Lundi 10 juin, soit deux jours après le deuxième match de poules de Coupe du monde de l'équipe de France face à la Norvège à Nice, la latérale gauche des Bleues Amel Majri a répondu aux questions des journalistes en conférence de presse. Si le match contre la Norvège occupait évidemment les esprits, Amel Majri a aussi pu évoqué l'ambiance extraordinaire du Parc des Princes contre la Corée du Sud (4-0 le 7 juin). Elle est également revenue sur l'absence du ballon d'or 2018 Ada Hegerberg contre la France mercredi, ou encore son enfance et ses débuts au quartier des Minguettes à Lyon. 

 

===> [Coupe du Monde 2019] Les grandes absentes du Mondial

 

Au sujet de l'ambiance.

C'est un moment magique, on s'en rend pas forcément compte sur le moment, mais voir autant d'engouement au niveau du public, au niveau de l'audience qu'on a pu faire, c'est le top.

 

Vous vous y attendiez ou pas du tout ?

Pas du tout, on en parlait là en venant, on comparait aussi avec les garçons, mais franchement on s'attendait pas du tout à ça et j'espère qu'avec les prochaines rencontres, on fera aussi bien.

 

Vous avez eu une grosse saison avec Lyon, vous avez eu une petite gêne aux ischios-jambiers pendant la préparation. Comment vous vous sentez aujourd'hui ? Est-ce que vous êtes en pleine forme ?

Bah écoutez ça va, c'est vrai que comme vous avez pu le dire on a eu une grosse saison et après en arrivant au stade, j'ai senti cette petite gêne à l'ischio, mais ils m'ont bien géré [le staff]. Je n'ai pas pu faire ces deux matches de prépa [contre la Thailande puis la Chine], c'est pour ça que sur le match de la Corée du Sud, j'ai manqué un peu de rythme à la 60e, j'ai eu tendance à avoir des crampes. Mais voilà petit à petit ça revient et j'espère que je vais monter en puissance à l'avenir.

 

« C'est une fierté de se dire que je viens du quartier des Minguettes et que j'ai réussi »

 

Pour prolonger cette question sur l'affluence, vendredi soir le Stade de Nice n'était pas plein, 29000 spectateurs attendus, et puis en une journée 6000 places se sont vendues, jouer dans des stades à guichets fermés, c'est aussi important pour vous ?

Oui c'est sûr, c'est sûr qu'on ne s'en rend pas forcément compte quand on est sur le terrain. Mais de sentir toute cette ferveur autour de nous, ça nous pousse et ça nous prouve que quand on a des moments de moins bien mais qu'on a le public derrière nous, c'est ce « plus » qui fera la différence pour nous aider à gagner certains matches.

 

Est-ce que vous regrettez de ne pas voir Ada Hegerberg jouer ce match mercredi contre vous, puisque c'est votre coéquipière en club ?

C'est vrai que c'est une très très grande joueuse, j'ai la chance de m'entraîner avec elle au quotidien et (rires) c'est un plus pour nous [qu'elle n'y soit pas], donc on ne va pas se plaindre.

 

Face à la Corée, le jeu de l'équipe de France était plus du côté de Marion Torrent et de Delphine Cascarino, qui se sont plus projetées. Est-ce que c'était une consigne, est-ce que c'est aussi parce qu'avec Eugénie, vous étiez un petit peu fatiguées de votre grosse saison ?

Non pas forcément, ce n'était pas une consigne. C'est vrai que de leur côté, Wendie [Renard] arrivait bien aussi à les trouver, elles arrivaient aussi à bien combiner entre elles, donc on s'en est servi aussi mais ce n'était pas forcément travaillé. Après c'est vrai que c'est un peu moins passé de notre côté, mais on a aussi essayé de combiner et ça s'est bien passé aussi.

