Habituée aux grosses compétitions en club mais aussi en sélection, ​la portière de l'équipe de France, Sarah Bouhaddi, sera un atout de taille pour les Bleues dans leur quête de trophée. Avant le match d'ouverture France/Corée du Sud, qui se jouera ce vendredi à 21h au Parc des Princes, la Lyonnaise a donné son sentiment sur la préparation, mais aussi sur les blessures arrivées durant ce dernier mois de mai, chez quatre de ses coéquipières en club.

 

 

Blessure des lyonnaises, trop de matches ?

La saison a été longue avec énormément de matches, ces quatre filles-là ont joué pratiquement tous les matches durant la saison, que ça soit en club ou en équipe nationale donc forcément il y a de la fatigue en fin de saison. Mais il y en a deux qui ont repris le terrain avec le groupe aujourd'hui (Le Sommer et Majri) et deux qui travaillent à part (Mbock et Henry), mais qui ont repris la course aussi donc ça va pour le moment.

 

Nombreux sélectionneurs et préparateur => évolution en tant que gardienne de l’équipe de France ?

Ils ont tous leur particularité. Après je peux pas en sortir plus un qu'un autre, j'ai travaillé tout le long de ma carrière avec différents entraîneurs, il y a eu des affinités avec certain plus que d'autre, mais ma progression elle est dû aussi à tous ces entraîneurs là. Je ne suis pas là par hasard et je pense que je peux les remercier de ce qu'ils ont fait aussi pour moi durant ma carrière.

 

Enseignement des deux matches de préparation gagnés contre la Thaïlande (3-0) et la Chine (2-1)

On a vu deux matches différents. Le premier contre la Thaïlande, ça n'a pas été facile parce que le filles ont bien travaillé durant plus de 15 jours en préparation, où il y a eu pas mal de fatigue [accumulée avec la saison], c'était surtout ça qui a été compliqué. Et puis sur le deuxième match [contre la Chine], on a retrouvé un petit peu plus de fluidité dans notre jeu, c'était vraiment un match de Coupe du Monde, ce à quoi on peut s'attendre durant ce mondial. Tout n'a pas été réussi mais je pense qu'il y a eu des bonnes choses.

 

Pression ou excitation de commencer ?

Non je ne vais pas vous cacher qu'on pense à cette Coupe du Monde, qu'on pense toutes au match d'ouverture [contre la Corée du Sud]. Après on reste bien tranquillement dans notre bulle, on a repris aujourd’hui, on sait où on veut aller, on sait ce quo'n veut faire donc on va arriver tranquillement. On a encore du travail aujourd’hui, donc il ne faut pas brûler les étapes.

 

Petits pépins des quatre Lyonnaises (Henyr, Le Sommer, Majri et Mbock). Est-ce que c'est une inquiétude ?

Elles suivent leur réathlétisation, Eugénie a repris avec le groupe, je pense que sur le match de la Chine - c'est deux joueuses là n'étaient pas dans le onze de départ - les filles qui les ont remplacé ont répondu présente et ont donné le maximum pour l’équipe. Aujourd’hui on a un groupe compétitif et qui est capable de jouer tous les matches, donc s'il y en a une qui manque, il y en aura une autre qui la remplacera, y'a pas de soucis sur ça.

 

La visite du Président et son encouragement pour le mondial

Ça représente beaucoup. Déjà on va représenter notre équipe, notre nation à cette Coupe du Monde. On a la chance d'avoir la visite du Président de la République demain, ça veut dire beaucoup parce que prendre le temps de venir nous rencontrer, saluer l’équipe nationale, ça met un petit peu de pression parce que ça veut dire qu'il compte aussi sur nous pour ce mondial. Il faudra prendre ce rendez-vous bien au sérieux et prendre plaisir aussi, parce que ça n'arrive pas tous les jours de rencontrer le Président de la République.

 

"Seule la victoire peut-être un objectif" Emmanuel Macron aux Bleus. Est-ce que vous vous attendez au même discours ?

C'est possible, c'est un compétiteur, un sportif donc forcément je pense que quand il regarde du foot ou son équipe qu'il admire dans le foot, il aimerait qu'elle gagne. Donc il va nous donner des mots, qui vont être importants, symboliques et on va essayer de ne pas le décevoir et ne pas se décevoir nous mêmes.

