partie des joueuses, mais son successeur, Ante Milicic, semble pour le moment en mesure de prolonger la dynamique.

Avec des arguments indéniables, l'Australie est toujours dans l'attente d'un premier coup de maître sur la scène internationale. Récemment, c'est le Japon qui s'est mis en travers du chemin des Matildas, lors du dernier Mondial au Canada, et en finale des deux dernières coupes d'Asie (2014 et 2018). L'an dernier en Jordanie, les Nadeshiko avaient d'ailleurs proposé une leçon de réalisme face à une Australie pourtant promise à la victoire finale.

C'est un costume de favori que les joueuses d'Océanie doivent peut-être apprendre à porter, et se montrer capable d'assumer cette position dans un grand tournoi. Le revers de la médaille pour une équipe ambitieuse.

 

Un Brésil dans le doute

Si l'Australie aborde ce tournoi avec détermination, l'anxiété est probablement plus forte du côté des supporters de la Seleçao. Depuis l'échec lors des Jeux Olympiques de Rio, et une quatrième place cruelle, la pente semble plus que jamais glissante pour une équipe qui faisait office de référence dans les années 2000.

Une époque qui semble lointaine, mais une partie des protagonistes de l'époque sont toujours présentes en sélection. On retrouve bien évidemment Marta, capitaine et qui fait toujours figure de métronome du jeu brésilien. C'est également le cas de la Parisienne Formiga qui à 41 ans, s'apprête à disputer sa septième Coupe du Monde, soit tous les tournois depuis 1995.

Cristiane a également fait son retour en Seleçao, une réapparition retardée par des pépins physiques, alors que la goleadora auriverde de 34 ans avait claqué la porte de la sélection suite au limogeage d'Emily Lima à l'automne 2017. De fait, la sélection brésilienne est à la fois très expérimentée mais apparaît également comme vieillissante.

 

Ça passe ou ça casse

Le secteur offensif brésilien fait pourtant forte impression, avec notamment Debinha, championne de NWSL en 2018 avec le North Carolina Courage ou Ludmila da Silva, l'attaquante de l'Atlético de Madrid dont les accélérations devraient mettre quelques défenseures adverses dans le rouge.

Le principal point d'interrogation est d'abord sur le plan défensif, avec notamment le forfait de Rafaelle en défense centrale, blessée au genou depuis de longs mois et qui n'est pas parvenue à se rétablir pour le Mondial. À l'approche du tournoi ,d'autres joueuses cadres sont dans le doute sur le plan physique, à l'image de Marta ou de l'ancienne parisienne, Erika. Une absence qui s'ajoute à la difficulté du Brésil ces derniers temps de proposer de véritables mouvements collectifs dans la construction de son jeu offensif.

De fait, le Brésil peut s'attendre au meilleur comme au pire dans ce premier tour. Une Seleçao qui a enchaîné les défaites lors de ses 9 derniers matches amicaux, une série forcément préoccupante avant de se lancer dans la compétition.

 

Une chance à saisir pour l'Italie

Une situation dont espère profiter l'Italie, de retour en Coupe du Monde pour la première fois depuis vingt ans. À l'époque, l'actuelle sélectionneuse, Milena Bertolini était encore joueuse. Un long chemin, avec des anciennes internationales que l'on retrouve sur les bancs de touche à l'image de Rita Guarino, mondialiste en 1999 et aujourd'hui double-championne d'Italie à la tête de la Juventus de Turin.

On retrouve de nombreuses Bianconere dans les 23 joueuses retenues pour ce Mondial. La grande absente porte également les couleurs de la Juve, avec la blessure fin mars de Cecilia Salvai, devenue indispensable cette saison dans l'axe de la défense aussi bien à Turin qu'en sélection.

Une équipe italienne qui peut se montrer ambitieuse avec des joueuses capables de faire des différences en individuel, à l'image de Barbara Bonansea ou d'Alia Guagni. La Squadra Azzurra peut également compter sur la polyvalence de Cristiana Girelli, joueuse capable d'évoluer aussi bien à la pointe de l'attaque qu'au coeur du jeu sans oublier la qualité de passe de Manuela Giugliano, la jeune milieu de terrain du Milan AC.