 

Vous venez des Mainguettes, un quartier chaud de Lyon, vous avez un parcours qui a été difficile parfois également, vous n'aviez pas la nationalité française à une époque. Est-ce que vous avez l'impression aujourd'hui de vraiment profiter de ce moment ? C'est quelque chose de fou que vous êtes entrain de vivre, est-ce que vous avez vraiment conscience de ça ?

Oui, que je vienne du quartier ou pas (sourire), parce que déjà le quartier on va dire entre guillemets c'est pas forcément péjoratif, mais que je vienne de là ou pas pour moi je profite et je suis super contente de tout ce qui m'arrive, que ça soit par rapport à d'où je viens ou de n'importe quel endroit où je suis née, peu importe en fait.

 

« Les coups de pieds arrêtés, c'est une arme »

 

Vous êtes très très suivie également ?

Oui c'est sûr, on me suit, c'est vrai que c'est une fierté de se dire que je viens du quartier et que j'ai réussi. Les petites qui me suivent sont fières de moi, et comme ma famille, comme n'importe qui d'autres.

 

Il a deux ans vous étiez sur des béquilles, aujourd'hui vous croquez à pleines dents cette Coupe du Monde ?

Oui c'est du passé, aujourd'hui je suis très contente de faire cette compétition. C'est derrière moi (Amel Majri avait raté l'Euro 2017, suite à une blessure), aujourd'hui c'est un moment unique, c'est un moment qui va passer vite, donc il va falloir profiter.

 

Sur les coups de pieds arrêtés, est-ce que c'est quelque chose que vous travaillez ?

Oui on sait que les coups de pieds arrêtés c'est une arme, c'est très important, on les travaille, et l'autre fois [contre la Corée du Sud] ça a bien fonctionné (Wendie Renard a inscrit deux buts de la tête sur corner de Thiney puis Majri) donc on va continuer de les travailler pour que sur les prochains matches, ça fonctionne aussi bien.

 

Sur la façon de les tirer aussi, c'est important ?

Oui c'est sûr qu'un ballon qui arrive tendu, et que ça arrive sur Wendie (sourire), c'est facile pour elle, il y aurait pu en avoir d'autres. Il suffit de bien les taper et de viser la bonne zone, et contre la Corée du Sud ça s'est bien passé.

 

 

« Ada Hegerberg est quelqu'un de très mature. Elle sait ce qu'elle fait »

 

 

Je voulais rebondir sur l'absence d'Ada Hegerberg pour le match de mercredi. Est-ce vous comprenez sa position vis-à-vis de la fédération norvégienne ? Elle rate une Coupe du monde, ce n'est quand même pas rien ! Est-ce que vous auriez été capable de faire la même chose si vous aviez dû rentrer en conflit avec la Fédération française de football ?

Honnêtement je ne sais pas. Ada Hegerberg est quelqu'un de très mature. Elle sait ce qu'elle fait. C'est un choix, elle en a décidé ainsi. Donc moi je n'ai pas à polémiquer sur son choix. Je pense que si elle l'a fait, c'est qu'elle en est consciente. Personnellement je ne sais pas si elle est déçue de ne pas faire cette Coupe du monde. Moi je n'aurais pas pu me priver. Mais voilà elle a des idées, elles a des causes qu'elle défend et aujourd'hui "c'est tout bénéf' pour nous" en vue du match de mercredi contre la Norvège.

 

Comment abordez-vous ce match contre la Norvège ? Si on se projette sur les quarts de finale, est-ce qu'il faut à tout prix éviter les Etats-Unis ou vous n'y pensez pas du tout ?

La Norvège est une très bonne équipe, on évolue dans une poule relevée. Il ne faut négliger aucune équipe, mais comme on a pu le voir lors de leur match contre le Nigéria (victoire 3-0), elles sont au même niveau que nous : 1 match, 1 victoire. Ca va être le match clé de cette poule A. On va bien se préparer, on va essayer de mettre la même dynamique que contre la Corée du Sud, et garder tout notre sérieux. 

