La réaction du coach du PSG, Olivier Echouafni tout juste après la victoire étriquée 1-0 face au FCG Bordeaux, au camp des Loges, pour le compte de la 12e journée de D1 Arkema.

 

Journaliste - Vous êtes à un point de l'Olympique Lyonnais toujours. Quelle est votre réaction après cette courte victoire ?

Olivier Echouafni - Ce soir (vendredi 15 janvier, ndlr) on avait un match difficile à aborder, un premier match après presque plus de trois semaines, voir quatre semaines de trêve, donc c'était pas le plus simple face à un prétendant, un concurrent direct au titre, mais aussi par rapport à la place en Ligue des Champions. On avait à coeur de faire un gros match et surtout de le gagner. Je pense que c'était le plus important.

 

Journaliste - Êtes-vous satisfait ce soir de la manière ? On a vu une équipe de Bordeaux très défensive et peut-être un manque de réalisme de Paris sur certaines actions, qui a dominé son sujet ?

O. E. - Oui je pense qu'on a dominé notre sujet, on n'a pas eu autant de situations et d'occasions qu'on a pu avoir lors des dernières semaines, mais la victoire est méritée. On a su être patients, on a été par moments bousculés, mais on a su rester calme et on a construit notre victoire finalement.

D'habitude, depuis à peu près deux/trois mois, à domicile on met beaucoup de pression sur nos adversaires et on arrive à marquer très rapidement. Là ça n'a pas été le cas. Il a fallu attendre la 38e minute pour marquer ce premier but, sur une belle action construite, mais on savait que ça allait être difficile, parce que Bordeaux est une équipe bien organisée, bien en place, disciplinée, qui ne se livre pas, ou en tout cas qui se livre en contre et à ce moment-là on savait qu'il fallait les reprendre en transition derrière, donc ça c'était l'une des consignes que j'avais donné.

 

"Il faut savoir modeler, équilibrer tout ça et puis les

amener à ce qu'elles rentrent dans ce projet."

 

Coeurs de Foot - On sent que cette saison, vous vous êtes vraiment installé en tant que coach d'une équipe féminine, vous avez pris vos marques, cette victoire contre Lyon a aussi démontré votre travail depuis votre arrivée au PSG, vous avez eu un déclic cette saison ? Avec des arrivées de joueuses comme Nadim ou encore Bachmann, qui ont réussi à trouver leur marque dans l'équipe et retrouver leur niveau aussi ? Vous êtes parvenu à convaincre le PSG, que le projet autour de la section féminine était solide pour qu'ils y investissent des moyens (alors que Patrice Lair avait eu des difficultés en ce sens de son côté en 2018) ?

O. E. - Oui mais de toute façon le projet il est solide ! Quand on regarde [le groupe], il y a ces joueuses-là, vous parlez de Nadia [Nadim], Ramona [Bachmann], des joueuses étrangères, mais il y a aussi toute la formation, il faut aussi le soulever. Aujourd'hui quand on regarde le nombre de joueuses qui sont sur la feuille de match, j'ai pratiquement 7 joueuses issues du centre de formation, donc il y a aussi cette base-là. Il faut savoir modeler, équilibrer tout ça et puis les amener à ce qu'elles rentrent dans ce projet. Ca met toujours du temps bien sûr, en général dans un projet il faut toujours 2/3 ans au moins. Vous savez très bien comme moi, qu'on est toujours soumis aux résultats et quand vous n'avez pas les résultats, automatiquement ça peut vite changer [de coach]. 

Là les choses se sont mises en place, il n'y a pas eu beaucoup de changements. On parle toujours de recrutement, si on va recruter, si on va prendre de nouvelles joueuses... On a un effectif, qui est plutôt très compétitif et aujourd'hui, qui comprend le fonctionnement et la méthode, donc il ne s'agit pas de tout changer, de tout vouloir modifier chaque année, parce qu'au bout du compte ça ne sert à rien et on n'y arrive pas. Des joueuses comme Ramona, Nadia, ou d'autres oui elles s'inscrivent dans le projet et on prend du plaisir. Ce n'est pas facile, bien sûr de les manager au quotidien, mais on le fait, on essaye de le faire du mieux possible.

 

Journaliste - C'est quand même satisfaisant de gagner contre une équipe, qui joue avec un bloc défensif très bas ?

O. E. - Il y en a plusieurs [de points positifs]. La victoire bien sûr, cette capacité à garder le ballon, la maîtrise, vous l'avez vu dans les 5 dernières minutes, on a été capables de garder le ballon, de ne pas trop paniquer, ça c'est une force. Comme je leur ai dis, il y a deux ans, ça on le faisait pas forcément et pourtant il n'y avait que 1-0 et on n'était pas à l'abris d'une erreur. Elles ont su le faire, avec beaucoup de conviction, de la confiance tout simplement. Ca c'est une vraie progression aussi, de ce qu'on met en place. 

Après les satisfactions aussi, c'est qu'on concède très peu d'occasions, on n'a pas encaissé de but encore une fois, on fait partie aujourd'hui des équipes qui sont les mieux en place et qui encaissent très peu de buts, donc ça c'est bien, c'est une grande force. On sort aussi sans trop de casses, non plus, parce qu'on est dans une période où c'est toujours difficile, avec la reprise et les conditions climatiques, qui étaient quand même assez difficiles [de ne pas avoir de blessées].

 

"On a été moins convaincants que lors de

nos précédentes prestations"

 

Journaliste - Offensivement ça a été compliqué aujourd'hui quand même ?

