Ce jeudi s'est jouée la première finale 100% française de Ligue des Championnes, à Cardiff au Pays de Galles. D'un côté l'équipe du PSG, de l'autre celle de l'OL. Paris participait à sa deuxième finale dans cette compétition européenne et pouvait soulever son premier trophée, alors que Lyon allait glaner son quatrième titre. Pour vivre la rencontre, nous avons embarqué avec le groupe de supporters des Parisiennes, jeudi. Chronique d'un déplacement avec le Collectif Ultras Paris.

 

Arrivée à l'aéroport d'Orly Sud, on remarque déjà l'attroupement de supporters amassés devant le checking, avec pour certains des banderoles, tambours et bâches. On compte environ 160 personnes venues faire vibrer le stade de Cardiff. Les regards sont accueillants et on se sent à l'aise rapidement. On apprécie déjà la ferveur parisienne, qui peu à peu s'installe chez ces acteurs des tribunes, ou le douzième homme pour certains. Il y a quelques femmes venues pour l'occasion, qui ne sont pas forcément du CUP, mais qui ont aussi bénéficié du pack supporters mis en place par le club, pour seulement 50€ aller/retour. Le décollage s'est fait sans heurts à 14h45.
Dans l'avion, l'agitation commence à se faire ressentir chez les Ultras, qui se chauffent déjà la voix. Le personnel de bord en pâti quelque peu, mais ça reste dans la bonne humeur. Une galvanisation qui est peut être un avant goût de la suite dans les gradins. Les Ultras se préparent à l'ambiance, avec des chants, des blagues, des rires, des hymnes à la gloire du PSG.

 

Enfin posé à Cardiff, le CUP attend les navettes pour rejoindre le stade, l'enceinte de leur expression et de leur match. Quatre bus ont été affrétés par le PSG pour les nombreux supporters, de plus en plus exaltés par ce qui les attend dans cette finale. Le temps qui les sépare du coup d'envoi s'amenuise et leur excitation ne fait que monter de plus belle. Le moment est enfin venu. Descendus des cars, les supporters font le plein d'énergie, certains vont même faire la rencontre de la famille des Parisiennes, la maman d'Irène Paredes par exemple. Cette parenthèse plus tard, les supporters prennent enfin la direction du Cardiff City Stadium, l'antre de cette finale 2017. Le spectacle du Collectif débute dès l'entrée du stade, avec la bâche de Paris, et de ces couleurs pour la photo d'avant-match entre supporters. A 19h passée et dès les premières minutes de cette confrontation, les encouragements pour les Parisiennes résonnent dans le stade, tout comme les huements pour les Lyonnaises, qui regardent ces Ultras avec effarement. Les joueuses de Jean-Michel Aulas ne sont pas habituées à un tel accueil pour leur échauffement d'avant match. Les Parisiennes remercient quant à elles tous ces supporters venus les soutenir, un jour de semaine.

 
Deux heures plus tard, le coup d'envoi est donné par Bibiana Steinhaus. Les Ultras poussent plus fort encore leur clameur, les Parisiennes n'en sont que plus demandeuses et réjouies de ce soutien. Une vraie force dans leur jeu et leur volonté de satisfaire leurs supporters. Parce que dans le football ça ne se joue parfois à rien, un détail qui change tout, un public à la faveur d'une équipe plus que l'autre. Parfois c'est suffisant, et d'autre fois, l'équipe en face est plus forte, et la chance a aussi son mot à dire. Le CUP aura intensément pendant plus de 120 minutes poussé la chansonnette, sans s'arrêter pour donner cet élan aux Parisiennes dans leur finale face aux Lyonnaises, qui semblaient parfois touchées par ce partie pris. Un partie pris qui a gagné plus de la moitié du stade, appréciant de pouvoir participer aus claps des Ultras, qui les engrainés a les rejoindre. Quelques-uns ont rallié le CUP en seconde mi-temps. Un stade qui résonne au chant parisien, c'est rarement le cas d'habitude, mais de moins en moins depuis le mois de janvier, où l'on a déjà vu les supporters face à Albi ou encore Bordeaux pousser les Parisiennes vers le but. Sans pour autant mettre plus de pression que celà aux Lyonnaises, dans cette finale de Ligue des Championnes, peut être bien trop expérimentées, pour être déconcentrées. Pourtant cette pression est probablement suffisante puisque les Parisiennes vont tenir en échec les Lyonnaises. Jusqu'aux tirs au but. Comme lors de la Coupe de France - où le CUP n'était pas présent pour l'occasion - le scénario se répète, alors qu'à cette précédente finale le public de Vannes semblait être en très grande faveur pour l'OL. Cette seconde manche c'est Paris qui l'a remporte. Mais l'équipe chute encore dans ces tirs au but, qui ne sont que "la loterie" comme nous l'a dit Cédric, un fervent supporter. Après avoir tout donné, les Parisiennes sont dépitées et c'est Sarah Bouhaddi, la gardienne lyonnaise qui a offert la victoire en prime à son équipe.

