Le présentateur vedette du Canal Football Club, Hervé Mathoux était présent à la conférence de presse pour la présentation du dispositif de la chaîne cryptée ce mardi 7 mai. Nous en avons profité pour échanger avec lui sur sa vision du football féminin, en particulier de la D1 diffusée sur Canal cette saison, mais aussi au sujet de la Coupe du Monde en France, qui sera diffusée en intégralité sur les antennes de Canal.

 

 

Sur la saison de D1 diffusée pour la première fois en intégralité par une chaîne TV (Canal+)

Je dirais que c'est une année, qui est une année charnière, c'est la première fois que la D1 est médiatisée comme elle l'a était. Ça reste malgré tout aujourd'hui une niche. Tous les matches ont été diffusés cette saison, mais de manière pour certains confidentiels, maintenant il ne faut pas passer à côté de ce qui s'est passé, avec les sommets entre le PSG et l'OL en prime time sur la case du dimanche soir, qui est un vrai pas en avant. Je pense que c'est l'année "Un" de la nouvelle ère du football domestique en France.
 
Est-ce que vous êtes aussi de ceux qui ne veulent plus dire football féminin ?

Ouiii (un peu ironique) y'a qu'un football, c'est du football... Honnêtement je pense que c'est de l'énergie perdue de s’écharper sur de la sémantique, ce qui compte je pense c'est qu'il faut être clair, moi ça ne me choque pas qu'on dise football féminin, en passant par le championnat féminin. Si on dit "Passant à la D1" sachant qu'il n'y a qu'une D1, puisque la Ligue 1 est masculine, ce n'est pas très grave. Je pense qu'il faut quand même aller chercher le grand public, et pour aller chercher le grand public s'il faut utiliser les mots qui éventuellement choquent un peu les puristes, ce n'est pas très grave, si ça sert la cause.
 
Comment vous voyez cette Coupe du Monde en France ?

Je pense que quoiqu'il arrive, il y aura un élan. Ce qui va jouer c'est l'intensité de cet élan, en fonction de, ce que je disait tout à l'heure, c'est à dire et des résultats et de ceux qui sera construits, des liens qui se seront tissés, donc je pense qu'elles ont une forte responsabilité sur les épaules les joueuses de l'équipe de France, qui va au-delà d'aller chercher un trophée. Elles doivent faire rêver les Français et faire rêver les jeunes filles qui ont envie de jouer au foot. Donc j'espère qu'elles vont être à la hauteur de cette charge, encore une fois pas seulement sportivement, oui ça serait bien qu'elles arrivent je dirais en demi-finale, qu'elles soient présentes au minimum la dernière semaine. Mais qu'elles soient aussi à la hauteur de cette charge dans la responsabilité sociale qu'elles doivent porter. C'est lourd à portée, mais en quelque sorte ce sont des pionnières quelque part, il faut qu'elles assument.
 
Est-ce que vous pensez qu'il faut traiter les joueuses de la même manière que les joueurs comme Pierre Mènes l'a dit ?

Pierre est un peu brutal sur le foot masculin, donc j'entends son propos de dire [qu'il ne faut pas dissocier le traitement des deux]. C'est vrai que là où il a raison, c'est que la compassion, l'espèce de mièvrerie sur prétexte que ce sont des femmes, ça ne serait pas une bonne attitude. Maintenant il faut malgré tout être juste et juger un football qui en est aux prémices du professionnalisme donc il ne faut pas non plus avoir la main trop lourde. Sur les gardiennes par exemple, on sait que c'est un poste où il y a assez peu d'entraînements spécifiques dans les clubs, en D1 en tout cas. Il faut malgré tout juger sans compassion et sans mièvrerie, mais avec justesse d'analyse par rapport au stade où on est le football féminin aujourd'hui.
 
Sur les chances de l'équipe de France àa la Coupe du Monde

J'ai le sentiment et ce qui est plutôt un gage de succès, c'est qu'il y a des joueuses qui arrivent soit en fin de carrière soit qui sont au sommet de leur carrière, qui vont être là pour apporter leur expérience et puis des petites jeunes, qui poussent. Avant que ça commence, on ne sait jamais si c'est le bon, si il y a une symbiose dans l'équipe entre les anciennes et les jeunes. C'est à la sélectionneure d'y arriver, elle a fait ses choix, j'espère qu'elle a fait les bons et que cette mayonnaise va prendre. Il n'y a plus qu'à attendre le jour-j et à regarder, mais je pense que c'est difficile de savoir comment ça va se passer.

Dounia MESLI