Difficile de se justifier pour une joueuse qui n'a pourtant rien à justifier, mais Kenza Dali a bien voulu s'exprimer par téléphone sur cette situation rocambolesque. L'internationale française a reçu ce vendredi - veille de match contre Lyon, son ancien club - un message blessant et calomnieux sur Instagram. 

 

Il est 20h10 et nous tombons sur le dernier post de Kenza Dali sur son compte Instagram - concernant sa sélection en A pour jouer le match face au Brésil - et au fil des commentaires, nous lisons l'un d'entre eux qui nous laisse sans voix. 

 

clowny79 : "Meuf sur le site de Dijon tu es cité comme blesser alors que mercredi tu annonces d’avoir le plaisir de jouer en équipe de France il sait passé quoi en 24h ? Tu as trop joué à la baballe avec ton neuveu ? En fait tu es à Dijon pourquoi ? Tu joues quand tu as envie ? Après le dernier rassemblement de l’équipe de France tu es revenue la veille à Dijon, tranquille toi ? Tu joues quand tu veux en fait. J’espère que tu es pas payé. A la place de Dijon ça me ferai mal de payer une joueuse en carton qui joue sa belle !"

 

Nous décidons alors de contacter l'internationale française, après avoir tissé un vrai lien de confiance avec elle, (suite à une longue interview en début de saison à Clairefontaine lors de son retour en A) pour prendre de ses nouvelles et connaître la raison de son absence du groupe pour le match face à Lyon, ce samedi.

 

Coeurs de Foot - Nous avons remarqué un commentaire sur ton compte Instagram assez désobligeant par rapport à ton absence dans le groupe face à Lyon demain...

Kenza Dali - J'ai mon téléphone qui ne fait que sonner parce que je ne suis pas dans le groupe face à Lyon ce samedi, mais que j'ai été appelée en A, et les gens comprennent pas, donc je vais donner ma version.

Contre Soyaux je suis arrivée la veille du match, je me suis entraînée la veille, mais c'est normal, on avait joué mardi soir [le 9 octobre, contre le Cameroun], la dislocation était mercredi matin, et le jeudi c'est notre jour de repos [à Dijon], donc je suis revenue à l'entraînement le vendredi [comme tout le monde], ce qui est logique.

 

Coeurs de Foot - Comment est-ce que tu as eu ta blessure?

K. D. - Je m'étais blessée contre le Cameroun déjà, et contre Rodez (le 27 octobre ndlr) je n'ai joué que les dernières 45 minutes pour tenter d'apporter à l'équipe [alors qu'il y avait 1-1 au score]. J'ai reçu un mauvais coup contre le Cameroun en fin de match, j'ai récupéré de ce choc-là, mais j'ai reçu un autre coup contre Paris (le 20 octobre). 

J'avais super mal, j'avais une grosse inflammation au genou, on a fait des radios, et il s'est avéré que j'avais un œdème osseux au genou suite aux coups. On a infiltré [de corticoïdes] le genou hier et c'est un acte médical qui nécessite 72 heures de repos, obligatoire. L'infiltration m'a soulagée [la douleur], mais je ne peux pas reprendre un match, peu importe l'équipe en face et c'est pour ça que je ne joue pas Lyon mais que je vais en équipe de France, car d'ici-là, j'aurai le droit de reprendre selon mon médecin.

 

Coeurs de Foot - Je sais que tu ne voulais pas communiquer à ce sujet, mais c'est important de le faire ?

K. D. - La coach en équipe de France est au courant de mon petit pépin physique. Je ne suis pas du genre à communiquer dessus, même par rapport au club, mais lorsque le groupe [de Dijon face à Lyon] est tombé, je n'ai pas eu le choix. Par rapport à tout ce que je fais au club, je trouve que ce n'est pas très juste à mon égard, parce que je me donne à fond lors de chaque match et chaque entraînement.

Je ne voulais pas communiquer, mais je suis obligée parce que de toute façon je ne pourrais pas prendre part au match demain contre Lyon et les gens vont se poser des questions. Je suis déjà frustrée de ne pas pouvoir jouer cette rencontre, donc...

 

Coeurs de Foot - Comment se passe tes semaines ?

K. D. - J'avais des semaines aménagées, parce que j'avais vraiment mal. C'est un coup, mais c'est un coup mal placé, qui m'a créé une inflammation. Je m'entraîne quand même avec le préparateur physique du club deux fois par jour en cardio et en muscu, et je n'ai arrêté les entraînements terrains que mercredi après l'infiltration [de corticoïdes au genou]. Jeudi et vendredi j'étais en salle également avec le prépa pour me permettre d'être en forme lundi pour l'équipe de France et de garder le rythme pour la suite avec Dijon.

 

Coeurs de Foot - Comment s'annonce la suite ?

K. D. - Demain samedi je reprends l'entraînement, mais individuel, je ne peux pas participer au match, mais lundi je serais sur pied normalement. C'est interdit de reprendre après une infiltration, parce que c'est trop douloureux, n'importe quel sportif doit rester "out" (au repos) minimum 48h après infiltration. Le coach m'a dit que c'était comme ça et que je ne pourrais pas être sur ce match contre Lyon et que lundi j'irais à Clairefontaine à 100% et point barre. 

Moi je suis la première dégoûtée de ne pas jouer ce match demain. En plus j'aime bien jouer Lyon moi (sourire), c'est un vrai match, et au niveau rythme c'est toujours mieux de jouer avant de partir en équipe de France, mais c'est ainsi. 

 

Coeurs de Foot - C'est une histoire invraisemblable et qui ne devrait pas exister dans le foot féminin ?

K. D. - Ça fait partie du jeu, on a des réseaux sociaux ouverts, donc c'est comme ça mais je me suis dit qu'il fallait que je communique parce que les gens vont se dire : "elle n'est pas à Lyon samedi, mais elle est à Clairefontaine lundi, comment ça se fait?". Donc j'étais obligée de communiquer, mais bon... ​

La semaine dernière après le match, alors qu'il y avait ma famille qui venait me voir - ils ne sont pas de Dijon - je suis restée 45 minutes avec des jeunes joueuses d'un club de football qui étaient venues voir le match et qui voulaient prendre des photos, avoir des autographes, discuter avec nous. Quand c'est des petites, il faut leur donner envie de croire en leur rêves et d'avoir cette envie de jouer au football.

La coach [Corinne Diacre] s'est exprimée sur le retour d'Amandine [Henry] et la blessure d'Eugénie [Le Sommer] mercredi, (ainsi que sur la blessure d'Ouleye Sarr) mais pas sur mon cas, parce que pour elle comme j'arrive à 100% lundi à Clairefontaine, elle ne voyait pas l'intérêt de vous en informer, mais elle sait que je ne joue pas face à Lyon. Depuis le match contre Paris, elle sait que j'ai pris un mauvais coup.

Dounia MESLI