Finalistes du dernier Euro, Pernille Harder et ses coéquipières sont aujourd'hui en divergence avec leur Fédération. Une situation qui arrive au plus mauvais moment, puisque les Danoises doivent jouer leur premier match de qualification vendredi prochain, en vue de la Coupe du Monde 2019.

 

 

 

Une affaire rocambolesque

 

Médaille d'argent autour du cou et pourtant cela n'a pas l'air d'être un argument assez fort au regard de la DBU, face aux demandes de ces joueuses. Leur accord existant étant écoulé, les Danoises qui ont joué leur toute première finale européenne le mois dernier, sont donc allées autour de la table pour négocier leur nouvelle convention collective. Les joueuses demandaient ainsi une augmentation, une requête qui a été refusée par la Fédération. En 2015, l'équipe masculine s'était déjà retrouvée dans une situation semblable.

 

Le directeur de communication de la DBU, Jakob Høyer, a affirmé que "l'équipe féminine demandait simplement trop d'argent, le projet du Spillerforeningen (l'Association des joueurs et joueuses au Danemark) nécessitant cinq à dix fois le montant de leur requête." Mais pour la capitaine de l'équipe, Pernille Harder, le financement supplémentaire est nécessaire pour que l'équipe grandisse et relève les défis tout comme la DBU l'a souhaitée : "Nous sommes ambitieux []. Pour atteindre les objectifs de la Coupe du monde et de la participation aux Jeux Olympiques, il faut de meilleurs encadrements et de meilleures conditions de travail." En ajoutant également : "Nous devons avoir une solide convention collective, qui respecte nos droits propres et nous assure des droits fondamentaux, par exemple, l'égalité de traitement et une assurance légale en ce qui concerne les blessures lors de nos matches".

 

Le succès de cet été au championnat d'Europe, a mis en lumière l'équipe féminine, puisque c'est plus d'un demi-million de Danois qui ont suivi leur finale à la télévision. Ce bon résultat à ainsi augmenté la popularité des joueuses, mais aussi l'ambition de la DBU et des joueuses elles-mêmes. C'est ainsi la raison et la motivation de leur requête, de voir la DBU injecter plus d'argent dans l'équipe féminine, pour leur donner ainsi une plus grande sécurité financière. Cela afin qu'elles puissent se permettre de se détendre entre la sélection, les études et les emplois civils.

 

Cependant, ce n'est pas seulement un problème d'argent qui se pose selon les joueuses, qui demandent en substance, d'être considérées comme des employées de la DBU - quelque chose qui n'est pas banal au Danemark - mais la Fédération ne veut pas devenir employeur. Dans un communiqué publié sur le site de la DBU, Høyer a déclaré: "Les joueuses de l'équipe nationale sont employées dans les clubs et seulement là-bas."

 

 

Qui va céder en premier ?

 

L'équipe qui s'est séparée de son entraîneur Nils Nielsen le mois dernier après la fin de son contrat (Søren Randa-Boldt a été mis en remplacement provisoire), doit pour ainsi dire se reconstruire rapidement en vue de ce qui l'attend dans les prochaines années. Mais c'est une grosse affaire, qui va certainement être difficile à résoudre. Aucune des deux parties n'a voulu céder et elles ont quitté la table sans un accord mardi soir. Les joueuses ont déclaré qu'elles étaient prêtes à négocier "jour et nuit" pour arriver à un compromis convenable. Mais la DBU a déclaré que l'Association des Joueurs/Joueueses a quitté les négociations en premier. Ce que Sanne Troelsgaard a fortement réfuté.

 

 

"J'ai participé à la réunion, et ce n'est pas ma conclusion. C'est frustrant pour nous les joueuses. Nous sommes revenues des Championnats d'Europe et avons reçu la reconnaissance du Danemark. Nous voulons jouer au football. C'est ce à quoi nous aspirons et ce pourquoi nous jouons. Nous espérons donc que cet accord tombera bientôt."

 

Lors de cette réunion un autre problème est apparu, puisque les joueuses ont affirmé qu'elles n'avaient pas reçu leur bonus pour avoir terminé deuxième à l'Euro 2017. "Déçues et irrespectueux", sont les mots utilisés par Theresa Nielsen à ce sujet. Høyer a admis que la Fédération avait commis une erreur et que les choses avaient pris plus de temps que prévu, mais a assuré que l'argent avait été versé hier.

 

Aujourd'hui une seule question se pose. Cette situation sera-t-elle réglée avant les deux matches de qualification qui se profilent [contre les Pays-Bas et la Hongrie] ? À l'heure actuelle, l'équipe n'a pas l'intention de se réunir lundi, avant son match contre les Pays-Bas, pour ce qui serait un remake de la finale de l'Euro, à domicile cette fois-ci. En sachant que toutes les places pour ce match ont été vendues (10.400). Une situation délicate en somme.

 

"Sans accord, nous n'avons pas prévu de nous rencontrer lundi [lors du rassemblement], et de jouer ce match [de qualification contre les Pays-Bas]", déclare Sanne Troelsgaard à TV 2 SPORT.

 

Quant aux qualifications pour la Coupe du Monde 2019 en France, la DBU pourrait être obligée d'envoyer une équipe de "secours" s'ils ne peuvent conclure une nouvelle convention collective avec la Spillerforeningen - qu'ils n'ont certainement pas peur de mettre au placard. A savoir que seule l'équipe qui termine première des sept groupes de qualification de l'UEFA aura confirmée se place pour la Coupe du Monde, avec un barrage pour les quatre meilleures deuxièmes, pour la huitième et dernière place (neuf places au total, en comptant la France). Le Danemark qui n'est pas apparu en phase finale de Coupe du Monde, depuis 2007 se met donc déjà en mauvaise posture pour changer cette historique.

 

Une chose est certaine à présent, les premiers lésés de cette situation seront les dizaines de milliers de supporters des Dynamites Danoises, qui ont vibré au rythme de leurs joueuses à cet Euro et qui espéraient certainement que ça ne soit que le début. Aujourd'hui rien n'est moins sûr quant à l'avenir de l'équipe féminine du Danemark. Ca serait pour ainsi dire tous les efforts et les sacrifices concédés jusqu'à ce jour, qui tomberaient à l'eau. Dans tous les cas, l'affaire pourrait sans équivoque entacher l'image des deux parties, s'ils ne trouvent pas de solutions.

Dounia MESLI