Tout juste après le match nul face à Metz (2-2), la coach du Paris FC, Sandrine Soubeyrand, n'a pas caché son amertume, mais veut garder le positif avec un "groupe à fort potentiel" selon elle, qui doit se servir de cette mauvaise performance pour rebondir avant la prochaine trêve hivernale.

 

 

Sa réaction à chaud sur ce match nul face à Metz (2-2).

Je suis un peu déçue de la prestation de l'équipe, on a manqué de justesse technique pour pouvoir enchaîner [sur] des phases offensives et puis après sur le plan défensif on a manqué d'impact dans les duels. Il ne suffit pas d'être en nombre ou d'être devant le porteur du ballon, il faut être agressives pour pouvoir avoir envie de récupérer la balle. Donc on a manqué un peu d'ingrédients à mon sens qui font partis du haut niveau, c'est à dire être dans les duels, de mettre de l'impact physique et avoir de la justesse technique quand on a le ballon. Ce n'était pas assez, c'était insuffisant pour pouvoir [l'emporter]. Même si on aurait pu l'emporter, je crois qu'en première mi-temps surtout aussi on a manqué d'efficacité offensive, on a eu plusieurs occasions, on a pas marqué, on a laissé l'adversaire espérer. On savait que c'était un adversaire qui est peut être moins bien classé que nous, mais qui mentalement ne lâcherait pas et au bout du bout on s’aperçoit qu'elles ont rien lâché pendant 90 minutes.

 

Au début du match on a vu beaucoup de choses mises en place par votre équipe, mais qui n'ont pas abouti ?

Non mais justement c'est bien de mettre des choses en place, mais il faut que ça soit efficace. Si c'est juste pour les mettre, ça ne sert à rien. On a eu plusieurs occasions, on a pas tué le match. On est tombé dans [un mauvais rythme], on a pas mis beaucoup de rythme [dans le jeu], on a enchaîné peu de séquences de possession où on faisait courir l'adversaire et à la sortie au bout du match, on termine sur ce score, on aurait pu le perdre aussi [le match].

 

Est-ce que vous vous êtes fait piéger par Metz ? Vos joueuses ne s'attendaient peut être pas à une équipe de Metz "aussi belle" entre guillemets aujourd'hui (après son mauvais début de saison et avant dernière au classement de D1) ?

Quand j'avais présenté l'équipe, j'avais dit que pour moi c'était une très bonne équipe, je les avais observé sur plusieurs matches. Maintenant entre le dire [et en prendre conscience]. Je ne pense pas qu'on les a sous-estimé, on les a pris sérieusement mais après il faut être efficace. Le haut niveau c'est une succession de détails et quand vous laissez espérer l'adversaire, vous n'êtes jamais à l'abris de [ce genre de scénario] et à la sortie, c'est ce qui se passe, alors qu'on est en place sur le deuxième but (sur le corner frappé par Thiney) et qu'on réussi à marquer. On se fait égaliser sur une erreur défensive, je ne comprends pas pourquoi on fait une faute alors qu'on est pas en difficulté, mais c'est tout un tas d'erreurs successives, qui nous coûtent la victoire.

 

C'est vrai que l'équipe adversaire à égaliser sur leur deux temps forts de la rencontre. Est-ce que vous sentiez au cours du match que Metz revenait dans la course pour aller chercher cette égalisation voir la victoire ?

Exactement.

