Le Paris Saint-Germain recevait ce mercredi 18 novembre le KIF Örebro pour le match retour des huitièmes de finale de la Ligue des Champions. Après les évènements parisiens, on pouvait s’attendre à un match difficile dans les têtes pour les Parisiennes et ce fut le cas. Le match s'est terminé sur un triste 0-0.
Tout d’abord nous commencerons par ce moment intense en émotions, une minute de silence avant le début de la rencontre en hommage aux victimes des attentats de vendredi dernier.
Une minute qui aura certainement émue beaucoup de spectateurs mais également des joueuses car le début de match est très apathique des deux côtés.
On s’observe, on se rapproche peu à peu des surfaces et on se dit même qu’Örebro peut réussir un "hold-up" quand à la 11ème minute Adelisa Grabus se présente dans la surface mais la gardienne parisienne, Katarzyna Kiedrzynek, capte le ballon de justesse.
Les Parisiennes tentent de réagir, de presser un peu plus haut. À la 24ème minute, Horan est lancée en profondeur par Shirley Cruz, l’américaine en première intention centre pour Anja Mittag qui est trop courte pour reprendre le ballon.
C’est le moment fort du PSG. Six minutes plus tard, c’est Cristiane en dehors de la surface qui frappe, mais le ballon est capté par la gardienne suédoise, Carola Söberg.
Les actions dangereuses s’accumulent pour le PSG comme lors du match aller. Pourtant lors de ce premier match, le club français avait encaissé le premier but du match et avait dû cravacher pour égaliser.
En cette première mi-temps, les suédoises ne se montreront pas dangereuse. Le score reste nul et vierge, ce qui est à l’avantage du club parisien car le but marqué à l’extérieur compte double en cas d’égalité.
On espère toutefois un PSG plus conquérant en deuxième période pour donner du spectacle au public qui s’est déplacé au stade Charléty alors que les tensions à Paris sont quand même bien encore présentes.
Comme lors des 45 premières minutes, c’est Örebro qui est dangereux en ce début de seconde mi-temps. À la 49ème minute, un coup-franc pour les suédoises placé proche de la surface de réparation va être mal exploité avec une passe en profondeur de Marina Pettersson-Engström pour Julia Spetsmark qui n’arrivera toutefois pas à récupérer le ballon qui file en six mètres.
Le PSG va réagir quatre minutes plus tard avec une passe en retrait de l’américaine Lindsey Horan vers l’attaquante allemande Anja Mittag qui tarde à frapper et se fait subtiliser le ballon par la canadienne Marie-Eve Nault.
On se retrouve dans un match en tout point similaire au premier en Suède. Les Parisiennes poussent mais la défense d’Örebro repousse les offensives.
Les changements de Farid Benstiti, l’entraîneur parisien, vont apporter un petit plus grâce à Lisa Dahlkvist et Marie-Laure Delie.
À la 67ème minute, Shirley Cruz perce la défense suédoise, transmet à Marie-Laure Delie qui frappe sur le poteau, puis elle reprend le ballon mais croise trop sa frappe qui longe la ligne. Au second poteau, l’attaquante brésilienne Cristiane a du mal à s’emparer du ballon, le transmet à Lindsey Horan qui frappe et voit son ballon dévié en corner par la gardienne. Corner qui ne donnera rien.
Puis c’est le show Lisa Dahlkvist. À la 80ème et à la 84ème minute, la suédoise du PSG va frapper deux fois en dehors de la surface, tantôt pied droit, tantôt pied gauche, mais va surtout voir la gardienne Carola Söberg la priver d’un ou deux buts magnifiques.
Quelques tentatives parisiennes viendront encore s’accumuler mais sans plus de réussite. Le score restera donc nul et vierge au terme des 90 minutes. Un résultat qui propulse les Parisiennes en quarts-de-finale.
Le match fut globalement dominé par le Paris Saint-Germain qui n’aura pas trouver la faille. Quant à Örebro, elles n’auront pratiquement jamais été dangereuses et sont donc éliminées de la compétition.
