Une finale européenne pour un titre olympique, c'est ce qui attendait les spectateurs du Maracana. L'Allemagne et la Suède qui se retrouvaient pour une énième confrontation en grand tournoi, un exercice qui a une nouvelle fois tourné à l'avantage de l'Allemagne, avec une victoire 2-1 en finale qui donne à l'Allemagne le titre qui lui manquait, l'or olympique.

Il avait différentes manières d'aborder cette rencontre. Pour celles et ceux qui ont suivi le tournoi olympique, les deux finalistes ne sont pas nécessairement celles qui ont fait la plus belle impression. Un tournoi à rebondissement qui nous livre une finale avec deux équipes qui ont connu un début de compétition poussif. L'Allemagne a pu se hisser en finale après avoir éliminé la modeste équipe chinoise et sorti un Canada lessivé en demi. La Suède à joué la guérilla défensive pour sortir deux grands favoris de la compétition : les États-Unis et le Brésil.

En Europe, cette finale pouvait sonner comme une forme de renouveau, de retour en force après cinq ans de domination des États-Unis et du Japon sur le football mondial. Allemagne-Suède, le genre de matches que l'on a pu voir de ce côté de l'Atlantique depuis que le football féminin est sorti de l'anonymat. 25 matches entre les deux sélections dont 12 en compétitions officielles et une domination outrageuse de l'Allemagne, qui a pris pour habitude de battre la Suède notamment lorsque les deux équipes se retrouvent en finale. La dernière de ces finales date pourtant de la Coupe du Monde 2003. Une éternité faite football et l'on pouvait se dire qu'aujourd'hui l'issue pourrait être différente.

L'Allemagne avait les statistiques, et la Suède avait Pia Sundhage, double championne olympique en titre avec les États-Unis. Sundhage avait quitté la sélection à la bannière étoilée justement pour pouvoir rentrer au pays, en Suède. Et gagner ? Elle avait en tout cas tout fait pour y arriver, à l'image de ces deux exploits en quart et demi.

La Suède joue plus que prévu

En début de match, on voit progressivement se dessiner les termes de la rencontre. Mais première impression, la Suède joue, cherche à se porter vers l'avant, ne se contente pas de son 4-5-1. Du jeu vers l'avant et des coups des pieds arrêtés dans les dix premières minutes qui n'aboutissent pas à de véritables occasions côté suédois. La première situation pour la Suède arrive à la neuvième minute, un ballon récupéré au milieu de terrain et Dahlkvist qui lance dans la profondeur Lotta Schelin, une accélération côté droit et un centre en première intention vers Olivia Schough au premier poteau, qui ne parvient pas à cadrer sa frappe.

Passée ces dix premières minutes, on retrouve le système qui a fait la force de la Suède, un bloc bas, deux lignes défensives et une attaquante, en l’occurrence Sofia Jakobsson que l'on cherche sur du jeu en profondeur dans le dos de la défense. Un schéma de jeu parfaitement lu par la défense allemande et la capitaine de Saskia Bartusiak et qui piège plusieurs fois Jakobsson au jeu du hors-jeu et force la Suède à se projeter en plus grand nombre pour pouvoir se montrer dangereux. Ce jeu direct va pourtant être le principal schéma de jeu suédois dans ce match. A la 18e minute, Almuth Schult réalise une sortie de la tête en dehors de sa surface pour empêcher Lotta Schelin de partir seule au but dans le dos de la défense.

Ces situations montre la capacité de la Suède à mettre en danger l'Allemagne qui contrôle la balle mais ne se montre que rarement dangereuse dans ce premier acte. Ce sont pourtant les joueuses de Silvia Neid qui se créent la meilleure occasion à la 25e minute. Au départ Behringer sert Leonie Maier côté droit, qui accélère pour finir par une frappe de gauche que Lindahl repousse dans les pieds de Mittag seule face au but et qui ne parvient pas à cadrer, alors que la gardienne suédoise est encore à terre. Une occasion franche qui aurait pu laisser des regrets, d'autant que la Suède se montre régulièrement avec de nouvelles frappes de Schelin (28e) et Dahlkvist (31e).

