Evidemment déçue de la défaite de son équipe ce vendredi soir face aux Etats-Unis en 1/4 de finale de Coupe du monde (1-2), Corinne Diacre ne s'est pas défaussée et a parlé "d'échec sportif". Mais la sélectionneuse des Bleues pense que son travail avec cette équipe n'est pas terminé. Malgré l'échec, elle espère que ses joueuses auront conquis le coeur des Français durant la compétition et que cela aidera le football féminin à se développer encore davantage dans l'Hexagone.
 
 
 
Journaliste (RMC Sport) : Corinne, on peut peut-être parler de regrets, surtout à la 86e minute (quand la défenseure américaine Kelley O'Hara a touché le ballon du bras dans sa surface de réparation mais l'arbitre n'a pas sifflé penalty. La France était menée 1-2, ndlr). C'est le tournant du match ! Qu'avez-vous pensé de la non-utilisation de la VAR par l'arbitre ?
 
Ecoutez, on pourrait débattre de ça toute la nuit mais à quoi ça servirait ? C'est comme ça ! Auparavant dans le tournoi, la VAR a été en notre faveur. Ce soir, elle ne l'a pas été. Est-ce qu'on doit s'arrêter là-dessus ? Je ne pense pas. Le seul regret que je peux avoir, c'est sur cette inattention qu'on a eue dans les premières minutes en rentrée de touche. Pourtant c'est quelque chose qu'on avait identifié, analysé. On l'avait prévenu. Mais ça n'a pas suffi.
 
Journaliste (L'équipe) : Qu'avez-vous pensé de la prestation globale de votre équipe sur ce match ? Nous, on a eu le sentiment d'avoir vu deux mi-temps différentes.
 
Oui, on a eu peut-être une première mi-temps un peu crispée. Ensuite, quelques joueuses se sont davantage libérées en seconde mi-temps. Après, je pense qu'on a eu la main mise sur le jeu dans l'ensemble du match. Même si c'était un peu plus prégnant en seconde période. Mais ça n'a pas suffi ce soir malheureusement.
 
Journaliste (média chinois) : Votre équipe a tiré 20 fois dans ce match, mais n'a marqué qu'un but. Pensez-vous que le dernier geste a fait défaut ce soir ?
 
A partir du moment où vous perdez le match, c'est que vous n'avez pas fait ce qu'il fallait dans le dernier geste, la finition. Notre plan de jeu pour contrer les Américaines a fonctionné parfaitement. Par contre, dans l'utilisation du ballon, on a manqué de justesse dans le dernier geste, dans nos choix, et de justesse technique aussi. Ce qui fait qu'à un moment donné, même en amenant le ballon sur le côté, si on n'arrivait pas à centrer, c'était compliqué. Et on a encore vu quelques joueuses malgré tout en deçà de leur potentiel. Et quand on n'est pas à 100%, c'est déjà difficile contre d'autres équipes mais encore plus contre les USA.
 
Journaliste (média américain) : Les joueuses ont marqué dès la 5e minute dans ce match. Vous y attendiez-vous ?
 
Non, bien évidemment ! L'idée, c'était de ne pas encaisser de but trop rapidement, même si on avait analysé les statistiques qui disaient que les Américaines étaient très performantes dans le premier quart d'heure. On a fait une erreur d'inattention qu'on a payée cash. C'est ce que les Américaines nous ont appris ce soir. Ca s'est joué sur un détail. Et après leur expérience a fait le reste.
 
 
Journaliste (RTL) : Est-ce qu'on peut parler d'échec, avec cette défaite en 1/4 de finale ? Et seconde question : avez-vous toujours envie de diriger l'équipe de France ?
 
(rires) Je ne suis pas du genre à renoncer ! Le président de la Fédération française de football m'a accordé sa confiance pour un bail assez long. Maintenant c'est à lui que revient cette décision. Pour ma part j'ai encore du travail à faire. On a encore beaucoup de choses à peaufiner, beaucoup de choses à faire et j'espère qu'on les fera ensemble. Oui, c'est un échec sportif. Il ne faut pas se le cacher. On est loin de notre objectif initial. Mais j'espère qu'on a gagné autre chose ce soir et depuis le début de la compétition, c'est-à-dire le coeur des gens ! 
 
J'espère surtout que ça va aider notre discipline à franchir encore un cap. On a vu ce soir malgré tout qu'on était pas très loin du niveau des USA. Ca je peux vous l'assurer ! Ca fait déjà quelques années que je suis "dans le circuit" et je n'ai jamais vu les USA finir un match avec cinq joueuses en défense ! Jamais ! Donc c'est un signe, mais ce n'est pas encore suffisant ce soir. Mais on a montré un beau visage je pense, quand même. Mais on ne va pas se consoler avec ça. La qualification n'y est pas donc sportivement ça ne peut être autre chose qu'un échec.
 
 

"C'est vrai qu'Eugénie n'a pas été au top de sa forme durant la compétition"

 
 
Journaliste (média américain) : Avez-vous remarqué dans l'équipe américaine quelque chose de différent ce soir par rapport aux trois derniers matches amicaux que vous avez remportés contre elles ? Car aux USA, lorsque vous avez remporté ces matches amicaux, on a cru que la France avait atteint le même niveau que l'équipe américaine.
 
