Sélectionneuse intérimaire de l'équipe d'Angleterre, Maureen "Mo" Marley était pour la première fois sur le banc de l'équipe d'Angleterre pour ce match face à la France. Longtemps coach des U19 anglaises, elle se retrouve aujourd'hui sur un strapontin, avec une crise qui n'en finit pas après l'éviction de Mark Sampson. Un contexte qui s'est retrouvé dans les échanges en zone mixte où les questions ont évoqué le match mais aussi le reste...

 

« Je suis satisfaite du contenu, mais évidemment déçue du résultat, de ne pas avoir gagné ce match. Mais pour moi, l’essentiel n’était pas de sortir de ce match avec une victoire contre la France dans un match amical. Le plus important est de se préparer et d’être capable de répondre présentes contre les équipes du calibre de la France au moment de la Coupe du Monde, sur le long terme.
 

Et c’est le processus, c’est le plan à long terme. Aujourd’hui, c’était simplement un tout petit point de départ et j’aime ce que j’ai vu, et je suis assez contente avec [ce que nous avons montré]. »

 

Un match nul aurait été un résultat plus juste au vu du match ?

 

Oui, potentiellement. Je pense que le match était équilibré en première période, les deux équipes essayaient de se jauger. Mais je pense que nous avons eu probablement les meilleurs moments du matches en deuxième mi-temps et jouer de meilleure manière. Ensuite, c’est devenu plus bizarre, beaucoup de transitions et personne n’avait véritablement le contrôle du jeu. Et puis, évidemment, perdre le match de la manière dont nous l’avons perdu, c’est profondément décevant.

 

Ce sont des petits détails, le genre qui font la différence au plus haut niveau, quand on est troisième au niveau mondial et qu’on veut devenir numéro un, être capable de répondre présent et d’obtenir les résultats demandés quand cela compte.

 

Sur l’ambiance ces derniers jours au sein de la sélection, avec les auditions mercredi au parlement concernant la gestion par la fédération anglaise des accusations de racisme contre Mark Sampson.

 

« Je ne vais pas mentir, ces derniers jours ont été durs, deux derniers mois difficiles pour tout le monde. Mais je suis ici, au bord du terrain et je me dis qu’être capable de réaliser une performance comme celle-là, pour des joueuses qui ont traversé ce que nous avons tous traversé, je ne peux que les applaudir.

 

Et c’était un plaisir, de me tenir là et de les regarder et de faire partie de tout ça parce que nous savons à quel point cela a été dur cette semaine. Cela montre le vrai professionnalisme, leur désir d’être les meilleures et le plus important de continuer à parler du football et c’est ce dont nous devrions parler ce soir. »

 

Sur l’absence de Lee Kendall, le coach des gardiennes, qui a quitté la sélection, après qu’Eniola Aluko ait rapporté lors de son audition au parlement, qu’il aurait systématiquement utilisé un faux accent caribéen pour parler avec elle lors de ses sélections en équipe nationale.

 

« Lee n’est pas avec nous pour ce match et je ne pense pas qu’il soit juste pour moi de commenter son absence ici et maintenant. Évidemment, il y a des informations. J’essaie pour le moment de mettre tout ça à distance, il y a besoin d’une certaine stabilité autour de l’équipe. J’ai fait cet effort conscient de me dire : « Je vais être la personne qui doit garder tout le monde sur de bons rails », sur le terrain, et j’aimerais dire que je pense que nous avons du bon travail aujourd’hui. »

 

Sur la crise en cours au sein de la fédération anglaise, considérée comme l’une des plus graves depuis longtemps. Est-elle le signe d’un malaise profond ou est-ce que malgré tout les choses avancent dans la bonne direction ?

 

« Je pense que c’est assez simple de se focaliser sur les aspects négatifs. Il y a une jeune fille qui a fait ses débuts avec l’équipe A, elle est passée par le « Talent Pathway » [système de détection et de formation pour les jeunes joueuses en Angleterre], elle a joué la Coupe du Monde U20, et l’Euro U19, elle a joué en WSL [le championnat anglais], et je trouve ça décevant que la discussion se passe comme ça quand des joueuses ont l’incroyable opportunité de jouer pour l’Angleterre pour la première fois. Melissa Lawley [qui a honoré ce soir sa première sélection] devrait être ce dont nous parlons après ce match, et de toutes les jeunes joueuses qui ont récemment associé à ce que nous sommes en train de faire.

Sur son intérim, et la possibilité qu’elle devienne par la suite officiellement sélectionneuse de l’équipe d’Angleterre (la décision sera connue début 2019).

 

Je n’ai pas encore eu le temps de réfléchir à ça. J’aime le terrain, parce que j’adore regarder les filles jouer. (…) Je ne pense pas que l’enjeu soit ma propre personne, et ce que je voudrais faire. Je pense qu’il est important [de trouver] la bonne personne, pour le bon poste, avec les bonnes compétences pour aider l’équipe féminine anglaise à avancer de la troisième à la première place au niveau mondial. Et j’accepte l’idée que cette personne pourrait ne pas être moi, je n’ai aucun problème avec ça. J’aime tout le monde. Je veux le meilleur entraîneur pour faire avancer l’équipe d’Angleterre et gagner la Coupe du Monde.

 

Est-ce que vous étiez surpris d’avoir la maîtrise mais aussi la possession du ballon face à l’équipe de France ?

 

Non, c’est ce qu’on nous avons travaillé toute la semaine. C’est ce que nous avons essayé de faire, ce que nous pouvons faire avec le ballon, comment nous allons jouer, et le fait que vous disiez cela, c’est un compliment pour les joueuses pour ce qu’elles ont fait aujourd’hui sur le terrain et la manière dont elles ont joué.

 

On a presque l’impression que ce soir les rôles étaient inversés par rapport au quart-de-finale lors de l’Euro...

 

J’ai eu l’occasion d’analyser ce match, et je dirai que le match lors de l’Euro était très serré. Je pense qu’aujourd’hui (...) nous étions plus que satisfaites de la manière dont nous avons utilisé le ballon, en se basant sur une nouvelle manière de jouer, une nouvelle philosophie. Ma préoccupation ce n’est pas vraiment ce que la France fait, mais plutôt ce que nous faisons. Et je pense que la contribution des joueuses quand nous avions la possession du ballon était exceptionnel ce soir.

Hichem Djemai