En quarts-de-finale les cartes seront redistribuées et on pourrait même avoir un PSG-OL comme l’année dernière. En tout cas le sport a repris le dessus et on a tous été contents de penser football plutôt qu’attentats.
Les réactions des entraîneurs
Farid Benstiti (entraîneur du PSG): «Ce qui est bien pour le club, c’est la qualification. Si on rentre dans le détail, on va se trouver pleins de mauvaises choses mais l’important c’était la qualification et maintenant on ne retrouvera cette compétition qu'au mois de mars. Quand on sera au mois de mars, on aura déjà oublié ce match et il y aura eu d’autres étapes avant pour se préparer pour ce quart de finale. Un match qui sera de toute façon intéressant. La deuxième mi-temps a été plaisante mais lors de la première il y avait une certaine retenue, quelque chose de bizarre. On aurait pu dire que c’était un bon match si on avait marqué, mais là il est moyen car on n’a pas marqué. On ne retiendra pas ce match lors du mois de mars avant les quarts. »
«Nous, Parisiens, et moi en tant qu’entraîneur, c’est vraiment très compliqué avec les étrangères, pas avec les français. Car il faut leur expliquer que notre pays est beau et qu’il ne faut pas avoir peur. C’est l’entraîneur qui parle mais chacun à son point de vue. Chacun peut se mettre à pleurer, chacun peut être effrayé. Moi ce n’est pas le sentiment que je donne à mon club et à mon équipe. Je me dis que la vie continue et que nous on doit avancer et montrer l’exemple. Je ferais passer régulièrement ce message à mes joueuses. »
«Moi, en tant qu’entraîneur, comment je peux vous donner l’excuse de ne pas jouer? Quand le club m’a demandé si on joue, j’ai dis qu’il fallait jouer. On est des privilégiés, je suis un privilégié, elles sont des privilégiées, donc comment on peut ne pas accepter d’aller sur le terrain pour faire notre métier, alors qu’on a des parents, des cousins, des copains qui se lèvent à 5h du matin pour aller travailler et ils ne se posent pas la question de la sécurité parce qu’ils ont besoin de bouffer. C’était impensable de ne pas jouer. Moi qui gagne bien ma vie, je me devais d’être solidaire avec les Français qui se lèvent à l’aube pour aller travailler. »
«Un match de football, c’est un spectacle. Il y a des endroits qui sont restés ouverts et où des gens se produisent donc nous on devait aussi jouer. On s’est posé la question de jouer ou pas, même les joueuses, mais tout le monde a été d’accord pour se débarrasser de ce match pour pouvoir se projeter au mois de mars. »
Rickard Nilsson (entraîneur d’Örebro): «Nous savions que le Paris Saint-Germain est une très bonne équipe et nous devions défendre. Le score est resté sans buts mais on ne sait jamais en fin de match, on aurait pu avoir une chance. Je pense qu’on a fait un bon match, qu’on a montré un esprit guerrier et que la défense a été très forte. On aurait voulu plus d’opportunités durant le match mais ce ne fut pas le cas. Aucun regrets. »
«Nous ne savions pas si le match pourrait se jouer ou pas. Mais je pense que c’est une bonne chose d’avoir joué et de montrer qu’on n’est pas à terre. On aurait respecté toute décision qui aurait été prise. »
«On peut dire que quelques filles avaient peur ou en tout cas qu’elles se posaient beaucoup de questions par rapport à la sécurité. Il y avait des sentiments très différents. On a apporté notre soutien et on a été proches des filles pour surpasser ces moments-là. »
«La différence entre la France et la Suède, ce sont les budgets. Nous avons 5 millions de crowns (ndlr: monnaie en Suède) de budget tandis que Paris doit en avoir 10, ce qui provoque inévitablement une différence sur le terrain. Il y a de très bonnes joueuses à Paris comme Caroline Seger ou Anja Mittag. On ne peut pas comparer. »
Ndlr: 5 millions de crowns, c'est un peu plus de 500 000 euros.
Crédit Photos: Nelson Fatagraf