Des deux côtés de l'Atlantique, le Reign FC et l'OL Groupe (propriétaire de l'Olympique Lyonnais) ont annoncé le lancement de « discussions exclusives » en vue de la « vente » de la franchise de NWSL à l'OL Groupe. Cette acquisition matérialiserait le souhait de Jean-Michel Aulas d'acquérir une franchise de football féminin aux États-Unis.

 

La « transaction » est censée être finalisée d'ici au 31 janvier 2020, ce qui signifierait que le club américain passerait sous le pavillon de l'OL Groupe en vue de la prochaine saison, qui débutera au printemps 2020. Les propriétaires actuels et fondateurs du club, Bill et Teresa Predmore resteraient actionnaires minoritaires du club, avec probablement un rôle dirigeant dans la nouvelle organisation, notamment dans le domaine de la formation pour Teresa Predmore.

 

Sur les terres de Megan Rapinoe

Initialement connu sous le nom de Seattle Reign, le club avait changé son nom en début d'année pour devenir simplement le « Reign FC », un changement lié à la relocalisation de l'équipe vers Tacoma et le Cheney Stadium, situés à 50 kilomètres au sud de la Ville Émeraude. Un changement d'adresse alors que le Memorial Stadium de Seattle était promis à la démolition et par ailleurs devenu inadapté pour attirer un public plus large (avec notamment une interdiction de vendre de l'alcool).

Le Reign compte parmi les équipes qui ont marqué la jeune histoire de la NWSL, remportant par deux fois le Shield (équipe terminant en tête de la saison régulière) en 2014 et 2015, mais aussi avec la rivalité entretenue avec les Portland Thorns, autre franchise de NWSL également basée dans le Nord-Ouest des États-Unis (dans l'état voisin de l'Oregon), offrant des derbies souvent animés et indécis. Les récentes championnes du monde Allie Long et Megan Rapinoe y évoluent de même que la milieu de terrain galloise Jessica Fishlock, passée par l'Olympique Lyonnais la saison dernière.

Le club du Nord-Ouest américain fait également partie des franchises qui ne sont aujourd'hui pas officiellement affiliées avec des clubs masculins. Le rapprochement avec l'OL marque notamment une prise de distance avec les Seattle Sounders, champion cette année en MLS (Major League Soccer, l'équivalent de la NWSL chez les garçons).

Le communiqué du Reign pour annoncer le possible rachat par l'OL explique notamment la disparition de la famille Hanauer de la liste des actionnaires, alors qu'Adrian Hanauer est l'un des propriétaires des Seattle Sounders. Les deux entités continueront malgré tout « leur collaboration », notamment en vue de la construction à Tacoma d'un nouveau stade spécifiquement destiné au football. À l'heure actuelle, le Reign évolue sur un terrain de baseball, adapté au moment des rencontres de NWSL.

 

Une évolution rapide de la NWSL

Des rapprochements avec des clubs masculins qui sont devenus un passage obligé pour les franchises de NWSL, à la fois pour disposer de moyens plus importants, et pouvoir évoluer dans des stades plus adaptés au grand nombre. Annoncées comme les prochaines franchises à rejoindre la NWSL, Louisville (Kentucky) et dans un second temps Sacramento (Californie) sont déjà liées dans leur projet à des équipes masculines de MLS ou d'USLC (deuxième division masculine).

Alors que la saison 2019 en NWSL a vu son affluence moyenne dépasser les 7.300 spectateurs par rencontre, le Sky Blue FC a récemment annoncé que ses matches à domicile pour la saison 2020 se joueraient à la Red Bull Arena (dans le New Jersey, à proximité de New York). De son côté le Washington Spirit jouera 4 de ses matches à l'Audi Field basé dans la capitale fédérale.

Deux stades occupés par des équipes de MLS (New York Red Bull et DC United) et qui permettront aux deux franchises de NWSL de multiplier par 5 leurs capacités d'accueil, après y avoir joué quelques matches cette saison et battu des records d'affluence.

 

Un partenariat esquissé au moment de la Coupe du Monde

Le choix de l'Olympique Lyonnais d'investir dans la région est donc à la fois le produit de la stratégie lyonnaise d'expansion outre-Atlantique (avec l'appui de Tony Parker, ancien champion NBA et actuel président de l'ASVEL), mais aussi des défis et difficultés auxquels le Reign a dû faire face ces dernières années pour poursuivre son développement.

Une situation notamment illustrée par la nécessité pour le club de quitter Seattle afin de disposer d'un stade adéquat pour faire grimper les affluences et accueillant pour l'ensemble des publics. Le communiqué du Reign évoque ce besoin « d'accroître les investissements dans [les] installations, pour le staff, les joueuses ». La direction du Reign estime que l'OL « a la capacité pour réaliser les investissements requis, [mais aussi] l'expérience et les connaissances pour que ces investissement puissent produire des résultats ».

Selon The Equalizer, les recherches lyonnaises auraient d'abord priorisé la Côte Est des États-Unis, mais ce serait finalement Bill Predmore qui aurait convaincu les dirigeants lyonnais d'engager les négociations, alors qu'il était présent à Lyon l'été dernier pour le dénouement du Mondial.

 

L'arrivée de l'Olympique Lyonnais en NWSL pose de nombreuses questions sur l'évolution du football féminin, aussi bien aux États-Unis, qu'en Europe, avec d'autres clubs dans la même optique, comme le FC Barcelone qui avait exprimé un intérêt en vue d'acquérir une franchise aux États-Unis.

Le caractère vertueux ou non de ce type de partenariats ne pourra se mesurer qu'avec le temps. Dans l'immédiat, elle constitue une nouvelle marque de la réussite lyonnaise, et du rayonnement de son équipe féminine à l'échelle internationale.

 

Photo: NWSL

Hichem Djemai