L'entame parfaite

L'Allemagne pouvait-elle douter ? C'était l'un des paramètres du scénario idéal des supporters suédois. Pourtant le début de seconde période se révèle idéal pour l'Allemagne qui prend l'avantage dès les premières minutes.

A la 48e minute, Leonie Maier trouve Melanie Behringer entre trois joueuses suédoises au milieu de terrain. Behringer remise en une touche vers Leupolz sur le côté droit qui adresse un centre dans la surface suédoise. Le ballon est repoussé par Nilla Fischer qui pense privé Anja Mittag d'une occasion de but. Le ballon revient dans les pieds de Dzsenifer Marozsan, seule aux 16m et qui place sa frappe comme un penalty ou un coup-franc dont elle a le secret. Vous l'avez compris, Lindahl n'y peut rien et le ballon finit sa course dans la lucarne gauche du but suédois.

Ce but de Marozsan libère la néo-lyonnaise qui avait connu un tournoi difficile, souvent effacé au milieu de terrain dominé par l'omniprésente Melanie Behringer, cette fois-ci décisive à la construction et Marozsan peut parachever ce bon mouvement allemand.

Marozsan libérée, parce que c'est-elle qui provoque le second but allemand à la 62e minute. Une faute de Lotta Schelin sur Sara Däbritz et Marozsan se retrouve dans une position idéale à 20 mètres sur la gauche face au but. Elle envoie une frappe qui heurte le poteau droit de Lindahl, derrière Linda Sembrant s'emmêle les pinceaux et envoie le ballon dans son propre but. 2-0 et l'on se dit que la messe est dite.

Le sursaut suédois fait chavirer le Maracana

Avant l'heure de jeu, Jakobsson laisse sa place à Stina Blackstenius. Décisive face aux Etats-Unis, elle n'avait pas pu renouveler l'exploit face au Brésil. Partie remise. A la 66e minute, Caroline Seger au milieu de plusieurs joueuses allemandes parvient à trouver Kosovare Asllani avec du champ. Schough lancée sur la droite est servie par Asslani et centre en première attention vers Blackstenius qui a pris le meilleur sur la défense allemande. La joueuse suédoise tacle et c'est un but pour la Suède (67e).

Dans un Maracana rempli pour l'occasion, le son monte d'un cran, et le public se prend au jeu. L'Allemagne cherche de l'air et surtout de se mettre à l'abri. Les actions s’enchaînent, Leupolz (68e), Popp (69e), Maier (76e) frappent au but, mais les filets ne tremblent plus. Un nouveau coup-franc de Marozsan à la 84e minute verra Lindahl à la parade. Chaque perte de balle allemande est une angoisse, mais la défense et la capitaine Bartusiak veillent pour éviter les mauvaises surprises.

Dans les tribunes, on entend le public scander « Suécia, Suécia » (Suède en portugais) pour accompagner les dernières minutes d'une finale où la Suède semble pouvoir revenir à tout moment. Rio a soudain oublié l'élimination du Brésil en demi-finale et le Maracana peut enfin vibrer pour l'occasion. Sur le terrain rien ne sera marqué dans ce match qui se termine par la victoire de l'équipe d'Allemagne.

Un premier titre olympique qui vient compléter une impressionnante collection faite de deux coupes du monde et huit coupes d'Europe. Un titre qui sonne également comme une apothéose pour Silvia Neid qui quitte son poste de sélectionneuse en ayant remporté tous les titres possibles avec la sélection allemande, une performance inédite en Europe. Parmi ses joueuses, Melanie Behringer, Annike Krahn ou Simone Laudehr (qui a du rapidement quitté la compétition sur blessure) réalisent également le grand chelem avec la sélection.

Hichem Djemai