Philippe Joly, l'entraîneur adjoint de l'équipe de France, a répondu aux questions des journalises ce mardi matin lors d'une conférence de presse à Clairefontaine. Avec son expérience et son expertise, il a évoqué le quart de finale de Coupe du monde de vendredi contre les Etats-Unis que tout le monde attend. Avec Corinne Diacre, il nous explique comment il a analysé le jeu des USA, et comment la France se prépare pour les battre.

 

Sur le match Espagne/USA et le quart de finale face aux Américaines

C'est vrai que tout le monde l'attend. C'est le match référence que tout le monde attend depuis le tirage au sort, sachant qu'on a eu ce changement de programme la veille donc on a su potentiellement qu'on allait avoir les Etats-Unis. Aujourd'hui, je pense que tout le monde avait ça en tête [inconsciemment], d'où la pression qu'il y a pu avoir sur le dernier match et pour les Américaines aussi. On a pu voir le match face à l'Espagne avec une performance un peu mitigée par rapport à ce qu'on a l'habitude de voir pour les Etats-Unis, on a vu des Espagnoles qui les ont mises en difficulté sur certaines séquences de jeu par leur maîtrise de balle collective. Et puis on a vu un peu de déficience dans le jeu collectif, surtout dans le jeu direct, chose qu'on ne voyait pas auparavant mais c'est le  même cas de figure que nous. Est-ce qu'elles étaient déjà sur le match contre le pays hôte ? On a bien observé, on a observé tous les matches des Etats-Unis depuis le mois de décembre et depuis le début de la Coupe du Monde. On a des rapports sur tous les matches, des montages vidéos. A nous travailler pour faire une synthèse des infos qu'on a.


 

Un avantage d'être à Clairefontaine ?

Avantagés ? Je ne sais pas. Depuis le mois de janvier dernier, il y a eu des séquences qui n'ont pas été faciles à gérer, on a attendu très longtemps avant de savoir si on avait un camp de base ou pas. On a Clairefontaine sur 5 jours donc oui, c'est un avantage par rapport à une équipe, c'est au centre de Paris surtout avec la météo qu'il y a en ce moment. C'est un avantage parce qu'on est chez nous, c'est notre maison, c'est là où on a nos repères, on a tous les outils pour pouvoir bien récupérer. C'était tellement compliqué ces derniers mois qu'on prend Clairefontaine volontiers.


 

Sur le discours des Américaines. Trop d'assurance ou d'arrogance ?

C'est pas nouveau. A chaque conférence de presse d'une joueuse américaine et même sur les 10 dernières années, c'est comme ça. Est-ce une source de motivation ? Je pense que les filles connaissent puisque certaines ont déjà été coéquipières de joueuses américaines comme Amandine Henry qui a joué aux Etats-Unis (au Thorns de Portland, ndlr). Elles connaissent la mentalité, elles savent que ça peut être un discours sans avoir trop d'arrogance derrière. Non, je ne pense pas que ce soit une source de motivation parce que c'est quelque chose qu'on connaît, que les filles connaissent. Elles s'attendent à ce que sur le terrain, il y ait des comportements qui peuvent être ambigüs par rapport à ça. Peut-être que pour certaines filles, ça peut être une source de motivation mais de manière globale, je ne pense pas.


 

Sur la semaine d'entraînement 

Je pense que le point-clé est la récupération en prenant en compte la météo, le climat de cette semaine avec de fortes chaleurs. Il faut savoir qu'on va réguler, on a une séance de récupération à base de vélo [le matin de la conférence]. A J-2 et J-1, on ne change pas le programme, on terminera toujours sur une séance "veille de match" classique et une séance tactique [à J-2] qui va nous permettre de bien travailler sur les Etats-Unis mais il faut savoir qu'on a pris la décision de ne pas aller sur le terrain aujourd'hui. Les filles ont fait beaucoup d'efforts lors du match contre le Brésil et il nous reste potentiellement 3 matches à faire. On doit commencer à travailler sur la récupération, par la vidéo et un peu sur le terrain sur l'incidence tactique que peux avoir l'adversaire mais aussi notre projet de jeu qui demande un peu de travail pour l'optimiser.

