La réaction de Phil Neville, le coach anglais après la défaite 2-1 contre les Etats-Unis en demi-finale de Coupe du Monde. Le technicien a expliqué qu'il était fièr de son équipe et reconnaît le succès mérité des Etats-Unis, mais veut croire en l'avenir pour parvenir à les surpasser !

 

Vous n'auriez pas pu faire plus ce soir en tant qu'équipe. Mais pouvez-vous nous parler du penalty raté par Steph Houghton ? Avait-t-elle la responsabilité de le frapper ?

Quand on a eu le penalty c'était à elle de le tirer. Je ne sais pas si je peux en parler maintenant, mais ça fait 6 mois qu'on travaille et analyse tous nos adversaires, tout le monde a fait ce travail. Oui on a raté un penalty, c'est un processus qu'on a mis en oeuvre, on avait des taux très élevés de réussite aux entraînements, Niki [Nikita Parris] en a raté deux aussi, alors on a parlé avec l'équipe à ce sujet et on a pensé que la prochaine meilleure joueuse sur le terrain a tiré un penalty serait elle [Steph Houghton]. Ce n'était pas juste le hasard, on n'a pas décidé de cela hier ou durant le match. Ce sont des centaines et des centaines de penalty tiré, on en marque et on en rate, c'est le football.

 

Maintenant vous allez aller à Nice, donc vous devez motiver l'équipe. Comment allez-vous procéder après cette défaite difficile à digérer ?

Je pense qu'on aura besoin de 24/48h pour se remettre de cette déception, je n'ai pas tous le mots pour effacer cela ce soir, mais on est vraiment au meilleur niveau mondial, au niveau de notre classement et de notre foot, donc dans 3 jours on aura un autre match à jouer et on doit se concentrer sur ça. Avant le match on ne voulait pas imaginer aller à Nice, maintenant c'est notre objectif, et samedi je vais voir l'attitude et la concentration de mes joueuses et je suis sur qu'elles ne me décevront pas, parce qu'elles ne l'ont jamais fait.

 

Nous avons vu une merveilleuse deuxième mi-temps, c'était un gros match, il y a une satisfaction à garder de cette rencontre ce soir ?

Tout le monde attend de gagner et attend qu'on gagne et j'imagine que les joueuses n'ont pas vraiment écouté quand je leur ai dit que j'étais fier d'elles. Mais dans le passé on acceptait un peu plus la défaite, on a changé sur ce point, on est venu ici pour gagner mais on n'y est pas parvenu. Tout ce que je peux dire c'est bonne chance aux Etats-Unis, elles ont montré ce qu'elles étaient capables de faire, et elles ont très bien joué les 15 premières minutes, mais après ca j'ai vu qu'on était dans le match, puisqu'on a égalisé rapidement. Malheureusement elles ont vite repris le dessus. C'était les meilleures 90 minutes que j'ai vu et vécu et maintenant on est prêt pour la 3e place !

 

Le message que vous avez fait passer aux joueuses?

Je ne voulais pas de larmes, je leur ai dit qu'on avait perdu mais que par rapport à la façon dont elles ont joué, il ne fallait pas avoir de regrets, elles ont tout donné, sans avoir de regrets. On est arrivé avec des attentes, et je pense qu'il faudrait qu'on puisse sourire, par que ce n'est pas encore fini, on devra battre les Pays-Bas je pense pour la médaille de bronze. Ma première pensée c'est comment on va jouer samedi et comment on va réussir à remporter les prochains Jeux Olympiques, et l'Euro à domicile en 2021. Cette expérience va nous permettre d'être meilleurs, on a encore une marge de progression, et on travaillera jusqu'a atteindre cet objectif.

 

Au cours des 12 derniers mois, il y a beaucoup de critiques sur votre nomination, et puis vous avez remporté la She Belives Cup en mars dernier. Comment vous vous projetez ?