Pour la deuxième question, moi je préfère ne pas calculer. Comme on dit, il faut battre toutes les équipes pour être championnes du monde. Il faudra passer par toutes les équipes. Parler des quarts de finale aujourd'hui alors qu'on n'est même pas encore en huitièmes de finale, c'est un peu tôt pour ça... On prend les matches un par un et il faut voir ce que l'avenir nous réserve. 

 

« Wendie [Renard] a ressenti une petite gêne mais ce n'est rien de grave »

 

On connaît tous Eugénie Le Sommer la buteuse. On connaît moins la femme. Quel est son caractère, son rôle dans l'intimité du groupe ?

Eugénie c'est une fille qui a de l'expérience, qui nous l'apporte. Dans le groupe, c'est quelqu'un qui, de par sa maturité prend les choses en main, décide de certaines choses sur d'autres points. C'est une cadre. Donc elle a un peu ce rôle qu'elle a aussi sur le terrain. 

 

En équipe de France vous évoluez plus bas sur le terrain qu'à l'Olympique lyonnais, où vous évoluez milieu gauche. Qu'est-ce que vous préférez ? Et à propos, avez-vous des nouvelles de Wendie Renard (absente de l'entraînement lundi, ndlr) ?

En ce qui concerne mon poste en équipe de France, comme je l'ai déjà dit par le passé, mon poste préférentiel c'est d'évoluer plus haut. Mais en équipe de France je sais à quel poste je dois évoluer. Ca me convient parfaitement aussi. J'ai déjà eu ces échanges-là avec la sélectionneuse concernant mon poste, et là je suis dans la compétition. Ca fait un an, un an et demi que je joue derrière en Bleues et ça ne me pose aucun problème. 

Pour Wendie, bah écoutez elle va bien. Je crois qu'elle a ressenti une petite gêne mais ce n'est rien de méchant, rien de grave. Ca va aller. 

 

Est-ce que vous avez regardé le match des Norvégiennes contre le Nigéria ? Si oui, vous l'avez regardé ensemble ou séparément ? En direct ou après ?  Quels sentiments en avez-vous retiré ?

On a regardé le match chacune de notre côté. Moi personnellement j'étais en soin donc je n'ai pas pu tout voir. Forcément on va avoir des retours tactiques sur ce match. Mais on a pu constater que le Nigéria était une équipe assez athlétique, et que devant elles allaient vite aussi. Mais la Norvège a répondu présente et "il n'y a pas eu photo". 

 

« On a la chance d'avoir un très bon président à Lyon qui a cru en son projet et qui a cru en nous »

 

Vos coéquipières nous ont dit justement que la Norvège pouvait aller très vite sur les côtés, et qu'elles étaient très puissantes. C'est un autre type d'adversité que la Corée du Sud. Vous disiez justement que contre la Corée vous manquiez un peu de rythme. Est-ce que vous pensez que vous serez "à point" mercredi ?

J'espère (sourire) ! Il n'y a pas le choix. C'est vrai que côté norvégien il y a Caroline Hansen, une joueuse que je connais assez bien car par le passé avec l'Olympique lyonnais je l'ai souvent rencontrée (Caroline Hansen évolue au sein du club allemand de Wolfsburg, ndlr). Oui, la Norvège va assez vite sur les côtés. Nous aussi on a nos qualités. J'espère que je serai apte, qu'on sera toutes aptes mercredi. 

 

J'ai justement une question sur Hansen, que vous avez affronté récemment avec Lyon en quarts de finale de Ligue des championnes (2-1 et 4-2 pour Lyon, ndlr). Quelles sont ses spécificités ? Comment peut-on la stopper ?

