Wendie Renard, Kadidiatou Diani et Marie-Antoinette Katoto ont annoncé cet après-midi leur retrait de l’équipe de France tant que de profonds changements n’auront pas lieu. L’avenir de Corinne Diacre à la tête des Bleues semble clairement menacé par le retrait de ces trois icônes.
C’est un jour historique. Mais dans le mauvais sens pour le football français féminin. En l’espace de trois heures, trois icônes ont décidé de claquer la porte de l’équipe de France. Avec Wendie Renard, Marie-Antoinette Katoto et Kadidiatou Diani, ce sont 256 sélections à elles trois qui ont décidé de se mettre en retrait des Bleues. Un véritable raz de marée avec comme cible principale, la sélectionneuse de l’équipe de France, Corinne Diacre dont la position à moins de cinq mois de la coupe du monde 2023 organisée en Australie et en Nouvelle-Zélande voit sa position de plus en plus fragilisée à la tête de la sélection nationale. Car voir le retrait de trois cadres aussi influentes relève de l’inédit et peut porter un coup supplémentaire sur la réputation du football féminin en France, quelques mois après l’affaire Hamraoui-Diallo.
Les Bleues se relèveront-elles de ce triple désistement? Dans l’avenir immédiat, les perspectives s’annoncent sombres pour une sélection qui espérait faire mieux que son quart de finale de la coupe du monde 2019 et qui semblait sur de bons rails après sa demi-finale lors du dernier Euro, perdue face à l’Allemagne.
Trois jours après le dernier des trois matchs du tournoi de France, c’est Wendie Renard qui a dégainé la première. Exemplaire, monstre de probité et d’honnêteté, la capitaine de l’OL et de l’équipe de France laissait un message clair à 14h30 sur son compte twitter : « J’ai défendu le maillot bleu blanc rouge, 142 fois avec passion, respect, engagement et professionnalisme. J’aime la France plus que tout, je ne suis pas parfaite, loin de là mais je ne peux plus cautionner le système actuel bien loin des exigences requises par le plus haut niveau. C’est un jour triste mais nécessaire pour préserver ma santé mentale. C’est avec le cœur lourd que je viens par ce message vous informer de ma décision de prendre du recul avec l’Equipe de France. Je ne ferai malheureusement pas cette coupe du monde dans de telles conditions. Mon visage peut masquer la douleur mais le cœur, lui, souffre... et je n'ai plus envie de souffrir. Merci pour votre soutien et le respect de ma décision. »
Un coup de tonnerre dans le monde du sport français. Et une décision qui va faire boule de neige trois heures plus tard avec les retraits des deux parisiennes, Kadidiatou Diani et Marie-Antoinette Katoto. Cette dernière précise : « Les paroles de notre capitaine m’amènent à mon tour à parler de la situation en équipe de France. Les événements de 2019, la blessure de 2022 puis les récents événements me montrent que je ne suis plus en adéquation avec le management de l’équipe de France et les valeurs transmises. Je prends donc la décision de mettre entre parenthèses ma carrière internationale tant que les changements nécessaires ne seront pas appliqués. » Ce a quoi sa coéquipière au sein de l’attaque du Paris SG répond en écho : « Suite au communiqué de notre capitaine Wendie Renard et aux vues des récents résultats et du management en équipe de France, je vous annonce suspendre mes obligations internationales afin de me concentrer sur ma carrière en club. Première fan de l’équipe de France, si les changements profonds nécessaires arrivent enfin, je me remettrai au service du maillot tricolore. »
La Fédération n’a pas tardé à réagir suite à ces trois sorties de joueuses par un communiqué : « La FFF a pris connaissance des déclarations de Wendie Renard, Kadidiatou Diani et Marie-Antoinette Katoto. Son Comité exécutif, réuni le 28 février, se saisira de la question à cette occasion. La FFF tient à rappeler qu’aucune individualité n’est au-dessus de l’institution Équipe de France. »
La crise est bien là et les cicatrices et ressentiments semblent plus profonds que jamais.
Photo : Manu Cahu