Oui oui tout à fait, mais dès la première mi-temps, au bout de la 30e minutes de jeu, ils ont commencé à produire du jeu, et là on a été [piégé]. Alors comme je l'avais déjà dit, on a commencé par trois victoires [depuis ma prise de fonction] mais c'était peut être trop beau et il faut du travail, beaucoup de travail, beaucoup d'exigence... J'ai laissé mon groupe [lors de la trêve internationale], plusieurs sont parties en sélections, elles reviennent et le temps de revenir de la sélection, le temps de se remettre dedans, ce sont des phases qui sont [inédites pour moi], que je découvre aussi. Mais je crois qu'il faut très vite repartir dans un esprit club et très vite [se ressaisir]. On a quatre matches qui nous attendent avant les fêtes et il faut absolument qu'on prenne des points. La dynamique n'est pas cassée, mais il faut vite repartir sur les bons rails, surtout dans les attitudes et avoir un peu plus de cohésion collective et de force collective qui doit se dégager de cette équipe-là, avec des joueuses qui sont à fort potentiel. Ce n'est pas parce qu'on fait match nul, qu'on doit tout remettre en cause, j'ai des très bonnes joueuses, j'ai un groupe solide, maintenant il faut aussi qu'on se construise, peut être aussi un peu dans la difficulté.

 

C'est l'effervescence de votre arrivée qui est retombée peut être selon vous ?

Oui sans doute, la nouveauté ça ne dure qu'un temps (sourire). Mais par contre ce qui a de sûr, c'est que c'est un groupe à fort potentiel, mais qui doit être plus exigent avec lui-même. Le haut niveau c'est pas juste de se dire et d'aller sur le terrain, en se disant j'ai un fort potentiel, il faut le prouver et être au-dessus de l'adversaire. C'est aussi là qu'est mon job. A un moment elles ont des qualités, mais il faut le démontrer tous les week-ends et il faut le démontrer à chaque fois qu'elles ont la possession du ballon ou à chaque fois qu'on a pas la possession du ballon, il faut imposer à l'adversaire [une pression].

 

C'est vrai que le Paris FC (ex-Juvisy) est un club historique du championnat français, les meilleurs clubs du championnat ont beaucoup à perdre face à vous, alors que les clubs moins expérimentés peut être n'ont rien à perdre, donc vous n'avez pas vraiment une place facile dans cette D1 ?

Justement c'est aussi ce qui fait le charme de Paris FC. Il y a une histoire derrière, et on est attendu tout le temps et les équipes jouent à 120 ou 130% [face à nous]. C'est à nous aussi de nous mettre à ce niveau là, et de se dire que pour certaines, on est attendu parce que les adversaires n'ont rien à perdre et d'autres ont tout à gagner à nous battre. Mais ça c'est une attitude, c'est un état d'esprit, j'ai un groupe quand même jeune, qui pour certaines n'ont pas l'habitude d'être titulaires en D1, donc il faut aussi accepter de temps en temps que ça soit moins bien, pour que ça reparte encore mieux.

 

C'est l'étiquette du club qui colle à vos joueuses et qui les "déstabilisent" un peu ?

Oui mais c'est pas grave, je préfère avoir cette étiquette-là et qu'elles apprennent et qu'elles se construisent en tant que joueuses et qu'elles puissent un jour se dire "J'ai participé à l'histoire du club et ce n'était pas si simple que cela quand je jouais". Je pense qu'on est sur la bonne voie et il faut [continuer], le chemin n'est pas toujours tout beau, il est parfois sinueux et c'est aussi dans la difficulté qu'on ressort grandit donc il faut l'accepter. Ca fait partie de la performance, ce n'est pas toujours tout rose. C'est plutôt quand on gagne, qu'il faut se poser les bonnes questions, parce que quand on perd ou qu'on perd des points, on va se les poser. Et jusqu'à présent on avait gagné ou alors on avait perdu et là, on avait jamais fait match nul donc il faut aussi qu'on repart de l'avant et se dire qu'on a des qualités et un groupe avec un potentiel important. Maintenant il faut qu'on s'exprime collectivement et il faut que j'arrive à trouver la bonne cohésion et les bonnes complémentarités. Mais je n'ai aucun soucis à ce sujet, c'est un groupe qui répond bien, qui est travailleur et qui est à l'écoute. Après ça fait partie aussi du haut niveau, on sait qu'on va pas tout gagner non plus.

Dounia MESLI