En passant de la D2 à la D1, Metz a eu bien du mal à s'adapter. Après avoir survolé son groupe A - tandis que Bordeaux était au coude à coude avec Yzeure, ou encore Marseille, très loin devant ses outsiders - l'élite à été une marche trop haute. David Fanzel a mené cette équipe pour sa seconde montée en D1, inscrivant par la même 74 buts (Bordeaux aussi, Marseille 66) pour seulement 14 d'encaissés (comme les deux autres promus). Le scénario est bien différent aujourd'hui, et pourtant le potentiel est bien là. Alors après avoir dominé sans partage à l'étage en-dessous, la claque a été difficile à digérer. Mais les Messines sont parvenues à accrocher leur première victoire hier contre Bordeaux sur le score de 2-1, à l’extérieur. Une première qu'on a voulu vous faire vivre, on a donc appelé le coach du FC Metz, David Fanzel pour avoir son ressenti à ce sujet.

 

Le résumé du match => D1F (Bordeaux/Metz 1-2) : Les Messines arrachent leur première victoire

 

Une très belle victoire hier contre Bordeaux. Je pense qu'aujourd'hui vous êtes tout juste entrain de redescendre de votre nuage ?
David Fanzel - Oui oui oui bah tout de suite. En plus on a eu des retards dans les trains (rires) donc on retourne vite [à la réalité]. Non voilà, on a gagné un match, notre premier [de la saison] avec un superbe but à la fin donc c'est bien, c'est génial, ça donne un peu de soleil dans notre saison noire et voilà on a prouvé qu'on pouvait rivaliser en D1. Maintenant on a monté un escalier, il en reste quelques uns encore. Voilà ça donne de l'espoir mais il faut vite repartir dès ce soir pour [le match contre] Rodez.
Il faut vite se remettre au boulot parce qu'il y a une échéance qui arrive et il va falloir aller la chercher [la victoire], aller chercher le maintien.

 

"je leur parle plus de maintien"

Qu'est-ce qui explique que vous tenez enfin votre succès dans cette saison ? Qu'est-ce qui explique que ce match là ça a été un déclic ?
D.F. - Simplement je leur demande aux filles depuis [le match contre] Juvisy, depuis quand a perdu contre Marseille, je leur parle plus de maintien, je leur dis juste de se lâcher, de se faire plaisir, de profiter à fond de la D1 parce qu'on sait pas où on sera en fin de saison tous et toutes. Donc mon levier c'est le plaisir et de profiter à fond de ces derniers matchs surtout qu'on a la chance de jouer Montpellier, Lyon et le PSG. Donc je leur dis de s'amuser, de se lâcher, d'aller à fond et d'aller au bout de leurs actions... Donc voilà si ça marche, ça marche. Dans la vie y'a rien de pire que d'avoir des regrets.

On a vu aussi qu'il y'a l'égalisation qui intervient assez rapidement, et pourtant ça n'a pas altéré votre mental on dirait ?
D.F. - Oui voilà bah contrairement à nos premiers matchs. J'avais soulevé ça à la mi-temps, à la causerie d'avant-match contre Juvisy, où on menait 1-0, on défend en avançant, on recule pas, on prend des risques un peu, on est plutôt récompensés en menant 1-0 mais dès qu'on prend le but [de Juvisy], on est vite retombés dans nos travers, on a reculé de dix mètres...
Je sais que d'être dernier c'est toujours dur mentalement et voilà, là [dans ce match contre Bordeaux] paradoxalement on a vite pris le but [égalisateur] mais on a continué à jouer haut, à attaquer, à jouer au foot. Voilà comme-ci il n'y avait rien de perdu et j'ai dis à mon adjoint sur le banc, Michel, qu'on va gagner le match, parce que j'ai senti que l'équipe n'était pas abbatue après ce but, et qu'elle est tout de suite repartie vers l'avant. Voilà on est récompensés [par cette victoire].

Melike Pekel même si elle ne marque pas là dans ce match, vous nous disiez qu'elle apportait ce mouvement, c'est la recrue idéale pour vous, c'est ce qui vous manquait depuis le début de la saison ?
D.F. - Voilà elle valorise tout le travail qui est fait par les joueuses défensives, aux milieux de terrain ou excentrées parce qu'elle donne toujours une solution, elle se bat. Défensivement, c'est une guerrière. Donc du coup, les autres filles sont obligées de suivre, quand c'est pas le cas, elle se retourne, elle gueule donc voilà elle valorise tout ce travail là, les filles ont emboîté le pas et puis elle marque des buts, elle fait des passes, elle a un super état d'esprit. Oui c'est ça elle a un "esprit de gagnante". Comme je vous l'ai dit, c'est notre Cavani à nous, ça la dérange pas de faire 60 mètres pour défendre, et puis repartir sur 30 mètres pour faire un appel en profondeur. Après elle est jeune, elle à 22ans, elle a encore pleins de choses à apprendre, mais en tous cas elle nous apporte ce qui nous manquait. Elle sait pourquoi elle est venue [à Metz] c'est pour sauver le club, c'est pour se relancer [de son côté]. Là elle a joué avec [l'équipe nationale de] la Turquie, trois matchs, trois buts donc y'a une confiance qui est entrain de revenir chez elle, qu'elle avait peut être perdue au Bayern.

Un changement qui va payer en plus c'est Meryll Wenger ? Quand on est coach on apprécie toujours de faire ce genre de changement payant ?
D.F. - Oui bah (rires) c'est mon rôle. Vous savez dans 22 matchs sur une saison, le coaching gagnant il est sur deux ou trois matchs. Mais voilà j'ai senti que Bordeaux était en difficulté sur les coups de pieds arrêtés défensifs et au moment où je la fait entrer [Wenger] y'a corner pour nous [tiré par la Bordelaise Sarah Cambot] et voilà. Tout le mérite revient aux joueuses, après ce qui est important, c'est que la remplaçante rentre dans le bon état d'esprit. Moi c'est mon rôle d'essayer de faire les meilleurs choix possibles, de faire les meilleurs changements, au bon moment. Parce que dans 90% des matchs, c'est la remplaçante qui peut nous faire gagner un match, par son attitude, par pleins de choses parce qu'elles sont fraîches et puis surtout elles ont un bon état d'esprit. C'est ça le principal pour un groupe et pour un entraîneur.

Là votre prochain match c'est contre Rodez, un adversaire que vous connaissez plutôt bien maintenant, elles vous ont un peu étouffé lors de votre dernier match de Coupe de France, ou vous avez réussi à inscrire un but tout de même (1-3). Vous comptez jouer aussi sur cette victoire contre Bordeaux, pour aller faire un résultat chez les Ruthénoises ?
D.F. - Ah bah toute façon je vais pas le cacher, nous on va là-bas pour gagner. Encore plus celui-là après notre victoire à Bordeaux qui doit nous donner de la confiance, mais il faut surtout pas qu'on se relâche en se disant qu'on a gagné un match et voilà... Le plus dur commence. Après une victoire, c'est toujours de confirmer et on va devoir suivre... Rodez c'est solide, c'est une équipe de guerrières qui lâchent jamais, qui est habituée à la D1. Voilà maintenant ça sera à nous d'élever notre niveau, encore plus que contre Bordeaux.

 

Photo : Rene Bach Photos Foot au Féminin

Dounia MESLI