En conférence de presse d'avant match France/Norvège, qui se joue ce mercredi à guichets fermés à l'Allianz Riviera de Nice, Corinne Diacre s'est voulue sereine, quitte à jouer la carte de l'humour pour détendre l'atmosphère et prendre ce deuxième match le plus tranquillement possible. Une façon de ne pas se mettre trop de pression, tout en gardant le sérieux nécessaire pour continuer sur une bonne lancée

 

La conférence de presse d'Amandine Henry (Bleues) : « Le terrain reste la vérité et ça sera à nous de diversifier notre jeu »

 

Corinne, qu'avez-vous dit à votre groupe pour le remettre dans la compétition pour rester concentré après le match gagné contre la Corée du Sud ?

Corinne Diacre - J'ai pas eu besoin de dire grands choses, parce que les filles sont concentrées sur l'objectif. Il n'y a pas besoin de les rappeler à l'ordre, par contre on a fait un bon premier match, on nous attendait sur ce premier match on a su répondre présente avec cette très très belle première période. Le match terminé on avait déjà basculé sur le suivant. J'ai vraiment un bon groupe, donc les objectifs étant communs, même des fois sans se parler aujourd'hui on arrive à se comprendre.

 

Ça rajoute de la pression d'avoir un peu plus d'attente ?

Corinne Diacre - Non on a pas plus de pression que lors du premier match, même si on savait que bien débuter cette compétition ça serait mieux, c'est ce qu'on a su faire, maintenant on reste humbles, on reste dans le travail, on reste sereines, l'idée maintenant c'est de battre la Norvège pour avoir ce premier pied en huitièmes de finale et puis surtout de se laisser une chance supplémentaire de finir premier du groupe.

 

Sur les blessées, Wendie Renard ne s'est pas entraînée depuis deux jours, est-ce qu'elle va jouer demain ? Et savoir aussi pourquoi Eugénie Le Sommer n'était pas là pendant les quinze premières minutes d'hier ? 

Corinne Diacre - Aujourd'hui les joueuses que vous venez de citer on était ménagées tout simplement, c'est deux joueuses mis à part Eugénie qui avait eu un petit pépin avant le début de la compétition, elles ont été ménagées, mais elles seront là cet après-midi sans aucun problème.

 

Corinne on vous dit intransigeante, parfois dure avec vos joueuses et la presse, est-ce que votre modèle c'est Didier Deschamps ?

Corinne Diacre - (sourire) Mais oui moi l'intransigeance, la rigueur ça me caractérise (sourire), mère fouettarde aussi par moment, beaucoup de choses, d'ailleurs on ne rigole jamais chez nous, tout est très calculé, y'a aucun passe droit, les filles vivent mal, elles vivent très très mal, d'ailleurs ça se voit, elles ne prennent vraiment pas de plaisir ensemble, ni sur le terrain ni en dehors, je pense que c'est difficile à vivre pour elles très sincèrement, pas pour moi, mais pour elles c'est très compliqué. Et concernant Didier c'est pas mon modèle du tout, mais on s'entend bien, on échange beaucoup, j'espère qu'il me ressemble pas par contre.

 

Comment vous vous sentez et comment vous vivez cet engouement à Nice ?

Corinne Diacre - Pour moi c'est piscine, transat, et pour mes joueuses c'est à l'ombre, bien évidemment parce que comme je suis très rigoureuse il faut qu'elles restent à l'ombre, et qu'elles restent dans leur chambre, enfermées à double tour. Et moi par contre j'en profite bien, je peux vous dire qu'à côté de la météo et de ce qu'on a vécu au Parc des Princes, vraiment ici pour moi c'est une bouffée d’oxygène, donc je prend beaucoup de plaisir à être là, je me repose beaucoup, je travaille très peu, je laisse ça à mon staff, moi j'en profite bien.

 

Choix tactique, Gauvin remplaçante, changement face à la Norvège ?

Corinne Diacre - Non écoutez le onze de départ contre la Corée m'a donné satisfaction, donc logiquement on devrait repartir avec le même onze.

 

Sur l'absence d'Ada Hegerberg

Corinne Diacre - L’équipe de France va jouer contre la Norvège, non pas contre Ada Hegerberg. Après si elle peut jouer seule, contre nous à onze, pourquoi pas, mais je crois qu'il y aura onze norvégien ne face demain soir, donc... L'équipe s'est qualifiée sans elle, c'est important de le souligner. Ada Hegerberg a fait son choix, c'est son choix, ça lui appartient, elle a ses raisons [de ne pas être là], donc demain c'est bien contre la Norvège que l'on va jouer.

 

Les Norvégiens ont annoncé qu'elles avaient un plan pour tenter de contrer l'équipe de France. Est-ce que vous avez une idée de ce plan éventuellement, peut être qu'elles vont jouer très bas comme la Corée, et peut être essayé de procéder en contre au niveau des latérales. Est-ce que c'est à ça que vous vous attendez ?

Corinne Diacre - Oui bien sur on s'imagine bien comment les adversaires peuvent nous contrer, ça c'est sûr, ce sont des choses qu'on anticipe. Maintenant je pense que j'ai même mieux que la Norvège, j'ai trois plans moi, trois plans possibles, donc on va s'adapter.

