Après le tirage au sort des groupes pour la Coupe du Monde 2019, la sélectionneure de l'équipe de France, Corinne Diacre, a réagi au sujet du groupe des Bleues, et à ses derniers mois qui séparent son équipe, à sa compétition tant attendue par les Français.

 

Au sujet du groupe de la France

C'est un tirage, c'est une Coupe du Monde. Les 23 équipes - avec nous - étaient de toute façon des belles nations aussi. Je prends ce qu'on me donne, je ne suis pas difficile.

 

Vous voyez la France sortir haut la main de cette phase de poule ? C'est des équipes que vous avez déjà rencontré ?

(ironique) Oui, bien sûr. On est déjà championnes du monde (rires) 
Oui des larges victoires sur des matches de préparation, ça ne veut rien dire, vous savez. Quand on sera dans la compétition, ce sera complètement différent.

 

Coeurs de Foot - C'est vrai que vous n'avez pas encore affronté une équipe asiatique. Vous allez la rencontrer directement...

(elle coupe) Attendez, il nous reste quelques matches de préparation (sourire), on va essayer d'en négocier un quand même.

 

Vous allez pouvoir vous ajuster à présent sur les nations à affronter ?

C'était prévu, mais c'est vrai qu'on attendait le tirage au sort. C'est toujours difficile de programmer des matches avec des équipes qu'on était susceptible de rencontrer en Coupe du Monde donc effectivement maintenant, on a un tout petit peu plus de visibilité.

 

Qu'est ce que vous savez du profil des adversaires ?

Le Nigéria est champion d'Afrique même si on les a battu très favorablement dernièrement, mais en tout cas, leur défaite chez nous a été salvatrice [pour remporter la CAN]. La Norvège a fini première de son groupe devant les Pays-Bas, qui ont dû passer par les qualifications. La République de Corée, on connaît un tout petit peu moins mais malgré tout, elle reste sur des résultats probants avec des matches nuls contre le Japon dernièrement et la Nouvelle-Zélande donc il n'y aura rien de facile.

 

Sur les adversaires rencontrés par la France

Ce qu'on a fait, ce n'était pas au hasard. L'idée était d'emmagasiner un maximum d'expérience contre des pays avec des cultures footballistiques complètement différentes. Aujourd'hui, on ne s'est pas trompés. Il nous manque un continent, l'Asie et on va rectifier le tir sur les matches de préparation qu'il nous reste en 2019.

 

Regrettez vous l'absence d'Ada Hegerberg avec la Norvège ? Cela aurait été bien de la voir en France pour la Coupe du Monde ?
Écoutez moi je suis sélectionneure de l'Équipe de France, donc je ne parlerai que des joueuses de l'Équipe de France.

 

Comme le disait Didier Deschamps pendant le tirage, la gestion des émotions sera importante ? Qu'est-ce qu'il va falloir faire pour attirer du monde dans les stades ?
Ça va être le travail de la fédération et du comité d'organisation. Maintenant, ça va être à nous de continuer d'être performants sur nos matches de préparation, pour amener un maximum de monde sur la compétition. Mais vous savez, aujourd'hui, les stades sont déjà remplies à 25% et avant le tirage au sort, donc on peut espérer que maintenant ça va aller très très vite.

 

Ça va être un plus pendant la compétition.
Oui, ça peut être un plus. Maintenant il ne faut pas que ça nous inhibe non plus. A nous de se préparer à ça et c'est pour ça qu'on fait un maximum de matches de préparation en France.

 

Au sujet des groupes dans la globalité

Vous savez, moi je m'occupe de mon groupe, de mon équipe et puis le reste, on verra au moment où ça arrivera. Le fait de faire des suppositions, c'est toujours compliqué. On perd du temps et on peut perdre de l'énergie aussi, donc je pense qu'il faut y aller étape par étape.

 

Sur la Corée du Sud, premier adversaire des Bleues
Non, on a 6 mois pour les connaître. A nous de bien travailler et il n'y aura pas de difficultés. On va tout mettre en place pour bien les analyser. Avantages ou inconvénients, on verra à l'issue du match mais très sincèrement, on a le temps même si c'est une nation effectivement que l'on connaît un peu moins.

 

CDF - Est-ce que vous allez compter sur le mélange entre jeunesse et expérience puisqu'il y a beaucoup de coachs qui nous ont parlé de ça. C'est important de mettre un peu de fougue en équipe de France ?
Oui, il faut un bon mélange, un amalgame de jeunesse, de fougue. Mais aussi d'expérience et donc de filles un peu plus âgées. Après, ce sera à moi de trouver le bon équilibre.

 

Comment allez vous vous organiser pour la préparation ?
Le calendrier, ce sont les dates FIFA, je ne vais rien vous apprendre. Après, sur le nombre de matches, j'attends de finir la zone presse pour aller discuter avec les coachs, pour essayer de négocier quelques matches. 