 

La différence entre l'équipe américaine actuelle et celle de janvier 

En janvier, c'est particulier. C'est une partie de saison qui n'est jamais évidente pour les Américaines. Même si elles ne nous ont pas montré un grand visage positif sur les derniers matches, je joue la vigilance. Il y a des joueuses de qualité, un jeu bien rôdé avec des filles expérimentées qui sont capables de revenir dans leur fondamentaux. Rapidement utiliser le ballon à la transition par du jeu direct et là, elles sont performantes, elles sont capables de fixer l'axe et de pouvoir jouer sur les côtés après. On l'a peu vu sur le match de l'Espagne mais c'est un schéma de jeu privilégié qu'elles mettent très souvent en application, tout comme la fixation [sur le côté] pour jouer côté opposée. On l'a vu avec Tobin Heath qui a été trouvée plusieurs fois dans les espaces libres, que ce soit contre la Suède ou l'Espagne, on a pu voir des décalages qui sont rapidement faits suite à la fixation. Il faut être vigilant parce que même s'il y a eu quelques déficiences dans l'organisation américaine, je pense qu'elles peuvent être au rendez-vous


 

Sur la communication de Corinne Diacre

Elle a sa personnalité. Tout le monde parle de rigueur et d'exigence, oui mais bien placée pour moi. On peut toujours être dans l'extrême mais en interne, il est bien placé. C'est pour mettre les joueuses dans de meilleures conditions sur le terrain, leur donner les différentes billes qui leur permettent de contrarier l'adversaire, de le mettre en difficulté, c'est le job premier du sélectionneur. Après, la communication, ça lui appartient.


 

Sur le schéma tactique appliqué face au Brésil

Le système, c'est une répartition des joueuses sur le terrain. Ce qui est important est l'animation qu'on en fait. En première période, on a eu une maîtrise du ballon qui n'était pas du tout optimale donc que l'on soit dans un système ou dans un autre, dans la progression du ballon ou dans le déséquilibre que l'on veut faire chez l'adversaire, si on a pas une bonne maîtrise, ça ne va pas avancer. Le système en 4-4-2 aurait pu être intéressant mais encore faudrait-il pouvoir enchaîner 3, 4 voire 5 passes et ne pas avoir l'appréhension de perdre le ballon. Ce qui s'est passé c'est qu'on a perdu très souvent le ballon, très rapidement et ce qu'il a fallu faire derrière, c'est de courir pour le récupérer. Je pense que les joueuses en ont pris conscience, déjà à la mi-temps parce que c'était mieux en seconde période mais il y a encore du travail sur cette maîtrise collective. Pour moi, le système est tout simplement un schéma et après, c'est ce que l'on en fait.


 

Sur la gestion des entraînements, notamment avec la chaleur

On y pense depuis un moment, c'était prévu depuis le début de la préparation. On s'attendait à des moments de chaleur donc il faut savoir qu'il y a des déshydratations très régulièrement. On va vraiment leur demander de boire régulièrement, on a des boissons de récupération qui sont riches en sels minéraux qui vont leur permettre de mieux s'hydrater et des boissons qui sont préventives par rapport à la chaleur. On va leur demander de manger beaucoup de fruits, de légumes, des fruits de saison qui sont des choses importantes pour l'hydratation. Par rapport aux séances d'entraînement, il faut que le corps s'adapte donc on va leur demander de ne pas tout le temps rester à l'intérieur et pouvoir alterner intérieur/extérieur pour pouvoir s'adapter à la chaleur. Au niveau des séances d'entraînements, on ne change rien, on va juste changer le séquençage des séances en mettant beaucoup de pauses et très régulièrement pour qu'elles puissent avoir le temps de boire.


 

Sur l'état physique des joueuses et sur le fait d'avoir 24h de récupération en plus par rapport aux Américaines

Oui, ça peut être un avantage. Les Américaines ont joué sous une forte chaleur jusqu'au bout du match. Alors, c'est vrai qu'il y a eu quelques crampes qui sont arrivées mais il y a pu avoir quelques changements de rythmes individuelles, on a continué à être présents sur toutes les séquences, offensives et défensives. Il y a eu des efforts, contre-efforts qui ont été faits jusqu'à la dernière minute donc on est dans les clous du processus athlétique qu'on avait mis en place depuis le début de la préparation.