Vous savez, un match amical ou de préparation c'est toujours différent d'un match de compétition ! Et qui plus est un match de Coupe du monde ! Et la différence résidait aussi dans la période où on avait affronté cette équipe en matches amicaux. Mais c'est évident : l'équipe des USA n'est pas du tout la même en matches amicaux qu'en Coupe du monde.
 
Journaliste (AFP) : Parmi les joueuses qui ont déçu, Eugénie Le Sommer a paru en difficulté ce soir. Etait-elle un peu blessée durant le tournoi ? Regrettez-vous peut-être de l'avoir titularisée sur certains matches ?
 
Je n'ai aucun regret ! Eugénie n'était pas blessée. Elle a été blessée mais elle a été soignée. Ca a juste tronqué la préparation qu'on lui avait concoctée. Sachant qu'on avait dû gérer la longue saison qu'elle avait subie avec l'Olympique lyonnais. Ca ne nous a pas aidé. C'est vrai qu'Eugénie n'a pas été au top de sa forme durant la compétition. Maintenant est-ce qu'après une saison aussi brillante qu'a réalisée l'OL, cette joueuse peut enchaîner tout de suite après une préparation de haut niveau ? C'est ça la difficulté ! C'est une donnée que l'on avait en tête. On avait travaillé dessus donc on n'était pas surpris. Mais des blessures sont venues tronquer la préparation de joueuses comme Eugénie. On s'y est adaptée mais ces joueuses n'ont pas pu être au top de leur forme sur la compétition. Mais est-ce à ça qu'on doit attribuer cet échec ? Je ne pense pas. Ce serait trop réducteur.
 
Journaliste (RMC Sport) : C'est la 5e fois que l'équipe de France est éliminée à ce stade dans une grande compétition. On a l'impression que l'histoire se répète. Qu'est-ce qu'il manque à votre équipe, à part ce soir la justesse technique, et à votre staff pour retrouver le dernier carré d'une grande compétition ?
 
On a joué contre les USA quand même ce soir ! Alors je ne vais pas me dédouaner ou me chercher des excuses. Ce n'est pas le genre de la maison. Mais jouer les USA en 1/4 de finale quand on est le pays hôte, ce n'est quand même pas un cadeau. On a fait bonne figure quand même ! Qu'est-ce qu'il nous manque encore ? Bah il nous manque du travail ! Concernant mon staff on a fait ce qu'il fallait. Je n'ai pas de regrets. On va faire un bilan, tirer les conséquences de cet échec. On va bien analyser ce qui a fonctionné et ce qui a moins bien fonctionné. Maintenant je pense qu'il faut laisser s'évacuer la pression. Réagir à chaud ce n'est jamais bon. Qu'est-ce qu'il nous manque ? Si je le savais on se serait qualifiées ce soir (sourire) !
 
 

"A défaut d'avoir gagner le match, elles ont gagné le coeur des gens !"

 

Journaliste (So Foot) : Quel a été votre discours à vos joueuses après le match ? On les a senties très touchées, que ce soit sur la pelouse ou en zone mixte.
 
Même si ça ne les a pas consolées, je leur ai dit qu'à défaut d'avoir gagner le match, elles ont gagné le coeur des gens ! Mais quand on est éliminées d'une compétition, qui se joue à la maison qui plus est, on n'est pas satisfaites. Les filles étaient donc malheureuses. On avait fondé beaucoup d'espoirs sur cette Coupe du monde... Mais c'est la loi du sport.
 
Journaliste (France TV) : Corinne c'est la double peine ce soir car en plus d'être éliminées de la Coupe du monde, vous l'êtes aussi des Jeux olympiques de Tokyo 2020.
 
(Elle hausse les épaules) Oui mais vous savez, les JO étaient pour nous un objectif secondaire. Même si on avait rejoint les demi-finales de Coupe du monde, ça n'aurait peut-être pas suffi, vu le peu de places accordées aux équipes européennes...
 
Journaliste (média allemand) : Ce soir on a vu une équipe des USA très forte. Pensez-vous qu'elle sera la favorite naturelle pour cette Coupe du monde ? Sinon que pensez-vous d'autres équipes comme les Pays-Bas ou l'Allemagne ?
 
C'est difficile à dire, en plus je ne suis pas très bonne en pronostic. Est-ce que les USA peuvent gagner ? Oui. Est-ce que d'autres équipes peuvent gagner ? Aussi (sourire).
 
Journaliste (L'équipe) : Juste une question sur le coup-franc qui a amené le premier but américain, et notamment la position du mur qu'a placé la gardienne française Sarah Bouhaddi. Pouvez-vous l'expliquer ?
 
(Haussement d'épaules) : Non... Vous trouvez qu'il y a eu un problème avec ce mur ?
 

Journaliste (L'équipe) : On s'est posés la question car on trouvait que ce mur a laissé de l'espace à Megan Rapinoe pour tirer ce coup-franc ?
 
Il faudrait que je revoie les images mais là je ne peux pas vous dire car je ne les ai pas en tête. Désolée.

Arnaud Le Quéré