 

Souvenir de la visite à l'Elysée avec l'OL

Ça c'est bien passé, c'était un beau souvenir. On venait de gagner des titres avec notre club, donc on avait eu le bonheur d'être accueilli à l'Elysée et de rencontrer le Président. Il nous a félicité, ça a été quelque chose de très simple, familial, il a été très décontracté, parfois on avait même peut être l'impression qu'on avait pas en face de nous le Président de la République, parce qu'il était super cool. Je pense que demain il sera pareil, ça c'était super bien passé.

 

"Il ne faut pas se mettre une

pression particulière"

 

Comment on se prépare à un match d'ouverture à domicile ?

Je n'ai jamais vécu un match d'ouverture, ça va être une première. Après je ne connais pas trop le protocole. La préparation de notre match pour l'équipe sera la même, on va arriver au stade une heure et demie avant, on va se préparer tranquillement dans notre vestiaire, je pense qu'il ne faut pas se mettre une pression particulière par rapport à ce match d'ouverture. On y verra pas grand chose, parce que justement ce qu'il se passera avant, on ne sera pas encore là, mais je pense qu'il faut préparer notre match comme d'habitude.

 

"On est ici pour essayer de construire

l'histoire du foot féminin en France"

 

Palmarès vierge de l'équipe de France. Qu'est-ce qui va faire que cette fois ça peut aller au bout ?

Ce qui s'est fait au passé, on va essayer de le laisser derrière nous. Maintenant on est ici là pour essayer de construire l'histoire du foot féminin en France. On a des objectifs qui sont clairs avec le staff, on essaye de travailler, de progresser. Ça fait un an et demi qu'on travaille tous ensemble, qu'on essaye de progresser notre football. Maintenant je peux pas vous dire qu'on sera championnes du monde, je l'espère, mais on ne va pas brûler les étapes, déjà essayer de gagner nos matches de poule et après on verra la suite.

 

Primes en fonction du résultat, déjà négociées avec la FFF, la même que celle que les garçons ont touché ?

Alors tout d'abord je ne connais pas les primes des garçons, ce n'est que ce que j'ai un peu pu lire sur vos journaux. Non on n'a pas encore discuté de prime, ce n'es pas le domaine duquel on se préoccupe le plus, on est vraiment dans notre bulle, on travaille collectivement et puis on verra ce que le Président et la Fédération (Noel Le Graet, ndlr) nous proposera en termes de prime.

 

Comment vous vous sentez personnellement ?

Je me sens bien, je n'ai pas joué le premier match de préparation [contre la Thaïlande] parce que j'étais en récupération après la saison qui a été longue. Sur le deuxième match [contre la Chine] j'ai eu de très très bonne sensation, mon match était plus ou moins bien, je me sen bien dans mon corps, et je vais bien préparer cette Coupe du Monde et aborder les matches sereinement.

 

Vous avez déjà connu une compétition avec des incertitudes concernant les joueuses blessées ?

Je n'ai pas le souvenir si on avait eu autant de petits pépins physiques. Après comme je le dis ce sont des petits pépins physiques, aujourd’hui vous l'avez vu on l'a vu, Eugénie et Amel ont repris le terrain donc elles peuvent postuler vendredi pour le premier match. Amandine et Griedge ont fait la course aussi, donc pour moi il n'y a pas d'alerte. Après ce n'est pas moi qui prend la décision, c'est le staff médical avec la coach. Ce sont des petits pépins physiques et j'espère qu'elles pourront postuler pour jouer vendredi.

 

Beaucoup de supporters et de supportrices. Un vrai engouement autour de vous, qui met plus de pression ?

Non parce qu'aujourd'hui on est en France, on est à Clairefontaine, les visites sont un peu plus accessibles aussi. C'est vrai que ce matin ça a été agréable, nous on a été surprises de voir tous ces enfants, parce qu'on était pas au courant et on s'y attendait pas et ils ont chanté durant tout l'entrainement, que ça soit les petits garçons ou les petites filles. Ce sont des moments sympas et ça nous montre que ça se rapproche tranquillement de l’événement et aujourd’hui il y a un engouement de la part de tout le monde et c'est super agréable.

