Après la victoire sans appel des Bleues 4-0 face au Maroc en huitièmes de finale, Yannick Chandioux est revenu avec nous sur cette belle qualification en quart de finale pour l'équipe de France. Une nouvelle étape, avec une affiche face au pays co-hôte, l'Australie qui sera disputée et pourrait marquer un tournant, si les joueuses de Hervé Renard parviennent à passer ce cap, selon le coach montpelliérain.

 

Coeurs de Foot - Qu’avez-vous pensé de la victoire des Bleues ?

J'ai trouvé que l'équipe de France est très très bien rentrée dans le match. Elle s'est donnée tout de suite les moyens de se qualifier en mettant du rythme, en se montrant dangereuse sur le début de match et c'est vrai que trois buts en huit minutes c'est la récompense d'un très bon début de match. Même si on peut dire les Marocaines ont été un petit peu fébriles sur l'entame.

CDF - Les Marocaines étaient un peu dépassées physiquement, athlétiquement, on a senti qu'elles ne voulaient pas trop rentrer dans les Bleues, et aussi dépassées dans l'expérience au final ?

Oui sur - je trouve - beaucoup beaucoup de plans, sur le plan athlétique c'est sur, sur la capacité à sortir le ballon, car elles ont eu des difficultés à le faire, mais aussi face à un bloc français, qui a vraiment été tout de suite bien dans son match, bien équilibré, j'ai trouvé que toutes les joueuses ont été à un bon niveau et c'est encourageant pour la suite.

 

"Ne pas tomber dans un schéma

euphorique"


CDF - Une prestation aboutie de l'équipe de France ?

Oui aboutie, dans le sens où le match est maîtrisé, c'est un match avec beaucoup d'occasions, avec des buts, un scénario qui reste favorable du début à la fin. Je le redis, mais je pense que le Maroc a joué un petit en-dessous des prestations précédentes en poules. Ça veut dire aussi qu'il ne pas faut pas - à l'inverse de ce que j'ai dit sur certains matches depuis le début de la Coupe du Monde - tomber dans le catastrophisme quand c'est un petit peu compliqué, et là ne pas tomber dans un schéma euphorique parce que c'est une belle victoire. Ce qui va arriver maintenant, ça va être beaucoup plus compliqué, donc il va falloir rester au moins sur ce niveau-là, continuer à trouver des automatismes. J'ai vu des joueuses qui commencent à se trouver, j'ai bien aimé les joueuses de devant, Kenza [Dali], Selma [Bacha], Eugénie [Le Sommer], Kadi [Diani] et puis la rentrée de Vicki Becho, mais pour moi ce n'est pas une surprise, je trouve qu'elle est actuellement à un très bon niveau, à l'image de sa rentrée. C'est bien, mais ça veut dire aussi que les joueuses remplaçantes sont des titulaires en puissance, en tout cas certaines, et quand elles rentrent, elles maintiennent un rythme et un niveau intéressant. 

CDF - Vous nous évoquiez lors des matches de poules, un manque d'initiatives des joueuses en défense, aujourd'hui elles vous ont répondu avec des ballons qui partaient du camp français, sur deux buts (avec Elisa De Almeida sur le premier but et Wendie Renard pour le second) ?

Oui exactement, c'est aussi un peu plus simple sur ce type de match, avec un bloc adverse qui est bas, qui attend l'adversaire, qui met du coup un peu plus de temps lancer le jeu, pour préparer, pour progresser, j'ai bien aimé certains déplacements pour fixer l'adversaire et déséquilibrer l'adversaire, c'est parti de loin, on peut être que satisfait en tant que téléspectateurs sur un match comme ça, tout en relativisant parce que je n'ai pas vu le Maroc, entrevue sur certains moments depuis le début, et peut-être qu'on espérait une opposition un petit peu plus forte. On peut aussi quand même féliciter cette équipe marocaine, car elle est en huitièmes de finale, c'était pas prévu [par les pronostiqueurs] et c'est bien, c'est tant mieux, il y a des joueuses qu'on connait bien, c'est un beau parcours, on peut que les en féliciter.

 

"On a des joueuses qui ont envie de faire

quelque chose de grand"


CDF - Le prochain adversaire des Bleues est le pays co-hôte, l'Australie. Est-ce une pression supplémentaire selon-vous ? 

Je ne sais pas si c'est une pression, quoiqu'il arrive quand on avance dans la compétition et en se rapprochant du but, chaque match devient un peu plus difficile, je ne suis pas sure que ça soit une pression, je pense qu'on a des joueuses qui ont envie de faire quelque chose de grand dans cette Coupe du Monde et pour faire cela, il va falloir être à la hauteur sur ce quart de finale. Je me dis que c'est peut-être le tournant [de la compétition pour les Bleues] en imaginant une qualification en demi-finale, je pense qu'on est en capacité derrière de faire de très grandes choses et pourquoi pas la gagner. C'est pour moi peut-être le match le plus important. Derrière ça sera vraiment - quelque part - que du bonus, car aller en demi-finale c'était déjà un premier objectif, donc il faut y aller. C'est le pays hôte vous l'avez dit, il y a une grosse attente en Australie, c'est une équipe qui vient de faire des beaux matches pour se qualifier, donc je pense que c'est le match le plus important, si l'équipe de France veut être championne du monde.

CDF - L'Australie est montée en puissance et a rencontré un adversaire plus coriace, le Danemark, elles ont été un peu bousculées, mais ont pu dérouler aussi leur jeu pour inscrire deux buts incroyables. Est-ce que cette adversité différente pourrait influer sur ce quart de finale justement ?

Je pense un petit à l'image de l'équipe de France, qui joue les États-Unis en 2019, quand on joue le pays hôte, qui est une bonne équipe, et on l'a vu avec l'Angleterre qui vient de gagner l'Euro l'été dernier, l'Australie est clairement - peut-être pas la favorite mais - l'un des trois/quatre favoris sur ces huit qualifiés, et je pense que c'est vraiment le match le plus important de ce mondial pour les Bleues. Si l'équipe de France passe ce cap, il y a vraiment le potentiel pour aller jusqu'au bout je pense.

 

"L'équipe de France est capable

de belles choses"



CDF - Hervé Renard était un meneur d’hommes, aujourd'hui c'est un meneur de femmes et on le sait, ce n'est pas la même chose ?

(légers rires) Il est entrain de prouver que le challenge qu'on lui a donné, qu'il est sur la voie de la réussite, il y a encore trois matches pour aller au bout, mais moi j'y crois, je crois à l'équipe depuis le début, et je reste sur ma ligne de conduite et sur mes pensées, par rapport à l'objectif qu'il a, et je crois qu'il en est capable. Je crois que l'équipe de France est capable de belles choses, mais il faut passer le cap australien et ça sera certainement le match le plus difficile depuis le début de la Coupe du monde, pour les Bleues.


Photo : MHSC

Dounia MESLI