Corinne Diacre s'est présentée à la presse après la belle victoire de son équipe face au Brésil (3-1) pour donner le bilan depuis ces débuts à la tête des Bleues, des points positifs et à améliorer.  

 

France/Brésil, match référence ?

Je pense que le match contre l'Australie était pas mal aussi, à peu près dans le même schéma, même si on avait joué en 3-5-2. Je voulais tester un autre schéma, une autre animation offensive puisque l'animation défensive était quasiment équivalente. Ça m'a permis de voir 3 joueuses offensives dans un autre rôle qu'habituellement donc c'est plutôt intéressant. Je voulais surtout rééditer cette défense à 3, donner un peu de temps de jeu à [Aissatou] Tounkara que je n'ai pas vu depuis un moment, qui travaille beaucoup et qui - pour moi - était même plus en forme sur le dernier stage, qui est un peu dans le dur en ce moment, mais qui malgré tout [fait les efforts]. Alors elle ça ne sera pas sera pas son match référence, mais malgré tout elle a fait le boulot.

 

Sur le bilan de l'année et l'évolution du groupe

Si vous l'avez constaté, j'en suis ravie (sourire). 4 matchs, 4 victoires, c'est un premier point. Je trouve qu'il y a une évolution dans le jeu également. Les joueuses ont parfaitement répondu ce soir (samedi 10 novembre ndlr). Sur le plan tactique, on a su les mettre en difficulté même si on a concédé quelques occasions mais ça c'est normal. Pendant 90 minutes, tout ne peut pas être parfait, mais je nous ai trouvé solides et en tout cas, j'ai trouvé des filles attentives, appliquées et avec l'envie de bien faire. Elles ont ce souci, malgré tout, de répondre à la demande. Pour moi, c'est intéressant et ce qui l'est encore plus, il n'y a pas seulement les 11 qui démarrent. Ce qui est important, les filles qui rentrent, là j'ai eu l'opportunité de faire 6 changements. Ça me permet de voir si les filles ont bien entendu le message même si, au départ, elles savent qu'elle ne seront pas titulaires et le message passe, donc c'est plutôt bien.

 

Sur Delphine Cascarino, première buteuse du match

Je suis contente pour elle parce que c'est quelqu'un qui a des qualités, mais qui doit durcir encore son jeu et par contre, je suis contente qu'elle ait marqué. Même si elle marque très régulièrement avec son club, mais avec nous, c'est un peu plus rare. Souvent, ou parfois elle ne faisait pas le bon geste, elle n'avait pas la bonne attitude. Pour elle et pour l'équipe ce soir, c'est très bien.

 

Sur l'ambiance de l'Allianz Riviera

C'est toujours intéressant d'être 12 sur le terrain. Je vous avoue que j'étais tellement concentrée sur mon match que parfois, j'ai un peu occulté le public, je suis désolée. Mais je pense que je les ai aidé en étant 12 ou 13 avec le public ce soir. C'était bien, sympa même si j'ai entendu quelques sifflets quand la "Ola" ne partait pas. L'ambiance était bonne avec un public assez nombreux et ce sera encore mieux dans quelques mois.

 

Coeurs de Foot - La possession de balle, est souvent du côté de la France. Est-ce que c'est si important dans un match au final ?

Absolument pas. On aime bien repartir de derrière, c'est sûr mais l'objectif est de venir avec le ballon le plus rapidement possible dans la partie adverse. Je connais une équipe, l'année dernière, dans un championnat qui était dernière au classement de possessions et qui est montée en première division, donc... C'est le Stade de Reims. Ce sont les mots du Président (Jean-Pierre Caillot depuis 2004) donc je les répète. Dernier club de Ligue 2 au niveau de la possession et il monte en Ligue 1, donc qu'est-ce que ça veut dire la possession ? 

Je pense qu'il faut surtout bien utiliser le ballon et être efficace dans la zone de finition. Je pense qu'aujourd'hui même si on a eu des difficultés au démarrage - il faut pas oublier les 3-4 premières minutes, on a fait le dos rond, le Brésil nous a mis une grosse pression d'entrée. On a été un peu surprises mais on a pas encaissé de buts, même si c'était chaud. On a su développer notre jeu, être patientes, c'est bien, c'est quelque chose qu'on travaille aussi à l'entraînement. Ce n'est pas facile parce que malgré tout, l'entraînement ne reflète absolument pas les conditions de match mais très sincèrement, j'ai un groupe qui grandit et qui se sent investi. Comme je leur ai dit ce soir, on a encore rien gagné donc on reste les pieds sur terre, continuer à travailler, il y a des choses qui sont faites. A l'instant T, c'est très positif. Maintenant, il faut qu'on continue à avancer.

 

Une montée en puissance avec les États-Unis, prochain adversaire des Bleues ?

Oui, elles sont premières mondiales, on ne peut pas faire mieux. C'est bien, c'est un match qui est calé depuis très longtemps. On va essayer de trouver des adversaires également pour après et avec la même envergure. On va attendre le tirages aux sorts parce qu'aujourd'hui, c'est très compliqué de savoir contre qui on peut jouer et sachant que si on est dans la même poule, on va éviter de se rencontrer en match de préparation, surtout aussi proche. 

Ça va être un bon test, on reste sur un résultat nul contre les États-Unis en mars dernier [1-1 lors de la SheBelieves Cup]. Janvier, c'est pas forcément une bonne période pour nous non plus, pour elles je ne sais pas. Après, on va préparer le match très sereinement, très professionnellement et puis, on verra bien.

