Arrivée en 2020, lors de la montée de l'équipe féminine en D2, Pauline Dechilly - en provenance du DFCO et passée par Metz en D1 - apporte une vraie plus-value à son équipe. Exigeante et tenace sur le terrain, la latérale sait se mettre au service de son équipe et progresse d'année en année. Après des passages en sélections jeunes (U20/19/17/16), l'Alsacienne d'origine espère à nouveau revivre une montée en D1, mais ne veut pas griller les étapes. Sa réaction, après le match amical perdu 2-1 face au GPSO 92 Issy, à la Women's Cup du Grand Est !

 

Coeurs de Foot - Ton ressenti sur ce match ?

Pauline Dechilly - Je pense que c'est de bon augure pour la suite. On se mesure à des équipes de D1, comme on a pu le faire samedi contre Saint-Etienne (défaite 3-1). Je trouve qu'on fait de bonnes choses, on essaye de travailler différent système de jeu. On essaye de s'adapter et de répondre aux demandes du coach (Vincent Nogueira). Aujourd'hui on était en 4-3-3, on va dire 4-5-1 défensivement, avec notre ligne du milieu.

Ce n'est pas toujours facile quand on est en préparation et qu'on a des grosses semaines, mais voilà on essaye de s'adapter au mieux et de travailler au maximum sur les matches.

 

CDF - Justement pendant plusieurs mois, peut-être plus d'un an, vous n'avez pas vraiment joué (la saison passée l'exercice de D2 c'était arrêté en mars, et la saison passée, c'était fin octobre, après moins de deux mois de championnat ndlr). Est-ce que c'était difficile physiquement et moralement pour vous ?

P. D. - Physiquement on reprend bien, sur les tests que l'on a pu faire, on était bien. On n'a pas arrêté les entraînements (RC Strasbourg étant professionnel avec les masculins, les féminines pouvaient continuer l'entraînement, ndlr), donc ça aide forcément, même si notre dernier match de championnat remonte à fin octobre 2020 contre Saint-Maur, en match retard. Donc ça faisait 10 mois sans jouer, et c'est vrai que ça fait long.

Aujourd'hui ça fait du bien de retrouver ces sensations et ça nous permet de travailler pendant ces 6-7 semaines de prépa, avant le début de la nouvelle saison on espère.

 

"Ca peut aussi m'aider à progresser offensivement en tant qu'arrière latérale."

 

CDF - Tu as joué plutôt haut sur le couloir gauche aujourd'hui, mais tu peux aussi jouer derrière. Dans quel poste tu te sens le plus à l'aise ?

P. D. - J'essaye de donner le maximum, là où je joue. J'ai joué latérale gauche une mi-temps contre Saint-Etienne et un quart d'heure latérale droit, dans les couloirs je me sens à l'aise.

Après personnellement je pense que je me sens plus à l'aise derrière, parce que j'ai plus l'habitude de jouer à ce poste-là. Ca me permet d'améliorer mon jeu et d'être plus polyvalente. Et là jouer un cran plus haut comme aujourd'hui, ça peut aussi m'aider à progresser offensivement en tant qu'arrière latérale.

 

"C'est hyper important de coordonner ses déplacements"

 

CDF - Dans ton poste, ce qui doit être un peu frustrant c'est que tu joues souvent sans le ballon, tu dois savoir te déplacer, être au bon endroit et donner une solution à ton équipe ?

P. D. - Oui c'est hyper important de coordonner ses déplacements avec ceux de ses coéquipières et aussi de ses adversaires. Le placement c'est très important ! Ce n'est pas parce que la balle est à 40 mètres de moi, qu'il ne faut pas que je prenne l'information, tout est lié dans une équipe et c'est hyper important d'être observatrice.

 

CDF - Quel joueur ou quelle joueuse tu prends en exemple pour ton jeu ?

P. D. - Je ne regarde pas spécialement un joueur ou une joueuse (sourire). Mon joueur préféré c'est Kylian Mbappe, même si ce n'est pas forcément mon poste du tout. Mais c'est vrai que sur des matches comme ça, je dirais Alphonso Davies qui monte en puissance, c'est vraiment un jeune joueur qui montre des qualités importantes à son poste, et il y a des plus anciens comme Dani Alves, ce sont aussi des exemples, mais je n'ai pas forcément d'idole. 

J'adore regarder les matches de foot, il y a en a peu que je rate, mais je ne cible pas un joueur en particulier, parce que au centre on a un analyste vidéo qui nous dit souvent de se forcer à regarder les matches différemment, et pas en se disant seulement, "ça c'est beau, ça c'est bien" etc

 

CDF - On t'a vu aussi donner quelques consignes parfois à tes coéquipières, c'est quelque chose qu'on apprend surtout en sélections je pense ?

P. D. - Oui ça m'a appris beaucoup, ça m'a donné beaucoup d'expérience, je pense que ça aide forcément.

Derrière moi il y avait une plus jeune, qui est encore au pôle, donc j'essaye de lui donner des conseils, comme j'en ai eu quand j'étais plus jeune.

 

CDF - Pour revenir sur ton jeu, on t'a vu très active sur ton couloir. Mais c'est un poste qui demande beaucoup d'efforts aussi, tu dois être disponible, jouer rapidement, réfléchir vite, éviter le hors jeu, centrer correctement... Est-ce que tu trouves que ton poste est compliqué quand même ?

P. D. - C'est compliqué, mais je pense que là défensivement, le but c'est qu'on soit bien regroupées pour ne pas laisser passer les ballons dans l'axe, pour éviter au maximum qu'on perce l'axe dans notre équipe. Offensivement on nous a demandé des courses, donc j'essayais d'en apporter. 

Ca demande peut-être un petit peu plus d'efforts physique quand on n'a pas la possession du ballon, forcément, pour les replis défensifs, d'être toujours bien dans la ligne, de se replacer, sortir, resserrer, ça demande pas mal d'efforts physiques...

 

"On prend des risques pour trouver les failles"

 

CDF - On te sent frustrée quand même ?

P. D. - Contre Saint-Etienne par exemple, on a pris des buts sur erreurs qui étaient évitables. Après le coach nous a aussi demandé de ressortir de derrière, donc même si on prend des risques, on est en préparation, donc le principal c'est de travailler des choses.

C'est frustrant de prendre des buts sur un penalty ou un contre son camp [sur ce match face au GPSO 92 Issy], mais ce but c'est aussi une action qui est difficile à défendre. On essaye de faire les choses dans l'ordre et comme le coach nous le demande, après on prend des risques pour trouver les failles. En championnat on va peut-être pas nous demander la même chose.

 

CDF - Pour toi, on peut dire que l'objectif premier en tête c'est de retrouver la D1 ?

P. D. - Avec notre équipe, on va déjà essayer de se maintenir et faire mieux que la saison passée, même si malheureusement elle avait été écourtée précocement.

Mais c'est vrai que la montée [en D1] serait un bel objectif avec ce club, parce que je suis de la région personnellement et il y a pas mal de filles dans mon cas. Monter en D1 avec le club phare de l'Alsace, ça serait magnifique. Maintenant je pense qu'il va falloir encore quelques petites années pour peaufiner le projet, bien s'installer en D2, renforcer l'équipe, avant de penser à la D1.

 

Photo : Sandra Jakowenko et Alain Rauscher

Dounia MESLI