Vous la connaissez peut-être…..Marion Torrent, à 24 ans, vient de boucler sa huitième saison en D1 avec Montpellier. A 15 ans, elle débute dans l'élite et depuis, s'est faite une place de titulaire dans l'effectif héraultais. Une rencontre en trois parties, avec pour commencer un retour sur les débuts de Marion, de ses premières frappes à son arrivée dans l'équipe pro de Montpellier.

 

Cœurs De Foot : J'ai vu que comme beaucoup de joueuses/joueurs de votre génération le déclic a été la Coupe du Monde 98 et la victoire de l'équipe de France [Marion Torrent avait 6 ans à l'époque]. Là, pendant l'Euro [l'interview a été réalisé avant la finale France- Portugal], vous continuez à regarder le foot comme lorsque vous étiez enfant  ?

Marion Torrent : Oui, bien sur que je regarde et que je les soutiens. D’autant plus qu’ils progressent dans la compétition. Les grosses affiches sont très agréables à regarder. J’espère que la France va gagner ce championnat d’Europe.

CDF : Est-ce que vous regardez aussi les matches des filles que ce soit l'équipe de France ou par exemple la finale de la Ligue des Championnes avec Lyon. Est-ce que vous regardez aussi bien les matches des filles que des garçons ?

M.T : Oui, c'est sur que quand il y a des clubs français comme Lyon en finale de la Champions League, je regarde. Et j’ai été très heureuse que l’OL la gagne. Je suis souvent le parcours des clubs français féminins ou masculins surtout dans les grandes compétitions.

CDF : En 1998, vous aviez 6 ans, c'est à ce moment-là que vous avez commencé à jouer au foot. Quels souvenirs vous avez de ces premières années avant d'arriver à Montpellier en 2004. Est-ce que vous gardez des souvenirs de cet époque-là, des débuts, parce que au départ vous jouiez avec des garçons ?

M.T : Oui , j’ai quelques anecdotes quand je jouais en poussins ou en benjamins avec les garçons de Luynes (Aix-en-Provence). A cette époque, j’étais la seule fille qui jouait au plus haut niveau dans la région. Maintenant, il y a davantage de filles qui jouent au football.

Quand je jouais contre l’Olympique de Marseille ou des clubs comme le Burel ou Les Caillols, de gros clubs de la région, et surtout lorsque nous gagnions avec « une fille dans l’équipe », il y avait toujours des parents autour du terrain qui disaient à leurs enfants : « t’as vu, elle t’a fait la misère la minotte ! ». Moi, ça me faisait rire et ça me donnait encore plus envie de jouer et de progresser.

A Luynes, j’ai d’ailleurs joué dans la même équipe que Valentin Eysseric qui est maintenant professionnel à l’AS Saint-Étienne... A 12 ans, quand Montpellier m’a contacté avec un projet École + Foot, j’ai sauté sur l’occasion...

CDF : Dans votre choix de sauter le pas et de partir à Montpellier quel rôle a joué votre entourage ? Avec notamment un père et un frère qui jouaient aussi au foot...

M.T Quand on habite entre Aix-en-Provence et Marseille et qu'on part à Montpellier, mes parents et moi, on s’est dit : « elle part, mais c'est 1h30, 2h de route, c'est quand même pas si loin que ça ». Après ça a été plus difficile pour ma mère parce que je n’avais que 12 ans… On a quand même mis 4 mois à se décider.

Au départ, je rentrais tous les week-end. Puis, avec les matchs et ensuite mon intégration en D1, on n’avait plus la possibilité de rentrer. Mais ma famille venait me voir tous les 15 jours. Mes parents font les allers retours Aix/Montpellier depuis déjà 12 ans, mais c’est quand même difficile, surtout quand j’étais plus jeune…

Mon père m’a toujours suivi dans les compétitions de jeunes que j’ai remporté (2 coupes fédérales en 13 ans, 2 coupes fédérales en 16 ans et 1 coupe nationale en 16 ans avec le Languedoc). Il est venu me voir au Pays Bas et en Suisse pour le championnat d’Europe U17 (2009) avec l’équipe de France.

Ma mère m’a suivi un peu moins mais elle s’y est mise petit à petit et elle adore le foot désormais. On peut quand même dire que ça a été difficile car il y a eu beaucoup de sacrifices mais compensés par des victoires en compétition : la coupe de France, le championnat d’Europe U19 [2010, en Macédoine] avec l’équipe de France, et ma participation à la coupe de monde U20 [2010] en Allemagne.

CDF : Quand vous êtes arrivée à Montpellier, en U13 vous étiez dans une équipe féminine mais vous jouiez dans un championnat de garçons. Comment ça se passait pour vous ?

M.T : Ça se passait bien. Je jouais milieu défensif et quand une équipe de filles rencontre des équipes de garçons, les milieux défensifs ont beaucoup de travail. Mais c’est très formateur de jouer contre des garçons, plus rapides et plus puissants que nous. J’ai beaucoup appris, ce qui m’a permis d’être assez à l’aise, quand, à 15 ans, j’ai joué contre des équipes féminines en D3.

CDF : Vous avez parlé de votre titre avec l'équipe de France et la victoire au championnat d'Europe 2010 en U19. Quels souvenirs vous en gardez sachant qu'encore aujourd'hui c'est peut-être le plus beau titre de votre carrière ?

M.T : Oui le titre de championne d’Europe U19 avec l’équipe de France est le plus beau titre de ma carrière avec la coupe de France remportée [en 2009] avec le MHSC. C’est une grande fierté de l’avoir gagné et ça donne envie d’en gagner d’autres avec l’équipe de France et avec Montpellier. C’est un souvenir inoubliable et ça pousse à travailler encore plus.

CDF : Vous venez d'avoir 24 ans, mai vous êtes à Montpellier depuis 12 ans, et vous avez débuté en D1 en 2008 [à 15 ans]. Est-ce que vous souvenez de vos premières minutes en D1 ? Est-ce que c'est des moments que vous gardez en tête ?

M.T : Je ne me souviens plus vraiment des premiers matchs….. Je me rappelle simplement du grand stress que j’ai eu quand la coach m’a dit : « prépare-toi Marion, tu vas rentrer », mais aussi de mon envie de bien faire quand je savais que je devais « prouver » en rentrant en jeu 15/20 minutes. Après, en étant titulaire, le stress disparaît car on a plus de temps pour « faire son match ». Les joueuses de l’époque m’avaient bien mis en confiance et donc ça s’est bien passé pour moi.

La suite de l'interview de Marion Torrent, c'est par ici (deuxième partie / troisième partie)

Hichem Djemai