L'arbitre française Stéphanie Frappart, qui va devenir la première femme à officier durant toute une saison en Ligue 1 masculine, a déclaré lundi espérer que son parcours puisse inspirer d'autres femmes arbitres.

Âgée de 35 ans, la Francilienne Stéphanie Frappart est une pionnière. En avril dernier, elle fut la première femme à diriger un match de Ligue 1 (Amiens - Strasbourg, 0-0). Depuis, tout s'est enchaîné très vite. Un mois plus tard, elle arbitra un second match de Ligue 1 (Nice-Nantes, 1-1), puis elle prit part à la Coupe du monde féminine cet été en France. Le point culminant fut la finale de cette Coupe du monde le 7 juillet entre les Etats-Unis et les Pays-Bas (2-0), qu'elle a arbitré d'une main de maître.

Ses deux prestations remarquées en Ligue 1 lui ont ainsi valu d'être promue en juin dans cette division masculine pour toute la saison à venir, après cinq ans passés en Ligue 2. "C'est à la fois un privilège, un honneur et une responsabilité, avait-elle réagi en juin, au moment de sa désignation par la FFF. J'espère que mon parcours va encourager les jeunes filles à s'engager dans l'arbitrage".

Même si elle n'aime pas vraiment tirer la couverture vers elle par rapport à ses collègues masculins, Stéphanie Frappart s'enthousiasme volontiers de sa nomination. "Cela fait partie de mon rôle de susciter des vocations. C'est un réel plaisir de montrer que c'est possible. Maintenant, on pourra voir des femmes arbitres à la télé, c'est une fierté."

 

"Ils [Les joueurs] vont tester mes compétences, et il y aura aussi de la contestation"

 

Pour préparer la prochaine saison de Ligue 1, l'arbitre féminine a commencé en juillet un stage de reprise à Clairefontaine avec ses collègues masculins. Et en ce qui concerne les contrôles de rentrée, Stéphanie Frappart passera "les mêmes tests physiques que les garçons" car, justifie-t-elle, "les joueurs ne vont pas moins vite quand j'arbitre, donc les exigences ne doivent pas être moindres".

Malgré ses compétences et son expérience, l'arbitre s'attend à être mise à l'épreuve par les joueurs de Ligue 1: "Ils vont tester mes compétences, et il y aura aussi de la contestation", même s'il y a "une différence dans les mots, les gestes, la virulence. On ne s'adresse pas de la même manière à un homme ou à une femme".

Didier Quillot, le directeur général de la Ligue (LFP), estime lui aussi que la nomination d'une femme en Ligue 1 va forcément changer le comportement des joueurs."(Lors d'Amiens-Strasbourg) J'ai trouvé que, dans le comportement des joueurs vis-à-vis de Stéphanie Frappart, il y avait énormément de respect, de courtoisie. Un arbitre féminin, peut-être, va rendre les garçons plus courtois, plus respectueux des lois du jeu".

Le plus dur, mais aussi le plus beau, est encore à venir pour cette arbitre pionnière dans un monde du football souvent rallié pour son sexisme. Mais le fait d'être la seule femme dans ce milieu d'hommes ne lui fait pas peur. Elle se sent prête. "Le plus dur commence, je sais que je suis attendue. Je vais devoir faire ma place comme en Ligue 2, comme tout arbitre".

 

***Crédits photo : FFF

 

Arnaud Le Quéré