Ingvild Isaksen, ancienne milieu de terrain de l'équipe de Norvège, avait annoncé fin février qu'elle devait stopper sa carrière à l'âge de 29 ans. Cette ancienne joueuse de la Juventus Turin a du même coup renoncé à son rêve de participer à la Coupe du monde 2019 en France avec sa sélection (7 juin - 7 juillet). La raison : un genou fragile qui l'a trop souvent fait souffrir durant sa carrière. Coeurs de Foot revient sur le parcours de cette grande joueuse aux pieds d'argile.

 

Elle voulait revenir et être prête pour disputer la Coupe du monde cet été en France avec la Norvège. Mais pas à n'importe quel prix. Le 21 février, Ingvild Isaksen a annoncé en larmes qu'elle mettait définitivement fin à sa carrière de footballeuse, trop souvent entrecoupée de blessures au genou. « On m'a dit de ranger les crampons dans le placard, a t-elle expliqué au média norvégien NRK. Mon genou est trop abîmé. Si je veux à l'avenir avoir un genou qui fonctionne, alors je dois arrêter le football. »

L'ancienne milieu de terrain de la Juventus Turin, 29 ans seulement, a pourtant cru pourtant être capable de retarder cette échéance pour disputer la Coupe du monde. Elle a cru être capable de surmonter la souffrance, comme elle avait réussi à le faire plusieurs fois par le passé. Mais le corps a ses limites. En l'espace de quatre ans, Ingvild Isaksen aura subi en tout cinq opérations chirurgicales.

 

*Ingvild Isaksen balle au pied sous le maillot de la Juventus Turin.

 

Euro 2013 et l'épopée de la Norvège

 

Pourtant, la carrière internationale d'Ingvild Isaksen promettait d'être longue et belle. C'est lors de l'Euro 2013 en Suède qu'elle s'est révélée avec la sélection norvégienne. Les Scandinaves avaient brillamment atteint la finale du tournoi, en battant en phases de poules l'Allemagne, quintuple tenante du titre (1-0) ! Hélas, les Allemandes avaient ensuite pris leur revanche en finale (1-0) pour s'adjuger un sixième sacre européen consécutif.

Après cette belle épopée inachevée vient ensuite le début d'un long chemin de croix pour notre joueuse. En 2014, elle se rompt une première fois les ligaments croisés du genou avec son équipe de Stabaek (championnat norvégien). Cette blessure lui aura valu 20 mois de rééducation, trois opérations chirurgicales et un travail acharné pour revenir sur les terrains de football. Elle l'aura surtout privée de Coupe du monde au Canada en 2015. Sans elle, la sélection scandinave échouera en 1/8e de finale de l'épreuve canadienne face à l'Angleterre (1-2).

"C'était extrêmement difficile, mais je suis revenue sur les terrains encore plus fière d'avoir surmonté cette épreuve, a t-elle confié à NRK. Je pense que ça a été l'une des plus grandes expériences de ma vie." De retour de sa blessure, Isaksen croque le football à pleines dents et enchaîne les matches... Sans pour autant écouter les signaux de fatigue que lui envoie son corps. Une autre blessure survient, cette fois-ci au talon, qui lui fait manquer les éliminatoires de l'Euro 2017.

Elle reviendra in extremis pour disputer cet Euro 2017 aux Pays-Bas. Mais elle ne jouera qu'une trentaine de minutes, lors du match inaugural face au pays hôte et futur vainqueur (défaite 0-1). Et la Norvège, sans sa meilleure buteuse Ada Hegerberg (en froid avec la fédération) se fera piteusement éliminer dès les phases de poules. La magie de 2013 avait disparu... 

 

"Une montagne impossible à gravir"

 

Pour Ingvild Isaksen, c'est une nouvelle vie qui vient de commencer, loin des terrains de football. En regardant dans le rétroviseur, la néo-retraitée jette un regard mélancolique mais lucide sur sa fin de carrière. « Je suis déçue que le corps ne veuille pas suivre et je suis désolée de finir ma carrière ainsi. C'est également difficile d’abandonner sans avoir atteint l’objectif de la Coupe du Monde 2019. En même temps, ma dernière année a été si éprouvante que je suis un peu soulagée de m'abstenir à tenter de gravir une montagne impossible à gravir. »

A l'annonce de sa retraite sportive, beaucoup de ses anciennes coéquipières à la Juventus Turin lui ont apporté leur soutien sur les réseaux sociaux.

 

***Crédit photo : WILLY HAGE

Arnaud Le Quéré