La fusion entre le Paris FC et Juvisy se précise avec notamment un communiqué de la part de Juvisy qui officialise le rapprochement entre les deux clubs. Un projet de fusion qui serait finalisé dans les prochaines semaines et sur lequel nous nous sommes penchés avec l'éclairage de Pascal Gouzenes, directeur technique du FCF Juvisy.

 

L'annonce du projet de fusion entre le Paris FC et Juvisy a semblé soulever plus de questions que d'enthousiasme. Des questions parce que cette union entre deux clubs emblématiques du football francilien interroge sur l'avenir d'une des formations historiques et les plus titrés du football féminin hexagonal.

 

Y'avait-il le choix ?

Pourtant difficile de ne pas voir la logique à l’œuvre. Dans une D1 promise à un avenir dominé par les clubs professionnels, quel place reste-t-il pour des clubs 100 % féminins ou adossés à des clubs masculins amateurs ? Pour Soyaux, Albi, Rodez, l'enjeu est celui du maintien dans l'élite, pour Juvisy c'est aussi la possibilité de pouvoir dans un proche avenir se mêler à nouveau aux courses aux titres et à l'Europe.

Cette saison est particulièrement parlante avec une équipe de Juvisy décrochée du trio de tête, avec Montpellier, l'OL et le PSG, trois équipes liées à des clubs pros tandis que l'équipe de l'Essonne peine à suivre le rythme. Signe passager ou fossé qui se creuse, Juvisy se retrouve face aux limites de son modèle et la nécessité de s'adapter pour continuer à jouer les premiers rôles.

L’Île-de-France compte finalement peu de clubs masculins professionnels. En dehors du PSG, on peut citer le Red Star (Ligue 2), Créteil-Lusitanos (National) et le Paris FC (National). Dans l'Essonne, deux clubs masculins, le FC Fleury et l'ES Viry-Chatillon évoluent en CFA et sont des clubs amateurs. Pour Juvisy, le choix passait donc par la nécessité de sortir de l'Essonne pour trouver un partenaire.

Du côté du Paris FC, malgré la relégation en National, l'ambition reste pour la direction du club de construire une équipe qui puisse à moyen terme évoluer en Ligue 1. Un objectif qui explique les grands moyens mis en place par le club, aujourd'hui plus gros budget de National (5 millions d'euros) et la présence parmi les partenaires du groupe Vinci.

 

« Trouver un club professionnel mais avec les mêmes valeurs que nous »

Sur le papier c'est donc une association solide même si sportivement Juvisy n'a rien à envier à son futur partenaire. Un projet de fusion dont nous avons discuté avec Pascal Gouzenes, directeur technique de Juvisy et en charge notamment de la formation au sein du club de l'Essonne. Selon lui, cette fusion répond à la nécessité de poursuivre le « développement » du club, de « pouvoir rester au plus haut niveau [et] être un club formateur ».

De son point de vue, l'un des enjeux était justement de pouvoir garder cette « identité » de club formateur et de travailler avec une formation qui partage cette démarche et qui soit proche des « valeurs » et des « idées » du la Juv'.

Pascal Gouzenes insistait aussi sur l'idée que le nouveau club conserverait son ancrage dans l'Essonne. La partie « football féminin » serait répartie sur les différents sites du nouveau club, à Paris et dans l'Essonne mais que les « meilleures filles de la région » évolueraient dans le 91, notamment pour la partie formation où elles continueraient à passer par le centre de formation actuel du club en partenariat avec le lycée Jean-Pierre Timbaud à Brétigny-sur-Orge.

Plusieurs sites, car la fusion pourrait se faire à deux ou trois clubs en fonction des discussions actuellement en cours entre le Paris FC et le Racing 92 qui pourrait aussi faire partie du nouveau club. Des discussions qui devraient être finalisées fin mars pour un lancement dès la saison prochaine. Comme le Paris FC, le Racing compte aussi une équipe féminine. Elle évolue actuellement en Division d'honneur (DHR pour l'équipe du Paris FC). Toutes ces équipes seraient alors fondues au sein d'un même club avec « l'élite du football féminin » qui serait dans l'Essonne.

 

Aider Juvisy à se structurer

Pour rendre une telle organisation fonctionnelle, Pascal Gouzenes reconnaît qu'il faudra « des gens pour coordonner tout ça » et que le mode de fonctionnement d'un club féminin répartie sur plusieurs sites reste à construire. L'objectif pour la section féminine du futur est de pouvoir « drainer » un nombre plus importantes de joueuses. De cette manière, le nouveau club pourrait « monter » son « nombre de licenciées » et parmi elles pouvoir accompagner celles qui pourraient atteindre le plus haut niveau.

Pour Juvisy, travailler avec un club professionnel ne signifie pas non plus aller vers une professionnalisation du statut des joueuses. La fusion ne remettrait pas à cause la logique de « double-projet » pour les joueuses, avec l'objectif d'une « éducation par le sport » et d'avoir « quelque chose en parallèle qui permette de travailler pendant et/ou après le foot. »

L'évolution se fera donc principalement sur un plan structurel pour un club comme Juvisy qui à l'heure actuelle repose en bonne partie sur le soutien et la contribution de bénévoles qui participent à faire vivre le club. Une professionnalisation au niveau structurel qui répond, selon Pascal Gouzenes, aux évolutions actuelles du football et l'objectif serait de s'appuyer sur les équipes du PFC pour avancer de ce côté.

Le nouveau club dont le lancement est prévu pour la saison à venir (2017/2018) n'a pas encore de nom, mais selon Pascal Gouzenes, la réflexion semble avancée pour permettre à tous les partenaires de se retrouver dans le nouveau club et fabriquer une identité commune à tous les parties prenantes à la fusion.

Hichem Djemai