J'ai déjà commencé à me projeter sur la suite, j'ai eu les 18 derniers mois de ma carrière de coach pour y réfléchir, j'ai vu la façon dont mes joueuses jouaient ce soir et ça m'a donné beaucoup de joie, les filles souriaient avant le match et elles ont joué de la manière dont on voulait jouer, et je veux que les gens voient qu'on est entrain de partir sur le bon chemin. On a eu des matches difficiles contre le Pays de Galles avant le mondial, mais cela nous rend meilleurs. Mes plus jeunes joueuses sont ici et elles ont encore 10/15 ans devant elles, et les seniors peuvent penser que c'est la fin pour elles, mais ce n'est pas encore le cas. Et je continue à dire qu'il faut toujours aller de l'avant, et dans un rythme très élevé.

 

Sur ces changements et les titularisations de Carli Telford et Rachel Daly dès le coup d'envoi

Je pense que Carli a été très forte ce soir, la façon dont elle a passé les ballons, je suis très fier d'elle. Rachel aurait pu jouer les deux derniers matches et quand je repense au match contre les Etats-Unis elle n'a eu qu'une passe durant les 45 premières minutes et ensuite elle eu 15 autres ballons en seconde période. Je l'ai changé de poste et elle avait besoin de jouer dans cette position. On voulait exploiter les espaces, mais on n'était pas assez agressive, on a été trop passives. On a concédé le deuxième but en première période, je pense qu'on avait besoin de faire des passes plus courtes pour les faire bouger plus, et on a réussi avec l'égalisation. Après leur deuxième but, elles ont géré et dominé le match à nouveau, le but [d'Ellen White] annulé et le penalty raté nous ont déstabilisé. Mais les Américaines ont mérité de gagner, donc bonne chance à elles pour la finale.

 

Plus de consistance au fil des ans, mais qu'est-ce qui fait qu'on a encore cette différence par rapport aux Etats-Unis ?

On a eu 4 ans de consistance, en ce qui concerne l'Angleterre. On est arrivés deux fois en demi-finale (lors de la Coupe du Monde 2015 également, demi-finale perdue contre le Japon) et on a besoin d'avoir cette reconnaissance, on a besoin de réduire cet écart [de niveau], dans nos ligues, chez les moins de 20, avec lesquelles on a eu une médaille de bronze lors de la Coupe du Monde U20 de 2018, et certaines peuvent arriver en équipe senior. On à un très bon point sur ça [sur la formation], et les Etats-Unis sont bonnes au niveau mental, et c'est la qu'on doit s'améliorer et je pense qu'on y arriver !

 

Sur le travail aux entraînements, la formation des jeunes et le développement à faire dans le futur pour rattraper les Etats-Unis

La Fédération est entrain de travailler sur ça, ça prendra du temps mais on est déjà dans ce processus. Je pense qu'on a plusieurs joueuses qu'on pourra incorporer à l'Euro 2021. Un travail énorme a été fait, tout n'a pas abouti mais ça sera le cas d'ici 2/3 ans, et notre objectif c'est de remporter l'Euro 2021. On veut devenir une des équipes la plus constante du monde, grace à notre Fédération.

 

Après le match des Etats-Unis contre la France, la coach française Corinne Diacre a dit que jouer les Américaines étaient différents de jouer les autres nations. Pensez-vous la même chose ?

Non je pense que c'est la même chose [que jouer face à n'importe quelle autre équipe], on s'est préparé de la même manière. La seule différence ce sont les 5 dernières minutes. On a eu des matches très difficiles contre les équipes de la SheBelieves Cup [en mars dernier] (Japon, Brésil et Etats-Unis), je pensais qu'on allait terminer à 4-4 cette rencontre parce que c'était intense, et personne ne voulait rien lâcher. Nous avons énormément de respect entre les deux équipes, et je pense que c'est la même entre les joueuses, elles ont beaucoup de respect les unes envers les autres.

J'ai joué dans un club qui était très important [dans le championnat anglais] et il y'a des équipes qui ont réussi à dépasser Manchester United. Je pense qu'à un moment c'est ce qui va arriver avec les Etats-Unis. C'était une de nos meilleures Coupe du Monde, les gens ont vu le meilleur football féminin jamais produit, plein de gens l'ont vu à la TV et pouvait admirer les joueuses, moi même et les sélectionneurs, et j'en suis très fier.

 

Photo : Manu Cahu​

Dounia MESLI