 

Ce but va couper net la rage des supporters dans leur soutien indéfectible, quelques instants seulement cependant. Ca se compte en secondes. Ce sont des supporters abattus sur le coup, mais qui n'oublient pas que le plus important c'est de "continuer à témoigner" leur amour du maillot et des Parisiennes. Toute l'équipe, même celle qui n'ont joué que quelques minutes, les blessées, au repos ou prêtée ainsi que le coach parisien, Patrice Lair viennent applaudir les supporters pour leur dévouement "dans la victoire comme la défaite". Katarzyna Kiedrzynek et Sabrina Delannoy (qui jouait là sa dernière rencontre) seront les deux dernières Parisiennes à revenir remercier les supporters, dix minutes après cela. Quelques Ultras, les plus proches de la barrière séparant les tribunes de la piste, serrent les joueuses et les réconfortent dans ce moment douloureux et cette nouvelle désillusion. A l'instar de Cédric, qui m'a rapporté son admiration de la joueuse : "Elle mérite cet hommage parce qu'elle a sacrifié sa vie pour le PSG. Plus de douze ans au club et 10ans de capitanat. C'est une joueuse exemplaire, un modèle franchement, pour tout le monde." Des supporters qui ne tiennent "pas rigueur de ce résultat" mais de "la dévotion des joueuses à l'amour du maillot et des valeurs qu'elles véhiculent". Le match a aussi été l'occasion de ne pas oublier cette supportrice décédée récemment des suites d'une maladie, Yael, à qui les Ultras ont clamé leur hommage. Avant de voir le trophée remis, les Parisiennes récupèrent leur médaille de deuxième finaliste, avec la haie d'honneur lyonnaise. Anecdotique. Les Lyonnaises fêtent leur titre.

 

Il n'y aura pas de troisième mi-temps pour les Ultras, qui quittent le stade quelques minutes après tous les autres spectateurs. Quand soudain, à quelques mètres de la sortie du Cardiff City Stadium, des applaudissements de certains supporters et de clubs locaux viennent casser ce calme plein. Des spectateurs qui les félicitent de leur engouement durant toute la rencontre, font le bonheur des Ultras, qui les remercient de ce geste. Paris n'a pas gagné la Ligue des Championnes, mais a gagné une image d'un club authentique et qui aime le football dans toute sa splendeur. Les chants reprennent en direction du bus, jusqu'au bout de la nuit.

 

Revenu à l'aéroport, chacun récupère à nouveau son billet pour le retour à Paris. Quelques minutes après cela, les familles des joueuses arrivent elles aussi, sans qu'on ne soit au courant de leur arrivée pourtant. Les deux parties s'applaudissent et les familles remercient chaleureusement les supporters de leur encouragement à leur fille, soeur, amies, coéquipières... Un moment riche en émotions. Une marque de reconnaissance qui ravie les Ultras. Mais peu de temps après cela, on aperçoit au loin le car lyonnais. Laura Georges interpelle les Ultras pour les calmer dans leur ardeur, mais rien y fera, ils ont besoin d'exprimer leur peine. La colère des supporters résonnent dans l'enceinte de l'aéroport, depuis ce geste inopiné de Renard après avoir inscrit son tir au but. Les Lyonnaises arrivent un peu surprises de ce mouvement de foule, protégées par la sécurité, mais elles répondent à leur manière aux chants parisiens. Laura Georges doit encore intervenir pour stopper la tension, elle sait que ça ne changera rien à l'issue de la rencontre à présent. Un dernier hymne pour les quelques Parisiennes présentes avec eux, comme Marie-Antoinette Katoto, Sarah Palacin, Shirley Cruz, Formiga, Cristiane ou encore Erika et les Ultras prennent leur vol pour Paris. Les questions commencent à cogiter dans la tête des supporters, mais aujourd'hui ils savent que le plus important c'est d'avoir été là pour leurs joueuses, de les avoir soutenu durant tout leur match et juste après leur défaite. Parce que c'est aussi ça le football, un état d'esprit à toute épreuve, comme nous l'a expliqué Fab, un des Ultras avec qui on a échangé "on sera toujours là pour elles". Nul doute que la vapeur finira par s'inverser dans les années à venir pour les Parisiennes, qui doivent continuer à croire en elles pour y arriver. Quoiqu'il arrive, aujourd'hui on sait encore plus que les supporters seront là pour donner le cap dans les moments difficiles aux Parisiennes et les pousser à la victoire.

 

Le lendemain de la rencontre, Fab nous a appelé pour nous rapporter les retours positifs, nombreux qu'ils ont reçu de l'ambiance qu'ils ont fait régner dans cette finale "tout le monde nous a félicité pour l'image qu'on a donné." Une petite récompense pour les Ultras, le club et les Parisiennes.

 

Photo : Collectif Ultras Paris

Dounia MESLI