C'est une joueuse qui va assez vite, qui garde le ballon tout près des pieds et qui a un crochet assez court. Elle a une bonne vitesse, elle est assez adroite devant le but. Elle a une qualité de coups de pied arrêté assez intéressante. Après, comme toute joueuse rapide, j'essaie de ne pas trop être "collée" à elle et prendre un peu de recul. Mais après il n'y a pas qu'elle, il y en a d'autres. Il faudra faire attention à ne pas être trop obnibulée par elle et délaisser les autres joueuses. 

 

Le président de l'Olympique lyonnais Jean-Michel Aulas déclarait que les trois piliers de son club étaient la formation, l'équipe masculine et l'équipe féminine. Et que cette dernière équipe tirait le club vers le haut en termes d'image, d'attractivité et d'exemplarité. Il avait prononcé cette phrase avec un certain sourire... Est-ce que ses joueurs doivent s'inspirer de ses joueuses ?

Au niveau des titres oui (rires) ! Après on a la chance d'avoir un très bon président qui a cru en son projet et qui a cru en nous. Et aujourd'hui, on est un peu sa vitrine. Les titres qu'on a pu remporter, c'est aussi grâce à lui et je pense que c'est sur ce point-là qu'il voulait souligner par son "sourire". 

 

« Pour l'instant je suis focalisée sur la Coupe du monde. Je parlerai de mon avenir après »

 

Amel j'ai deux questions. La première : lors de la Coupe du;monde 2015 et ce quart de finale face à l'Allemagne (défaite 1-1, 4 tab à 5), vous êtes sanctionnée d'une main dans la surface de réparation qui offre le penalty de l'égalisation aux Allemandes. Vous aviez déclaré suite à ça vous sentir "coupable". Est-ce qu'aujourd'hui ce sentiment est toujours là ? Est-ce qu'il nourrit votre ambition aujourd'hui ? La deuxième question concerne votre avenir : est-ce qu'après avoir passé neuf années à l'Olympique lyonnais vous n'avez pas envie de voir autre chose ? Peut-être à Barcelone ?

Pour répondre à la première question : C'est vrai que sur l'instant, sur la main dans la surface, je me sens fautive, car derrière ça ne se passe pas forcément bien aux tirs aux buts. Mais maintenant c'est du passé, c'est derrière moi. C'est un fait de jeu qui est arrivé. En plus aujourd'hui avec la VAR (vidéo assistance à l'arbitrage) on peut tout voir. 

Pour la question de mon avenir : pour l'instant je suis focalisée sur la Coupe du monde. Je parlerai de mon avenir après. 

 

J'ai une question sur les défenseures latérales de l'équipe de France. Vous avez joué très haut, vous et Marion Torrent, contre la Corée du Sud. Est-ce que c'était une consigne de Corinne Diacre ?

Non pas forcément. Après on sait qu'on est habituées avec Marion d'être assez hautes sur le terrain. Non, il n'y a avait pas de consignes particulières.

 

"J'entendais souvent l'expression 'garçon manqué' à propos de moi "

 

J'ai deux questions pour vous. La première : la plupart de vos fans sont de très jeunes filles qui jouent au football, et quelques-unes d'entre elles ont parlé des difficultés qu'elles avaient pour jouer au football. Est-ce que c'était aussi votre cas à vos débuts ? Et la seconde question : l'ancien footballeur brésilien Ronaldinho est-il votre modèle ? Est-ce qu'il vous a inspirée ?

Pour répondre à la première question : à mes débuts ça s'est très bien passé. Le fait d'être une fille et de jouer au foot dans mon quartier avec les garçons, j'entendais souvent l'expression "garçon manqué". Mais ça ne m'a pas dérangée. J'ai continué à croire en moi et en mes rêves et ça m'a permis d'être ici aujourd'hui à répondre à vos questions. 

Pour Ronaldinho : c'est un joueur que j'apprécie beaucoup, je l'admirais beaucoup quand j'étais petite. Je regardais ses vidéos sur Youtube et j'essaie de m'inspirer de ses gestes techniques. 