 

"Il n'y a aucune revanche par rapport

aux années précédentes."

 

Deuxième Coupe du Monde en tant que titulaire, après la défaite cruelle contre l’Allemagne en 2015. Est-ce que c'est encore une fracture, ou c'est une revanche à prendre ?

Non je me répète ce qui est au passé reste au passé. Aujourd'hui on a un nouveau groupe, avec de nouvelles joueuses et un nouveau staff. On a travaillé pendant un an et demi, et on a un objectif dès le début, ce sont des choses où je me répète, mais on va aborder la compétition avec un tout autre état d'esprit et des objectifs qui sont différents. Il n'y a aucune revanche par rapport aux années précédentes.

 

Forfait de Griedge remplacée par Tounkara, différence entre les deux joueuses ?

Je ne sais pas qui remplacera Griedge si elle ne peut pas postuler ce vendredi, vous vous le savez peut être apriori, mais non il y a d'autres joueuses qui peuvent postuler comme Julie Debever ou Aissatou [Tounkara]. Aujourd'hui on se pose pas la question si Griedge pourra jouer ou pas, même si elle est apte, on ne sait même pas si elle sera titulaire pour le match de vendredi. Le groupe va travailler tranquillement, la coach va mettre en place son équipe, ça va s'approcher doucement d'ici jeudi. Il n'y a pas de questions à se poser quant aux absences plausibles de vendredi, tout le monde va reprendre tranquillement je l'espère.

 

L'expérience des grands stades et grandes compétitions. Est-ce que c'est un contexte particulier quand on va jouer au Parc des Princes ?

Forcément quand on va arriver, on va rentrer sur le terrain et on va voir le stade qui est plein, qui fait à peu prés 48000 places, donc forcément nos yeux vont être grands ouverts. C'et à nous aussi de pouvoir aider l'équipe à ne pas être pris par l'enjeu et de préparer sereinement ce match. On va apprécier ce moment là, il faut le vivre aussi, ce sont des moments uniques et qu'on va pouvoir vivre tranquillement. Mais à nous les plus anciennes d'aider les jeunes à rentrer dans cette bulle [de tranquillité et de quiétude avant un match comme ça].

 

"Arriver vendredi avec un maximum de confiance

sur notre jeu, sur notre mental"

 

Temps interminable

Non le temps il va être important (sourire). Il reste peu de jours, quelques heures, ça va être très important pour régler les petits détails qu'on a manqué contre la Chine, il va falloir arriver vendredi avec un maximum de confiance sur notre jeu, sur notre mental, donc non le temps va être important d'ici de match [contre la Corée du Sud].

 

Cadre avec les plus jeunes

Moi je ne change pas, la coach m'a donnée un petit peu plus de responsabilité que quand elle est arrivée, elle compte beaucoup sur moi. J'arrive à un âge où la maturité est là aussi, l’expérience aussi. Ma façon d'être ne changera pas que ça soit en tant que cadre ou en tant que joueuse normale. Aujourd’hui j’essaye d'apporter un maximum au groupe et c'est avant tout important pour moi.

 

Quelles sont vos relations avec la coach et qu'est-ce qu'elle vous a apporté depuis qu'elle est selectionneure des Bleues ?

Je vais parler surtout pour le groupe. Elle a apporté une rigueur, une discipline qui est importante, c'est vrai que c'est important de l'avoir surtout quand on est jeune. Elle a apporté de la rigueur mais surtout de la forme dans notre travail, je pense que vous devez le voir aussi au quotidien quand vous assistez à nos séances d'entrainements qu'il y a vraiment ce maître mot sur le travail, c'est une chose qui a été très importante dans le groupe durant un an et demi !

 

Un jour de repos avant les choses sérieuses. C'était important de décompresser avant la compétition ?

(sourire) Oui on est restées toutes dans la région parisienne pour ne pas faire de trajet, et ne pas fatiguer aussi. On a toutes été un peu en famille, on a passé 24h qui ont fait du bien, qui ont permis aussi de s’oxygéner et de voir autre chose. Je pense que vous l'avez vu ce matin, il y avait pas mal de sourires, on a bien récupéré.

 

Photo : Nicolas Lacambre

Dounia MESLI