Sylvère-Henry Cissé (journaliste canal +) « Heureusement que les choses s’améliorent notamment grâce à l’impulsion de Christine Kelly qui a été l’organisatrice des « 24 heures du sport féminin »
Son nom ne vous dit peut être pas grand chose mais son visage sûrement ! Sylvère-Henry Cissé a égayé la matinale de Canal + de son visage jovial mais aussi et surtout de ses analyses très précises des résultats sportifs jusqu’à l’arrêt de l’émission en 2013.

Aujourd’hui, il fait toujours parti du dispositif de la chaîne cryptée notamment au sein l’émission « Les spécimens ». Pour Cœurs de Foot, le journaliste sportif répond sans détour à nos questions.

CDF : Quel est votre rapport au football féminin ?

S-H C : Je ne sais pas quoi vous répondre... Je sais que quand j’étais dans la matinale de Canal +, j’essayais de jeter un coup de projecteur, dès que je le pouvais, sur le sport féminin et en particulier sur le football féminin. La problématique que j’avais dans la matinale de Canal +, c’est que j’avais peu d’accès aux images à l’époque.

Heureusement que les choses s’améliorent, notamment grâce à l’impulsion de Christine Kelly qui a été l’organisatrice des « 24 heures du sport féminin » qui est une amie dont je suis assez proche. Et comme nous évoquions assez souvent cette problématique, c’est ce que j’ai essayé de faire dans la matinale. C’est ce que je fais également sur l’antenne de Canal + sur laquelle je travaille. Dès que je peux mettre en avant le sport féminin et le football féminin, bah je le fais.

CDF : Justement, à votre avis, pourquoi le football féminin et si peu médiatisé comparé à d’autres sports féminins comme le tennis par exemple?

Il y a deux choses ! Il y a des sports comme le tennis, l’athlétisme ou le judo qui ont la chance de recevoir des garçons et des femmes dans la même enceinte le même jour à la même heure. Donc, l’un nourrit l’autre. C’est-à-dire qu’une star du tennis masculin peut nourrir une antenne et attirer un public pour voir par exemple un match féminin ou l’inverse. C’est pareil pour le judo, c’est pareil pour l’athlétisme.
Quand on parle de sports collectifs réservés aux femmes, il y a plusieurs choses qui rentrent en ligne de compte. Mais aujourd’hui, c’est la production de l’image télévisuelle qui est extrêmement importante. On voit le PSG (féminin) qui joue à Charléty ou parfois pour la Coupe d’Europe au Parc des Princes, on a une qualité de réception et une qualité de stades qui permettent de télédiffuser sans aucun problème les matchs ! Le problème d’une équipe comme Issy-les-Moulineaux, c’est qu’elle n’a pas de stade conçu pour pouvoir télédiffuser correctement une rencontre. C’est-à-dire qu’on n’a pas le standard, les critères de qualité pour télédiffuser un match. Donc, il faut que le sport féminin et notamment le foot féminin fasse d’énormes progrès dans la qualité des stades et les critères de réception de la production télé !

CDF : Quelles sont les différences entre le football masculin et le football féminin, selon vous ?

S-H.C : Les différences sont bien connues ! Les filles courent moins vite mais elles sont plus techniques, les garçons vont plus vite et ils sont plus physiques. Voilà, ça se résume à cet aspect là. Mais le football féminin est jeune et n’a pas la même histoire. Avant tout, pour attirer un public il faut patiemment construire une histoire, construire de la passion, avoir des stades qui puissent recevoir le public, avoir de la qualité. Le PSG, l’OL ont de la qualité, racontent des histoires et ont des stades qui permettent de recevoir le public. Je pense à Juvisy aussi par exemple et aujourd’hui ce sont des clubs qui se produisent devant 5, 7 000, 10 000, 15 000 et parfois 20 à 25 000 personnes comme on a pu le voir à Lyon.

CDF : Est-ce que vous suivez une équipe en particulier ?

S-H.C : Non, je suis journaliste.

CDF : Quelles sont les meilleures joueuses selon vous ?
S-H.C : C’est comme tout le monde. C’est la relation qu’on peut avoir avec certaines personnes qui fait que quand on ouvre le journal, on va être plus attentif à un résultat ! C’est vrai que je connais Gaëtane Thiney donc dès que je vois le nom de Juvisy, je jette un coup d’œil. Mais je ne supporte pas d’équipe en particulier, je suis journaliste. Je ne me pose pas la question de savoir si telle ou telle joueuse est performante ou pas. Je ne suis pas supporter, je suis journaliste. Dans l’émission « Les spécimens » par exemple, je peux reconnaître le talent d’un joueur ou d’une joueuse mais je ne suis pas là à m’emporter. J’essaie d’avoir de la distance pour conserver mon sens critique !

CDF : Quelles sont les meilleures nations ?
S-H.C : ça m’arrive de regarder les matchs de Coupe d’Europe à la télévision. Mais, comme j’ai une activité très chargée, je ne m’occupe pas que de football. Je regarde beaucoup de sports qu’ils soient masculins ou féminins.

CDF : Allez-vous suivre la Coupe du Monde féminine 2015 au Canada ?

S-H C : Oui, en tant que journaliste. Je vais regarder ça, oui.

CDF : Justement, vous êtes d’origine sénégalaise ? Est-ce que vous avez une pensée pour les trois sélections africaines ? Côte d’Ivoire / Cameroun / Nigéria

S-H.C : Je suis français, je supporte l’équipe de France. Qu’il n’y ait pas de confusion, ce n’est pas parce que je suis noir que je dois supporter une équipe de noires. C’est l’équipe de France que je supporte. C’est comme quand il y a eu France-Sénégal en 2002, on me demandait si j’allais supporter l’équipe du Sénégal, j’ai dit « bah non, je supporte l’équipe de France ».

 

Keltoum Bessadok

Photos DR

Dounia MESLI