 

Question journaliste (RMC Sport) : Philippe, par rapport au match contre le Brésil, on a vu qu'il y avait beaucoup de "roublardise", au-delà du défi physique, à laquelle les Bleues ont bien répondu. Lundi, l'Espagne a également beaucoup provoqué les Américaines qui ont été un peu perturbées, notamment dans le secteur défensif. Est-ce que c'est quelque chose que vous allez travailler ? Parce qu'on a le sentiment que les Américaines, quand elles se font un peu "bouger", elles perdent en terme de qualité.

On est conscients que l'impact athlétique dans le jeu va être important. Après ce n'est pas notre culture d'être "roublards" comme ça ! Mettre ça dans la tête des filles, ça peut les perturber sur beaucoup de choses. Donc on va plutôt jouer sur ce qui nous a manqué en première période face au Brésil : défendre en avançant. Etre dans l'impact, dans le cadrage au moment où la joueuse reçoit le ballon. On a toujours été en décalage par rapport à ça. L'idée est donc d'être dans le bon timing défensif. Et je redis l'expression qui est importante : défendre en avançant. Pour premièrement les repousser, et deuxièmement pour récupérer le ballon.


Journaliste : Que pensez-vous du trio d'attaque américain Morgan - Rapinoe - Heath ? Est-ce le meilleur trio au monde ? Et a contrario, la gardienne américaine Alyssa Naeher a paru en difficulté depuis le début de la compétition, notamment lundi face à l'Espagne. Est-ce que c'est leur point faible ?

Depuis le début de la compétition j'ai beaucoup entendu parler du "point faible américain", qui pouvait être l'axe central défensif, ou la gardienne de but... Pour moi, l'axe central défensif a beaucoup d'expérience. Ces joueuses (Becky Sauerbrunn et Abby Dahlkemper, ndlr) sont très performantes dans le placement et le déplacement. Peut-être un peu moins dans l'impact, dans le duel. Par contre dans les anticipations, elles ont un niveau comme il en existe rarement dans les équipes qui participent à la Coupe du monde.

Après les trois attaquantes ont une expérience extraordinaire. Rapinoe et Morgan ont un palmarès extraordinaire. Elles sont capables, sur un ballon, de briser des lignes, de faire des différences en jeu combiné. Et Heath, sur le côté, je n'ai pas vu beaucoup de joueuses comme elle capables d'enchaîner crochets et frappes comme elle a pu faire contre la Suède, en marquant le second but (victoire des USA 2-0). Et elle a une vitesse ballon aux pieds qui est assez phénoménale.

Donc sur cet aspect, il y a un danger permanent. C'est plus spectaculaire sur leur côté droit on va dire, par contre leur jeu est plus combiné sur leur côté gauche avec Rapinoe et Morgan, et avec les milieux de terrain qui souvent s'intercalent entre les deux.

 

Journaliste : Depuis le tirage au sort de décembre dernier, on parle beaucoup de ce quart de finale annoncé entre les USA et la France. Mais les joueuses françaises et le staff se sont toujours défendus de penser à ça. Mais est-ce que, quand même, les USA n'étaient pas un peu dans la tête des joueuses face au Brésil, ce qui les a peut-être empêcher de bien jouer en première mi-temps ?

Il faut être honnête. Depuis décembre, tout le monde a été obnibulé par ce quart de finale éventuel face aux USA. Mais dans notre préparation, on ne pensait pas aux quarts de finale ! On prenait les matches les uns après les autres. Par contre, inconsciemment, avant le match contre le Brésil, on se dit que derrière il y a le match choc que tout le monde attend depuis un moment ! Il y a la pression de vivre ce 1/4 de finale, que certaines filles ont eu peut-être du mal à maîtriser ! Oui, le quart contre les Etats-Unis était dans la tête de tout le monde ! Et maintenant on y est !  Il va donc falloir le vivre à 100%.

 

Journaliste : Depuis plusieurs semaines, Corinne Diacre nous dit qu'elle ne s'autorisera pas une seule émotion avant le 7 juillet à minuit, quand ses joueuses seront championnes du monde. Vous qui la côtoyez au quotidien, estimez-vous que c'est logique de raisonner comme ça ? Comment la voyez-vous quand la France marque des buts ? Est-elle dans son rôle car l'objectif c'est la victoire finale le 7 juillet ?