 

Sur le match face à la Norvège à Nice, ça représente le match le plus emblématique de cette phase de groupe on a l'impression
Oui vous savez France/Norvège... Il faudra gagner nos deux premiers matches et après on verra ce qu'on fera contre la Norvège à Nice. Ce qu'il va se passer dans les stades, ce n'est pas mon problème. Mon problème, c'est d'être performante avec mon équipe sur le terrain, donc avant de jouer la Norvège, on aura déjà eu deux matches et il aura fallu bien les négocier.

 

Sur l'équipe de Norvège
Oui, c'est sûr. Mais vous savez le Nigéria est une belle nation aussi, la République de Corée aussi. Ca serait faire offense aux autres nations, que de ne parler que de la Norvège en positif.

 

Sur les possibilités de rencontrer les États-Unis en quart de finale
Non non non. Nous très sincèrement, on veut finir premières du groupe, c'est l'objectif. Il faut gagner les matches, se mettre en confiance. Rien ne sera facile et faire des calculs, c'est la pire des choses.

 

CDF - Pour évoquer les blessures, vous faîtes beaucoup tourner pour présager d'éventuels absentes ou déconvenues. Est-ce que vous êtes plutôt sereine à ce sujet là parce que vous testez beaucoup de joueuses pour prévenir de cette malheureuse éventualité ? Parce qu'on a déploré la blessure d'Amandine Henry face à l'Australie puis le Cameroun et celle d'Eugénie Le Sommer contre le Brésil...
C'est ce sur quoi je travaille, effectivement. C'est vrai que l'idée c'est que l'équipe de France ne soit pas affaiblie s'il manque une joueuse cadre. Parce qu'effectivement les joueuses que vous venez de citer sont des joueuses cadre. Maintenant l'objectif c'est que l'équipe de France reste compétitive même avec l'absence d'une, deux voir trois joueuses. C'est ce sur quoi on travaille, effectivement.

 

CDF - Même mentalement, il ne faut pas qu'elle soit affaiblie par l'absence d'une cadre (comme ça a pu être le cas lors de l'Euro 2017 avec l'absence d'Amel Majri tout juste avant la compétition, ou encore celle de Wendie Renard face à l'Angleterre en quart de finale) ?
Oui, non mentalement vous savez il n'y a pas de soucis. Les filles quand elles sont sur le terrain, si la joueuse doit sortir, elle doit sortir, c'est comme ça. Après, elles savent qu'elles ont du travail à faire sur le terrain et très sincèrement mentalement, il n'y a pas de souci.

 

Un match de préparation au Parc des Princes ?
Je ne sais pas qui a décidé mais on ne jouera pas dans les stades de la Coupe du Monde à partir de février. Par rapport aux billetteries, il ne faut pas qu'il y ait de confusions.

 

Sur les futurs rassemblements, est-ce qu'on connaîtra l'équipe type dès votre prochain match contre les États-Unis ?
(Ironique) Oui j'annonce ma liste des 23 demain. Non mais j'affine ma liste tous les jours (rires). Je suis obligée. Je sélectionne 23 joueuses par rassemblements, mais j'ai une liste de 35 filles ! Après, il y a la forme du moment, je sais que pour certaines, ça a été très salvateur qu'elles ne viennent pas jouer le Brésil à Nice, au vu de leur performance en club. C'est la réaction que j'attends et maintenant, il faut faire la même chose avec l'équipe de France.

 

Vous étiez très excitée lors de votre dernier rassemblement à Nice, par rapport à cette Coupe du Monde. Maintenant est-ce que la pression redescend ?

Mais moi je n'ai pas de pression. Ça reste que du football malgré tout. Il faut remettre les choses à leur place et je sais pourquoi je suis là. Par contre, j'ai des objectifs, mais je pense que de se mettre la pression, ce serait la pire des chose. 

On a du temps, on va travailler, très sincèrement moi je suis sereine, même si ces derniers jours, c'était un petit peu difficile parce qu'il y a forcément cette impatience, on est à quelques jours du tirage. Maintenant qu'on a nos trois adversaires, on va pouvoir partir en vacances très tranquillement à la fin du mois et puis, demain sera un autre jour.

 

Sur la gestion de l'engouement médiatique.
On y travaille au quotidien, c'est des choses qu'on anticipe. J'ai eu des discussions avec Didier [Deschamps] et il m'a déjà fait part de tout ça. Après, on a aussi notre ressenti, notre mode de fonctionnement donc il y a des choses que l'on ne peut pas copier malheureusement. Par contre, les échanges sont hyper intéressants.

 

Photo : Nicolas Lacambre

Dounia MESLI