O. E. - Sur le plan offensif, on a été moins convaincants que lors de nos précédentes prestations, on a eu beaucoup de joueuses, qui étaient en-dessous de leur niveau, oui c'est vrai. Après c'est un match de reprise, il y a eu une préparation, il y a encore des choses à digérer et on doit être capables de faire mieux, beaucoup plus, mais le plus important dans ces matches de reprise, c'est le résultat. Il y a le contenu dans certains domaines, mais on sait qu'offensivement on a un jeu qui est collectif, et moi ça me plait.

Quelques fois il faut être capable d'être créatif, rentrer dans cette surface. Faire un dribble que personne ne sait faire, on a des filles qui sont capables de le faire. Ce soir j'ai envie de dire que face à un concurrent direct, le plus important c'était de gagner, même 1-0, ce sont les plus belles victoires.

 

Journaliste - Au sujet de Bordeaux

O. E. - Aujourd'hui elles sont 3e, quand j'ai dis avant le match que c'était un vrai choc de par le classement déjà [ça s'est vu ce soir]. Elles ont perdu bêtement des points, notamment à Issy-Les-Moulineaux, qui aujourd'hui, elles traînent ça un peu comme un boulet, mais bon elles sont bien accrochées à leur 3e place.

Vous avez vu, c'est bien en place, avec deux joueuses qui vont très très vite de l'avant [Khadija Shaw et Katja Snoeijs]. Donc je pense sincèrement qu'elles sont entrain de franchir encore des étapes et c'est bien, parce que Bordeaux est un grand nom du football français. Je trouve que c'est top d'avoir aussi des matches de cette qualité-là.

 

"Chacun doit rester un peu dans son

domaine de prédilection."

 

Coeurs de Foot - On sent que c'est une année charnière pour le PSG, car vous semblez avoir toutes les armes pour briller en Champions League et en même temps vous avez des joueuses qui jouent en sélection, notamment en équipe de France, où l'ambiance semble mitigée. Est-ce que lorsque vos joueuses reviennent au PSG, vous les sentez un peu mal à l'aise de tout ce qui se passe en sélection ?

O. E. - (Il me coupe et respire profondément) Non non. Chacun doit rester un peu dans son domaine de prédilection. Quand elles vont en sélection, que ça soit les françaises ou les étrangères, elles sont concentrées sur la sélection et quand elles reviennent, elles sont focus sur leur club.

Donc on fait bien la part des choses et moi je suis bien placé pour le savoir (sourire, Olivier Echouafni était l'ancien sélectionneur de l'équipe de France 2016-2017, avant Corinne Diacre), je ne m'immisce pas dans leur façon d'agir, de penser, elles sont grandes, elles assument pleinement leur personnalité et l'objectif c'est qu'elles soient bien dans leur peau surtout, de façon à donner le meilleur d'elles-mêmes sur le terrain.

 

Coeurs de Foot - Oui mais justement vous le disiez, il faut 2/3 ans pour construire un projet, et c'est vrai que vous n'avez pas eu ce temps avec la sélection, et on vous est un peu tombé dessus [après l'élimination à l'Euro 2017], alors que Corinne Diacre l'a ce temps de continuer à parfaire sa façon de faire, donc on sent qu'il y a deux poids, deux mesures ?

O. E. - (rires) En tout cas, moi j'ai pris beaucoup de plaisir avec la sélection et quand vous discutez avec l'ensemble des joueuses que j'ai pu avoir, je pense qu'elles ont pris beaucoup de plaisir avec moi aussi (Olivier Echouafni avait remporté la She Believes Cup aux Etats-Unis avec la France en 2017, ndlr).

Aujourd'hui, on est passé à autres choses, et moi je suis très heureux d'être au Paris Saint-Germain actuellement et de mener à bien ce projet.

 

Journaliste - Sur la place de favori du PSG à la course à la Champions League

O. E. - Moi au début de saison, et comme l'année dernière, je vous ai annoncé, on est ambitieux, on est des compétiteurs, elles sont des compétitrices, elles veulent gagner les matches. On est au Paris Saint-Germain dans l'un des plus grand club d'Europe, garçons et filles, on fait partie des dix meilleures équipes européennes. On l'assume, il n'y a aucun problème, il nous manque encore certaines choses pour franchir des étapes, ça vient, on en a franchi un certain nombre, il y en a encore.

La Ligue des Champions, oui [c'est un objectif], on est allés en quart de finale il y a deux ans, on était en demi-finale l'année dernière, maintenant on va essayer de faire aussi bien, voir mieux. On a les capacités, je pense qu'on a le groupe pour pouvoir faire de belles choses. Il reste encore du temps [pour y penser], il reste encore un certains nombres de matches, éviter d'avoir des blessures aussi, dans les moments importants, être bons au bon moment, avoir un peu de réussite parce qu'il en faut, un poteau rentrant et un poteau sortant, ce n'est pas la même chose, mais ce sont des éléments qui sont importants. L'objectif c'est d'aller chercher des titres.

 

Coeurs de Foot - Sur l'absence de Jordyn Huitema et les rumeurs de départ de la jeune canadienne

O. E. - Jordyn a attrapé le covid le 25 décembre, et elle est rentrée, et a repris l'entraînement que samedi dernier, donc elle a à peu près plus d'une semaine [de retard]. Elle n'a rien fait depuis plus de 15 jours, 3 semaines, elle était à 4 entraînements, là où les autres étaient à 12 ou 14 entraînements, elle était fatiguée encore de son covid, donc il faut qu'on soit vigilant. On l'est, on fait attention, mais elle est là, ce n'est pas un départ. On est dans une période de rumeurs, donc [il faut pas tout croire].

 

Dounia MESLI