Je ne sais pas si vous l'avez vue à chaque but, mais quand on marque elle est contente quand même ! Un but, c'est une émotion ! C'est pour ça qu'on fait ce métier-là ! Par contre, je dis "nous" car je suis sur la même longueur d'onde que la sélectionneuse, nous nous sommes fixés des objectifs ! La finalité, ce n'est pas le quart de finale, c'est le 7 juillet au soir à 23h ou minuit ! Il ne faut pas se tromper d'objectif, mais ce n'est pas pour autant qu'on n'a pas le droit d'être heureux sur un but !

 

Journaliste : Comme vous l'avez dit, il y a un engouement et un intérêt qui est presque supérieur à ce qu'on attendait. Et du coup, il y a des débats, d'éventuelles critiques sur le jeu de l'équipe de France. Comment est-ce vécu en interne ?

C'est vécu sans prendre en compte certaines choses. Moi personnellement je ne lis rien et je ne regarde rien. Certes on a des échos, sans lire les journaux etc... Mais il n'y a pas de débats outre que ça ! Je vous parlais tout à l'heure "d'objectif", et je pense que dans le staff on est concentrées et on se veut concernées par rapport au travail qu'on a à faire. Le but n'est pas de partir dans tous les sens parce qu'on entend telle critique positive ou négative de la part d'un média.

 

Journaliste (AFP) : Sur Gaëtane Thiney qui a eu un peu de mal depuis le début du mondial, vous l'attribuez à quoi ? A une fraîcheur physique qui a un peu manqué ?

Je ne pense pas que ce soit physique parce qu'elle a de bonne sensations, elle monte en puissance, elle fait beaucoup d'efforts pendant les matches, même parfois un peu trop. Ce qui fait qu'elle manque un peu de lucidité sur le dernier geste. Mais son entrée en jeu contre le Brésil a été positive. Il y a eu de bonnes choses, un bon jeu en appui sur plusieurs séquences.

Elle n'est ni en déficience physique ni en déficience mentale. Je pense qu'elle vient juste de rentrer dans sa compétition. Il lui a fallu du temps mais elle y est rentrée. Est-ce qu'elle s'est mise une pression terrible pour ce qui est peut-être sa dernière compétition ? Je ne sais pas, je ne suis pas dans la tête des filles. Mais chacune voit la compétition à sa manière. Et parfois il faut un certain temps pour entrer dans cette compétition.

 

Journaliste : On parle souvent de la force mentale américaine. Comment jugez-vous la force mentale française ?

Vous ne voyez pas ce qu'il se passe tous les jours, dans les vestiaires. Moi je peux vous dire que si le mot "détermination", "engagement", "concentration" fait partie de ce que vous dîtes, je pense qu'elles sont dans un état d'esprit et une force mentale au top ! Elles savent où elles mettent les pieds. Je pense qu'elles ont pris conscience de tout ce qu'il y avait autour, l'extra-sportif. Et je pense que mentalement, elles sont au rendez-vous.

 

Journaliste : On a vu sur un ou deux matches, je pense notamment à France - Norvège et France - Brésil, le côté droit de la défense française a un peu souffert. Y a t-il un plan pour améliorer ça ? Est-ce lié au repli défensif des ailières qui sont devant ?

Si à un moment donné l'équipe adverse joue principalement sur un seul côté, c'est qu'il y a des petits soucis. On a des soucis dans le bloc équipe où parfois les filles étaient loin les unes des autres. Ce qui permettait de laisser des espaces, et quand vous avez sur le côté gauche du Brésil Debinha et Marta qui viennent s'intercaler, ça peut faire mal. C'est ce qui s'est passé. Et parfois on avait des mauvais placements, des mauvais déplacements défensifs. On les a d'ailleurs vus à la vidéo.

Lors des prochaines séances vidéo, on va montrer des séquences qui ont été bien faites par rapport à l'aspect défensif. Car il est important de réguler certaines choses entre le match contre la Norvège, celui contre le Nigeria, le Brésil. Défensivement il y a encore des petites "notions", et je parlais surtout d'espaces laissés dans notre bloc défensif. Parfois on a du mal à resserrer l'axe pour aider les deux milieux de terrain défensives. Voilà, plein de petites choses comme ça qui doivent être automatiquement réglées sur la suite de la compétition.