 

Amel, on vous a vue avec vos coéquipières contre la Corée du Sud faire une petite chorégraphie, une célébration après les buts avec les bras levés. Qui avait eu l'idée ? Quand est-ce que l'idée vous est venue ?

Cette célébration nous est venue d'une vidéo de l'équipementier Nike. Des femmes étaient dans un vestiaires et elles levaient les bras d'une manière un peu ridicule (rires). On les a un peu charrié et du coup on a répété ce geste après chacun de nos buts contre la Corée. C'est marrant parce que c'est quelque chose qu'on a gardé en commun et sur le dernier but on l'a fait toutes ensemble avec Amandine Henry. Elle est venue vers le banc, on a toutes fait le geste et c'était pas mal. 

 

Une question sur les joueuses lyonnaises de l'équipe de France, notamment les joueuses de champs, qui ont eu des petits soucis physiques depuis la fin de la saison. Est-ce que vous êtes fatiguées de cette longue saison avec l'OL ? Ou vous êtes-vous régénérées ? Est-ce que ça ira mieux plus tard ?

Oui, on est un peu fatiguées. Mais le staff des Bleues s'occupe bien de nous. Et pour la suite je pense que ça va aller. C'est normal d'avoir des petits soucis, des petites crampes par-ci, par là. Mais on est bien gérées, on a confiance en eux et ça va très bien se passer pour la suite. 

 

Amel on parlait tout à l'heure de votre enfance au quartier des Minguettes. Il y a le documentaire de Marc Sauvourel, journaliste de Canal+, intitulé "Lionnes", qui retrace justement la vie de trois jeunes filles qui jouent aussi au foot aux Minguettes, et votre vie à vous. Qu'avez-vous pensé de ce documentaire ? Qu'auriez-vous dit aujourd'hui à "la jeune Amel Majri" si vous pouviez lui parler ?

Oui c'est vrai que pendant un an et demi Canal+ m'a suivie. Je remercie Marc car c'était un très beau reportage sur mon enfance, comment j'ai grandi, ma famille, mon entourage, et qui a été tourné en parallèle avec la vie des trois autres jeunes filles. Aujourd'hui si la Amel Majri âgée de 6-7 ans était devant moi, bah je lui aurais dit de croire en elle et de ne pas se laisser influencer, continuer à croire en ses idées, et que si elle avait un rêve à réaliser, de persévérer parce que c'est comme ça que j'ai réussi aujourd'hui. J'ai aussi bénéficié d'un soutien familial, un environnement qui m'a permis d'y arriver. Voilà ce que je dirais à la petite Amel de 7 ans (sourire). 

 

Par rapport à votre parcours, est-ce qu'aujourd'hui vous avez envie d'être un exemple ? Vous l'êtes déjà en fait. Comment vous vous situez par rapport à ça et à votre statut de joueuse internationale ?

Vouloir être un exemple n'est pas forcément dans ma tête. Je sais qu'on a une image à véhiculer. Mais il faut juste rester soi-même, naturelle. Après les gens s'inspireront de toi, et si ça se passe bien sportivement et humainement, il n'y aura pas besoin de surjouer. 

 

Quel type de capitaine est Amandine Henry ?

Amandine, c'est une capitaine qui prend les devants, qui n'hésite pas à parler, à prendre la parole. On sait qu'elle a un vécu, de l'expérience. Ce qu'elle dégage aussi sur le terrain, elle nous le fait ressentir aussi dans le vestiaire, quand elle se met à nous parler. Moi je trouve qu'elle joue bien ce rôle, et aujourd'hui elle nous fait du bien parce que dans les moments compliqués souvent c'est elle qui débloque la situation. Néanmoins on sait que chacune d'entre nous peut débloquer la situation. Mais quand c'est elle qui le fait, ça prouve que son rôle de capitaine lui tient à coeur. 

 

Arnaud Le Quéré