Partie de l’Olympique Lyonnais l’été dernier en direction de la Juventus de Turin, Sara Björk Gunnarsdottir est revenue sur son passage à Lyon, et notamment la période où elle a été enceinte en 2021. Son fils, Ragnar, est né le 16 novembre 2021, et la milieu de terrain islandaise a été absente des terrains pendant un peu plus d’un an, du 27 février 2021 au 18 mars 2022.

 

Le club lyonnais condamné par la FIFA

En coulisse, sa période de maternité s’est accompagnée d’une bataille judiciaire face à son ancien club, l’Olympique Lyonnais. Une période qu’elle évoque dans un long témoignage, publié ce mardi sur le site The Player’s Tribune. Un combat remporté par la joueuse islandaise, avec une décision favorable rendue par le tribunal de la FIFA (chambre de résolution des conflits) le 19 mai 2022.

Le texte de la décision a été aussi relayé ce jeudi par le FIFPRO, le syndicat mondial des joueurs, qui a participé à la procédure aux côtés de Sara Björk Gunnarsdottir. Le jugement indique notamment que l’OL a été contraint à payer 82 094,82 euros en arriérés de salaire.

Cette décision intervient alors que la FIFA avait décidé d’adopter un premier cadre en décembre 2020, afin d’assurer de premiers droits aux joueuses en période de maternité. Ces nouvelles règles sont désormais incluses dans le règlement de la FIFA sur le statut des joueurs.

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Le jugement rendu en faveur de Sara Björk Gunnarsdottir est donc le premier exemple de décision rendue en faveur d’une joueuse, suivant l’application de ses nouvelles règles adoptées par la FIFA. La décision rendue par la chambre de résolutions des conflits porte notamment sur l’interprétation de ces nouvelles règles, et les responsabilités du club en cas de maternité.

 

Manque de transparence

Fin avril 2021, quelques semaines après être tombée enceinte, Sara Björk Gunnarsdottir officialise sa grossesse, annoncée préalablement à ses coéquipières lyonnaises. Elle choisit alors de retourner en Islande pour le suivi médical de sa grossesse, notamment pour être accompagnée par des médecins qui s’expriment dans sa langue maternelle. Depuis l’Islande, elle constate qu’elle ne reçoit plus de salaires, et que ses rémunérations ultérieures ne correspondent pas à ce qui est prévu dans son contrat.

L’Olympique Lyonnais avait alors choisi unilatéralement de limiter sa rémunération à ce qui est prévu dans la loi française, et notamment les indemnités journalières prévues en cas d’arrêt maladie. Selon les règles adoptées par la FIFA fin 2020, lorsqu’une joueuse ne peut plus s’entraîner normalement en période de grossesse, elle peut, en amont de son congé maternité, poursuivre son activité auprès du club « de manière alternative », si son médecin estime qu’il n’est pas « sûr » pour la joueuse de continuer à exercer une activité sportive.

Dans son jugement du 19 mai 2022, la chambre de résolutions des conflits de la FIFA estime notamment que l’Olympique Lyonnais n’a pas été « transparent » avec Sara Björk Gunnarsdottir, concernant les différentes options qui se présentaient à elle et sur « les conséquences », sur le plan contractuel ou financier de son retour en Islande.

La décision pointe aussi le fait que le club n’a pas été à l’initiative, pour proposer les différentes alternatives qui se présentaient à Sara Björk Gunnarsdottir, et la manière dont elle pouvait rester à la disposition du club, en France ou en Islande, jusqu’au début de sa période de congé maternité (16 semaines) en septembre 2021.

 

La direction de l’OL mise en cause

Dans son témoignage publié sur The Player’s Tribune, Sara Björk Gunnarsdottir met en cause et notamment Vincent Ponsot, directeur général du football au sein du club lyonnais. Il aurait notamment indiqué que, si Sara Björk Gunnarsdottir lançait une procédure contre le club auprès de la FIFA, elle n’avait « plus d’avenir à Lyon ».

C’est effectivement ce qu’il s’est produit. Si Sara Björk Gunnarsdottir a obtenu gain de cause le 19 mai 2022 auprès de la FIFA, elle quittera Lyon à l’été 2022, son contrat de deux ans signé en 2020 étant arrivé à son terme. La milieu de terrain islandaise évolue depuis sous les couleurs de la Juventus de Turin, croisant par deux fois son ancien club à l’automne, lors de la phase de groupes de la Ligue des Championnes.

Dans son témoignage, Sara Björk Gunnarsdottir indique qu’elle veut « s’assurer que personne n’ait à traverser [les épreuves] qu’elle a traversées ». Son témoignage et la procédure sont aussi riches d’enseignement sur les recours dont disposent désormais les joueuses, qui peuvent saisir aussi bien les tribunaux français (prud’hommes), la FFF ou la FIFA en cas de litige, avec des décisions qui pourraient varier en fonction des procédures et des instances saisies.

Autre élément marquant de son témoignage, le choix de ne pas évoquer la situation d'Amel Majri, ex-coéquipière de Sara Björk Gunnarsdottir, et également en période de maternité ces derniers mois. L’internationale française avait officialisé sa grossesse en janvier 2022, et donné naissance à sa fille en juillet 2022. Elle a fait son retour sur les terrains ce week-end avec Lyon face à Soyaux.

 

Photo : Puma

Hichem Djemai