 

Comment vous évaluez votre performance contre la Corée du Sud

Corinne Diacre - Amandine est la capitaine de cette équipe, c'est un rouage important du groupe, elle apporte également toute son expérience de joueuse et aujourd'hui elle remplit vraiment ce rôle de capitaine et de leader, non seulement sur le terrain de par ses performances mais également en dehors, en me servant de relais à moi et mon staff technique. Aujourd'hui effectivement, Amandine pourrait être un petit peu plus constante sur la durée d'un match, mais quand vous menez 3-0 a la mi-temps la décompression est normale et logique. Je pense qu'elle en a gardé un petit peu sous la semelle, mais de manière inconsciente, d'ailleurs il n'y a pas qu'elle qui a réagi comme ça, tout le groupe a été un tout petit peu moins bien sur la deuxième période. Maintenant on ne peut pas leur en vouloir, elles ont tellement fait une première période quasi-parfaite, on était dans la gestion, et très sincèrement je trouve peut être même cela, plutôt intelligent de leur part, de ne pas griller toutes leurs cartouches sur un premier match. Elles ont su bien gérer ce match et c'est tout à l'honneur.

 

On n'a pas un peu moins vu Gaetane Thiney sur le premier match, on l'a vu plus passer sur les côtés que par l'axe. Est-ce que c'était une consigne que vous aviez donné à vos joueuses ?

Corinne Diacre - Non non c'était voulu, l'idée c'est d'alterner le jeu dans l'axe quand on peut le faire avec le jeu sur les côtés, donc là effectivement le jeu coréen, nous a laissé plus de possibilité de passer sur les côtés donc les filles, ce sont aussi très bien l'adaptées, mais on n'a pas quinze jeu dans l'axe, on n'a pas quinze jeu sur les côtés, l'idée c'est vraiment d'alterner et surtout de prendre les meilleures options en fonction de ce que propose l'adversaire.

 

Est-ce que demain (mercredi 12 juin, ndlr) c'est une première finale pour avoir la première place du groupe ? Par rapport au match d'ouverture, est-ce que cette fois il va falloir faire deux mi-temps au même niveau pour espérer remporter la victoire ?

Corinne Diacre - Pour moi non ce n'est pas une finale, la finale c'est le 7 juillet, c'est un deuxième match de poule. Il faudra montrer autant de sérieux que face à la Corée, maintenant si on mène 3-0 à la mi-temps et qu'on joue qu'une mi-temps sur ce match-là, ça m'ira très bien.

 

Vous semblez avoir réveillé les Nicois, après l'engouement du premier match, puisque 6000 billets ont été vendus depuis vendredi. Comment vous jugez cela ?

Corinne Diacre - Effectivement certaines personnes étaient dans l'attente de voir ce que l'équipe de France pouvait faire sur ce premier match d'ouverture, on était attendu on le sait, on n'a pas raté cette première marche, et maintenant il nous en reste 6 autres à monter, j'espère sans trop de difficulté. Maintenant ça sera à nous également d'imposer notre jeu. Je trouve que c'est bien [cet engouement] même si certains se réveillent tardivement, l'idée de se réveiller donc c'est plutôt bien.

 

Capitaine de l'équipe de France face à la Norvege en 2003, qui était le premier match de la Coupe du Monde pour l'équipe de France féminine. Est-ce que vous voyez le chemin parcouru aujourd'hui par la sélection ?

Corinne Diacre - Un petit peu oui, quand même. Il y a 16 ans déjà qui sont passés, c'est énorme. Après il faut dire aussi que cette Coupe du Monde en 2003, elle devait être en Chine mais elle s'est déroulée malheureusement aux Etats-Unis, un pays qui a accueilli cette Coupe du Monde en dernier lieu, et c'est vrai que cette Coupe du Monde en 2003, même si c'était la première pour nous, a eu un saveur particulière mais pas dans le bon sens. Les Etats-Unis avait eu 2/3 mois pour préparer cette Coupe du Monde, on avait l'impression d’être dans l'anonymat, le plus complet à tout point de vue, et sportivement c'était pas top non plus, donc ça c'est sur que j'ai un très mauvais souvenir également. J'espère qu'il en sera pas de même demain soir.

 

Au sujet des coups de pied arrêté !

Corinne Diacre - Je pense que le résultat des coups de pied arrêté face à la Corée, vous donne la réponse, je pense que sans travail c'est impossible de faire ça. Les filles ce sont aussi très bien adaptées, on le dit souvent on peut proposer des choses, maintenant il faut que les filles se les approprient et elles se sont approprier les choses, contre la Corée, mais c'est pas pour ça que ça va fonctionner à chaque fois. Maintenant vendredi c'est vrai que trois buts marqués, deux validés, c'est plutôt positif, on sait qu'on a cette arme là, sur stratégie donc à nous d'être dans la même lignée de ce que l'on a fait vendredi dernier. A savoir être attentives, concentrées et puis surtout efficaces. 

 

Qu'est-ce que vous craignez le plus de cette équipe de la Norvège ? C'est votre deuxième conférence de presse dans cette Coupe du monde, vous semblez avoir choisi de faire beaucoup d'humour, pourquoi ?

Corinne Diacre - C'est votre fête (rires) Écoutez moi je réponds à vos questions, tout simplement. Mais l'humour vous savez c'est une autre caractéristique de moi, que vous ne connaissez peut être pas, mais vous allez apprendre à le découvrir.

Rien, la Norvège c'est une équipe qui joue à onze, en maillot short chaussette, normalement rouge, peut être qu'elles vont jouer en blanc, je crois contre nous. Non plus sincèrement c'est une équipe qu'on a analysé, comme on analyse tous nos adversaires, mais je ne vais pas vous dévoiler ce que l'on a vu bien évidemment, vous pensez bien que si la Norvège n'a pas dévoilé son plan, je ne vais pas vous dévoiler les miens. 

 

Photo : Manu Cahu

Dounia MESLI