Un potentiel indéniable et un besoin de se montrer réaliste face au but. Une qualité qui a parfois fait défaut à la sélection transalpine comme en témoigne cette incroyable défaite face à la Corée du Nord en finale de la Cyprus Cup, au mois de mars dernier. Une piqûre de rappel pour une équipe qui peut légitimement viser une place en 1/8e de finale.

 

Les Reggae Girlz à la table des grandes

Dans ce groupe C, on retrouve également la Jamaïque, l'un des quatre rookies de cette 8e édition de la Coupe du Monde. C'est une demi-surprise de retrouver les Reggae Girlz en France, après une année 2018 qui a mis à l'honneur les équipes caribéennes. Après Haïti dans la catégorie U20, la Jamaïque est devenue la première équipe des Antilles à se qualifier pour une Coupe du Monde.

Surprenante, l'équipe jamaïcaine s'est également appuyée sur des individualités hors du commun, à l'image de Khadija Shaw, insatiable buteuse des Reggae Girlz (19 buts en 12 matches lors des qualifications). À 22 ans, cette Coupe du Monde pourrait être un tremplin en vue d'une carrière professionnelle, après avoir brillé dans le championnat universitaire aux États-Unis (13 buts et 5 passes décisives lors des 14 matches joués en 2018). Plus récemment, ses doublés en préparation du Mondial face au Chili et l'Écosse ont donné le ton, même si une entorse à la cheville subie en Écosse pourrait l'handicaper pour le début du tournoi. 

Dans l'ombre de « Bunny » Shaw, un autre jeune joueuse pourrait se mettre en évidence. À 17 ans, Jody Brown est également une serial-buteuse en devenir. Sur un plan collectif, les Reggae Girlz peuvent compter sur leurs qualités athlétiques, une des forces sur lesquelles Hue Menzies, le coach jamaïcain veut s'appuyer dans ce tournoi.

Pourtant, avec de faibles moyens à sa disposition, la sélection jamaïcaine aborde cette compétition avec peu de repères. L'effectif s'appuie sur nombre de joueuses qui ont grandi ou sont passées par les États-Unis à un niveau universitaire. Parmi elles, certaines joueuses ont rejoint la sélection jamaïcaine ces derniers mois à l'image de Kayla McCoy (également incertaine pour le Mondial) et Cheyna Matthews, qui évoluent toutes deux en NWSL.

 

Photo: Getty Images

 

Les équipes du Groupe C :

Australie

Classement FIFA: 6e

Participation en Coupe du Monde: 7e participation

Dernière participation : 2015 (quart-de-finaliste)

Meilleur résultat : Quart-de-finaliste (2007, 2011 et 2015)

Capitaine: Sam Kerr (Chicago Red Stars / États-Unis)

Comment se sont-elles qualifiées ? Finalistes de la Coupe d'Asie des Nations 2018

 

Brésil

Classement FIFA: 10e

Participation en Coupe du Monde: 8e participation

Dernière participation : 2015 (1/8e de finale)

Meilleur résultat : Finaliste (2007)

Capitaine: Marta (Orlando Pride / États-Unis)

Comment se sont-elles qualifiées ? Vainqueures de la Copa América 2018

 

Italie

Classement FIFA: 15e

Participation en Coupe du Monde: 3e participation

Dernière participation : 1999 (premier tour)

Meilleur résultat : Quart-de-finaliste (1991)

Capitaine: Sara Gama (Juventus de Turin / Italie)

Comment se sont-elles qualifiées ? Vainqueures du groupe 6 de qualification dans la zone UEFA

 

Jamaïque

Classement FIFA: 53e

Participation en Coupe du Monde: 1re participation

Dernière participation : /

Meilleur résultat : /

Capitaine: Konya Plummer (UCF Knights / États-Unis [universitaire])

Comment se sont-elles qualifiées ? Troisièmes de la Coupe de la CONCACAF 2018 (Gold Cup)

 

Groupe C – Le programme des rencontres :

Australie – Italie (9 juin, 13h – Stade du Hainaut, Valenciennes)

Brésil – Jamaïque (9 juin, 15h30 – Stade des Alpes, Grenoble)

Australie – Brésil (13 juin, 18h – Stade de la Mosson, Montpellier)

Jamaïque – Italie (14 juin, 18h – Stade Auguste-Delaune, Reims)

Jamaïque – Australie (18 juin, 21h – Stade des Alpes, Grenoble)

Italie – Brésil (18 juin, 21h – Stade du Hainaut, Valenciennes)

Hichem Djemai