C'est désormais officiel, la Costaricienne quitte le PSG pour la Chine, après 12 ans passés en France. Un beau parcours entaché d’une blessure au genou qui ne se résorbe pas depuis le début de saison. Un départ qui arrive au bon moment pour la joueuse, selon Patrice Lair.
Shirley Cruz Traña débarque dans l’hexagone en janvier 2006, à l’âge de 21 ans pour rejoindre l’effectif de l’Olympique Lyonnais. Avec Lyon, la Costaricienne va découvrir la Champions League, le goût de la victoire et elle va s’y constituer un beau palmarès.
La milieu de terrain ne va pas mettre beaucoup de temps pour prendre ses marques et s’imposer en l’espace d’une saison et demie comme incontournable au sein de l’effectif rhodanien. A Lyon, Shirley Cruz va tout connaître. Elle fait partie des filles présentes lors du premier titre de champion de France en 2007, le premier d’une série de onze sacres, toujours en cours. Shirley n’en gagnera ''que'' six, puisqu’en 2012 elle quitte l’OL pour rejoindre la capitale.
Un joli palmarès avec Lyon
A 26 ans, elle quitte Lyon avec également dans ses bagages, deux Coupes de France (2008 et 2012) et trois finales européennes consécutives, dont deux victoires (2011 et 2012). D’ailleurs, lors de la troisième finale de Ligue des Championnes (gagnée 2-0 en 2012) contre Francfort, c’est elle qui provoque le penalty au quart d’heure de jeu transformé ensuite par Eugénie Le Sommer qui ouvre le score pour l'OL.
Lorsqu’elle arrive à Paris, Shirley Cruz y retrouve Farid Benstiti, l'entraîneur qui l’a fait commencer à Lyon, avant d’être remplacé par Patrice Lair. Mais, l’arrivée de l’internationale costaricienne au PSG coïncide également avec la période où l’équipe parisienne se développe davantage. Cela fait un an que les Qataris ont investi dans le club, et quelques moyens commencent à être mis à disposition des filles, notamment le fait qu’elles deviennent toutes professionnelles, comme à Lyon.
L’arrivée de Shirley à Paris laisse présager des ambitions du club. Cependant, en cinq saisons au PSG, Cruz ne connaîtra que des finales perdues. Deux finales de Ligue des Championnes (2015 et 2017) et deux finales de coupe de France (2014 et 2017). Elle est rapidement devenue une cadre, nommée joueuse de D1 de l’année par la FFF dès sa première saison dans la capitale, et deviendra capitaine du PSG.
Une blessure au genou qui dure
En 2016, elle retrouve Patrice Lair, qu’elle a connu lors de ses deux dernières saisons à Lyon. Celui-ci ne tarit pas d’éloges sur son ex-capitaine, remplacée à ce poste depuis le début de saison par Formiga. Pour lui, Shirley est tout simplement une joueuse « d’une très grande classe, et qui m’a apporté beaucoup, que ce soit à Lyon ou au Paris Saint-Germain. »
Très attaché à cette joueuse, le coach parisien a expliqué l’état de forme de la milieu de 32 ans, auteure l’an dernier d’une deuxième partie de saison éblouissante, et sans doute la meilleure parisienne sur les deux finales perdues la saison dernière face à l’ogre lyonnais : « Elle a de sacrés problèmes au niveau du genou. Elle s’est fait opérer cet été au Costa Rica et je pense que ça n’a pas été une réussite parce qu’elle est revenue très tard. Le match à Lyon [en décembre 2017] a montré qu’elle n’était plus la joueuse au top physiquement. »
Et, quand on lui demande s’il n’a pas été tenté de la conserver jusqu’au mois de juin, comme ce fût le cas avec Cristiane l’an dernier, afin qu’elle puisse terminer la saison en cours avec le Paris Saint-Germain. Patrice Lair répond sans détour que non. « Elle ne pouvait pas jouer. Franchement c’était trop compliqué. Pendant 10-15 jours elle allait bien, puis après elle se remettait un petit peu à boitiller. Et une Shirley Cruz à 20%, ça ne m’intéresse pas. »
Ajoutant alors, préférer vouloir faire confiance aux jeunes, « Ça ne sera peut être pas le même talent, mais il faut donner sa chance aussi aux jeunes. »
Geyoro, davantage responsabilisée ?
Laisser la place aux plus jeunes, et notamment à celles qui sont déjà installées dans cet effectif parisien. C’est la question que l’on a posé à Patrice Lair, notamment concernant l’internationale bleue de 20 ans, Grace Geyoro. « Je lui donne déjà pas mal de responsabilités. Je l'ai fait jouer derrière la dernière fois à Lille. Si j'avais pas confiance sur cette joueuse, je la mettrais pas à certains postes clés », explique Patrice Lair.
Polyvalente, Grace Geyoro peut se positionner comme une solution à différents postes Pour les parisiennes, notamment dans un secteur défensif diminué avec le départ de Laure Georges au Bayern et la blessure d’Emma Berglund début janvier lors du match de coupe de France face à Lille.
« [Grace Geyoro], je pense que c'est une fille qui est quand même mieux au milieu de terrain. », ajoute Lair. Un milieu de terrain où les cartes pourraient être de nouveau redistribuées avec le départ Shirley Cruz, véritable métronome du milieu parisien ces dernières années.
Un secteur dans lequel Patrice Lair estime qu'il dispose d'une « certaine richesse », avec Aminata Diallo, Vero Boquete ou Jennifer Hermoso. Pour le coach parisien l'enjeu est de « les mettre dans le bon système » notamment pour chercher à être « meilleurs dans la possession du ballon au milieu de terrain ». Un domaine dans lequel Shirley Cruz sera sans doute difficile à remplacer, malgré le bon début de saison de Jennifer Hermoso régulièrement positionnée derrière les attaquantes.
Shirley Cruz dit adieu à la France
En Chine, Shirley Cruz évoluera au Jiangsu Suning FC, un club entraîné par l’ex-coach lyonnais, Gérard Prêcheur. Patrice Lair lui souhaite alors de pouvoir reprendre du poil de la bête là-bas et y faire une saison complète. « C’était le bon moment pour elle je pense. Elle a eu cette opportunité en Chine, de prendre un bon contrat avant d’arrêter. Je pense que c’est une bonne chose », conclut-il.
De son côté, Shirley Cruz a rendu un dernier hommage à ses supporters français, sur les réseaux sociaux, avant de s’envoler pour l’Asie après 131 matches et 30 buts marqués sous le maillot du PSG : « Je tiens a vous remercier pour ces années extraordinaires, pour l accueil que j ai eu en France. Ce fut un honneur de porter ces deux maillots et de gagner tous ces titres. La France a été pour moi une terre d accueil et restera éternellement dans mon cœur. »
Crédit photo : Team Pics/PSG
Morgane Huguen