 

Sur le but encaissé dans le temps additionnel

Oui c'est ce que j'ai dit à mes filles, si on veut chercher la petite bête, c'est un peu lourd pour le tableau ce soir mais très sincèrement, avec le match qu'elles ont fait, il n'y a pas d'ombre au tableau. Le match est gagné, c'est 3-1 mais on a mis 3 buts au Brésil et je pense qu'on peut être fier de ça. Les filles ont fait un match plein donc là-dessus, ce qui est paradoxal, c'est que ce soir, les joueuses était beaucoup plus tristes et beaucoup plus énervées que par rapport à ce but encaissé donc c'est plutôt positif.

 

Vous sentez l'investissement de vos joueuses ?

Complètement. Elles se sont investies d'une mission, elles le savent. Par contre, ce qui est intéressant, elles appliquent, le message passe. En plus, elles voient que le fait de répondre présentes, tactiquement, ça fonctionne et elles gagnent le match. J'ose espérer que la confiance s'installe également.

 

Coeurs de Foot - Sur la première sélection de Marie-Antoinette Katoto et sa tentative de frappe non aboutie

Elle aurait dû frapper, elle le sait. Bon après elle ne l'a pas fait, tant pis pour elle. Elle aurait pu, et avoir sa première sélection et son premier but (sourire). Elle préfère attendre (sourire) Pas trop d'un coup, elle vous connait (rires)

 

Il n'y a toujours pas de match où l'équipe de France est menée au score...

Mais comme ça a failli. Non c'est bien parce qu'on a pas été mené, mais comme ça a failli, ça nous a réveillé. C'est une des réactions que j'attendais donc c'est plutôt positif. Très sincèrement la soirée n'est pas parfaite à cause de ce but mais sincèrement, il y a des choses très positives.

 

Coeurs de Foot - Sur Valérie Gauvin, plus à l'aise dans la distribution

Elle est hyper généreuse. Elle est rarement récompensée mais c'est quelqu'un qui fait un travail très important pour l'équipe. Les autres aussi travaillent énormément, mais elle a cette capacité à [donner]. Elle est besogneuse, elle rechigne pas, elle sait qu'elle a ma confiance, ça l'aide à être performante mais il faut encore ce petit déclic. Il faut qu'elle arrive à trouver le chemin des filets, mais ça va venir je ne suis pas inquiète.

 

Sur la pression mise par le Brésil

Je pense qu'on était pas prêtes à subir cette vague jaune,parce que le Brésil nous a mis une grosse pression d'entrée. On était pas dedans, on était un peu timorées. Pour quelle raison ? Je n'en sais rien par contre ce qui est bien, c'est qu'on a très vite réagi quand même.

 

Passage en revue de tous les matches depuis qu’elle est à la tête de l’équipe de France

Si vous revenez un an en arrière, on s'en prend 4 en Allemagne, dur, et on fait 0-0 contre la Suède à Bordeaux. On peut dire qu'aujourd'hui, on a quand même franchi un pallier, ce n'est pas du tout la même équipe de France. Après il faut remettre les choses dans un autre contexte. J'ai fait beaucoup d'essais de joueuses l'année dernière, certaines ne sont pas là parce qu'elles n'ont pas le niveau. C'était important malgré tout de faire ce turn-over, de permettre à certaines de se goûter au niveau international parce que quand ces filles-là rentrent dans leur club, comme elles ont envie de revenir, elles font un peu plus d'efforts. Maintenant il faut qu'il y ait une petite part de talent aussi, il y a le travail bien évidement, mais il faut une petite part de talent. Mais si on doit peut-être se retourner sur les quinze mois, mais si on fait juste les douze mois, très sincèrement il y a une belle évolution. Si vous reprenez le match de janvier contre l'Italie, il y a à en dire, ce premier match de SheBelieves Cup contre l'Angleterre même s'il y a eu encore un gros turn-over, ces filles-là, qui étaient titulaires, aujourd'hui, ont acquis une certaine expérience, elles sont plus fortes. Et certaines acceptent, déjà, un pseudo-statut de remplaçante mais quand elles rentrent, et on l'a encore vu ce soir, elles répondent présentes, elles sont là. Elles font partie du groupe et ça c'est intéressant pour moi.

 

Moins de turn-over à venir ?

J'ai un groupe. Il y a un groupe élargi après, à elles de me poser des problèmes, elles le savent. J'en ai laissé encore une-deux à la maison, j'en ai pris d'autres. On a Eugénie [Le Sommer] qui est blessée et qui fait partie intégrante du groupe. Il faut que je puisse avoir un maximum de difficultés à sortir les 23 dans quelques mois, après ce seront des choix à faire et ça ne sera pas forcément les meilleures qui seront prises.

 

Le pressing. Un des axes importants de ces derniers rassemblements ?

Non, on ne travaille toujours ça. Le pressing mais à la perte. Il n'y a pas eu que ça. Il y a des choses qui commencent à se répéter parce que ce sont des choses que l'on travaille très régulièrement à l'entraînement donc là-dessus, on ne les lâche pas. Sur des séquences plus courtes parce qu'on a peu de temps de travail, on les récupère souvent le lundi - elles ont joué soit le samedi ou le dimanche - donc sur le plan athlétique, il faudrait leur laisser un petit peu plus de repos. Plutôt que de faire des séances lourdes, on fait plutôt des séances intenses où on leur demande des choses bien précises. Je pense que les consignes sont claires, on fait aussi énormément d'analyses vidéos, on fait même des retours vidéos sur nos entraînements donc on ne laisse rien au hasard. Aujourd'hui, c'est bien, ça paye. On reste les pieds sur terre, on a rien gagné et l'idée c'est de continuer de travailler et on verra, d'ici-là, ce qui se passera. 

Dounia MESLI & Karim Erradi