 

Journaliste (Le Parisien) : Dans votre relation avec Corinne Diacre, vous nous expliquez un peu comment ça se passe, notamment dans les choix de joueuses, d'équipe, de système. Y a t-il des débats, des discussions entre vous ?

Bien sûr il y en a ! On a un staff technique, avec un préparateur de gardiennes de but et un préparateur athlétique. On a des échanges réguliers tous les jours. Tous les soirs on a une réunion technique qui nous permet d'échanger sur le choix des joueuses, sur quel plan de jeu on met en place par rapport à l'adversaire, quel système on met en place, quelle animation etc... Il y a une vraie implication de tous les membres du staff par rapport à cette réflexion-là. Et bien sûr, après, c'est la sélectionneuse qui prend la décision finale.

 

Journaliste : On a vu Kadidiatou Diani dans l'axe de l'attaque et sur le côté droit depuis le début de la Coupe du monde. Sur quel poste poste vous a t-elle le plus convaincu ? Sachant que la latérale gauche américaine Crystal Dunn est très offensive et donc laisse beaucoup d'espace derrière elle. Ne serait-ce pas une bonne idée de la mettre sur le côté droit face aux USA ?

Ok j'ai noté ce que vous avez dit (rires) ! Diani a joué dans l'axe et sur le côté droit. Son premier match dans l'axe, c'était surtout pour contrarier l'animation défensive des Coréennes qu'on avait observée avec un bloc plutôt médian voire haut. Ce qui n'a pas été le cas lors du match ! On avait donc souhaité mettre Diani dans l'axe pour mettre plus de profondeur sur ce match-là. Sur les autres matches où elle a joué à droite, bien sûr elle a cette faculté de percuter, dribbler et même de récupérer rapidement le ballon.

Selon le plan de jeu que l'on mettra en place, si on a besoin de profondeur on la mettra dans l'axe. Si on a besoin de percussion sur le côté, on la mettra sur le côté. Elle a joué aussi à gauche en match de préparation, où elle avait été intéressante. C'est une joueuse polyvalente. Son profil lui permet de pouvoir jouer à droite, à gauche. Certes son pied droit est meilleur que le gauche mais je peux vous dire qu'à l'entraînement elle a mis quelques buts du pied gauche.

 

Journaliste (RMC Sport) :Vous avez été le préparateur physique sous l'ancien sélectionneur des Bleues Bruno Bini, là vous êtes revenu maintenant en tant qu'adjoint de Corinne Diacre. Comment jugez-vous l'évolution du comportement des joueuses, notamment en équipe de France et aussi dans leur club, par rapport aux deux périodes que vous avez connues. Est-ce qu'aujourd'hui les Françaises sont davantage capables d'aller chercher quelque chose de grand que par le passé ?

Avec Bruno Bini on avait repris l'équipe de France en 2007, avec des filles qui n'étaient pas professionnelles. Une était professeure, l'autre femme de ménage etc.. On avait tous les profils de métiers ! Aujourd'hui, le professionnalisme a fait qu'elles sont davantage capables athlétiquement de faire des efforts différents. La préparation est totalement différente aujourd'hui. Elles ont travaillé depuis une dizaine d'années dans les clubs qui se structurent, avec des préparateurs athlétiques, des entraînements de gardiennes de but qui bossent tous les jours auprès des filles. Nous, on a pu s'appuyer là-dessus, et partir sur une préparation physique qui nous permettent de pouvoir optimiser les facultés de chacune.

Après, sont-elles capables de faire de meilleures performances que lors de la Coupe du monde de 2011 (demi-finales) ? Ce n'est pas le même contexte ! Mais je vais vous dire oui ! Parce que je le veux (rires). Il y a eu un tel sérieux durant cette préparation ! J'avais utilisé la première semaine le mot "concernées".  Les filles sont concernées depuis le premier jour lors du stage en Bretagne par cette compétition. Elles ont cette finale à Lyon dans la tête. Et maintenant on est à "deux petites finales" pour rejoindre cette finale !

 

 

 

Karim Erradi