Alors que la Première Ligue Arkema entre dans une nouvelle phase de développement, Jean-Michel Aulas, président de la Ligue féminine de football professionnel (LFFP), a insisté sur un levier fondamental : la place des joueuses dans le projet global de médiatisation et de structuration du championnat.

 

« Les joueuses peuvent nous aider, doivent nous aider à faire en sorte que la visibilité de tout ce qui est fait dans l’environnement de ces compétitions soit accélérée. » Jean-Michel Aulas.

Ce propos résume une conviction forte : le développement du football féminin ne peut pas reposer uniquement sur les institutions, les sponsors ou les diffuseurs. Il repose aussi – et surtout – sur celles qui en sont les premières ambassadrices : les joueuses elles-mêmes. Les footballeuses ne doivent pas être seulement spectatrices ou bénéficiaires du projet, mais bien des actrices à part entière.

 

Un rôle élargi au-delà du terrain

Pour renforcer cette dynamique, la LFFP a initié l’intégration des joueuses dans des cercles de réflexion, notamment sur le plan marketing. Elles participent désormais aux discussions autour de la diffusion, de la communication numérique, et de la stratégie de visibilité des compétitions.

« On les a réunies de manière à faire en sorte que, comme avec les clubs, on les fasse participer à leur devenir. »

Ce travail collaboratif s’appuie sur les retours des principales intéressées, qui proposent régulièrement des idées en matière de structuration sportive, mais aussi d’encadrement et de conditions de pratique. Cette proximité est perçue comme un atout pour construire un modèle plus adapté aux réalités du football féminin.

 

Des actrices sportives… et médiatiques

Au-delà de leur performance sur le terrain, les joueuses disposent aujourd’hui d’une influence significative auprès du grand public, sur les réseaux sociaux et dans l’espace médiatique. Leur implication dans la promotion des compétitions, des clubs, ou des initiatives autour du football féminin, est jugée cruciale pour en élargir l’audience et l’impact sociétal.

« Nous devons travailler main dans la main. La réussite sportive passe par l’adhésion du public, et cette adhésion dépend aussi de la manière dont les joueuses s’emparent de leur rôle au-delà du rectangle vert. »

 

Valoriser l’après-carrière

L’autre enjeu, selon Jean-Michel Aulas, est de permettre aux joueuses d’anticiper leur reconversion. Certaines souhaitent s’engager dans des fonctions administratives, fédérales ou partenaires. Des programmes spécifiques leur permettent désormais d’intégrer les groupes de travail de la LFFP.

« On a des joueuses qui arrivent en fin de carrière et qui veulent s’investir soit à la fédération, soit chez nos partenaires. »

Cette logique vise à transformer l’expérience sportive en compétence institutionnelle, pour inscrire le football féminin dans une continuité de parcours.

 

Une visibilité à construire ensemble

Jean-Michel Aulas insiste sur le rôle des joueuses dans la médiatisation du championnat. L’objectif est d’utiliser leurs profils, leur engagement et leur influence pour toucher un public plus large, notamment via les réseaux sociaux.

« C’est un cercle vertueux. Plus on a de gens qui parlent du football féminin, plus on en attire. »

Conscient des limites actuelles en matière d’accréditations ou de dispositifs presse dans les clubs, il assure que la LFFP travaille activement pour faciliter l’accès des journalistes et professionnaliser la communication des sections féminines.

 

Une stratégie à long terme

Dans un contexte de structuration renforcée – avec la mise en place du statut professionnel, de nouveaux labels, et la création d’une nouvelle compétition internationale dont la finale se jouera à Abidjan – la LFFP entend bien placer les joueuses au cœur de son projet.

Pour Jean-Michel Aulas, il n’y a pas d’ambition durable sans elles. Et c’est précisément parce qu’elles sont écoutées, impliquées et reconnues, que le football féminin peut espérer franchir un cap décisif dans les prochaines années.

 

Une visibilité qui change tout

Les dirigeants l’ont rappelé : chaque prise de parole, chaque publication, chaque apparition médiatique d’une joueuse contribue à créer un effet boule de neige. Elle permet de rendre visible un championnat souvent encore dans l’ombre de son équivalent masculin, de capter de nouveaux publics, de susciter des vocations et d’attirer des partenaires.

Et les exemples ne manquent pas. Qu’il s’agisse de publications sur Instagram, d’interventions dans les médias, ou de participations à des campagnes de sensibilisation, les joueuses deviennent des porte-voix essentiels d’un football qui se transforme.

 

Un appel à la mobilisation collective

La Première Ligue féminine entre dans une nouvelle phase, avec des projets de développement structurel et une stratégie plus affirmée autour de la communication et de l’image. Dans ce cadre, les joueuses ne sont pas des figurantes, mais des actrices engagées.

« Leur implication ne doit pas être perçue comme un simple supplément, mais comme un accélérateur de changement. »

Avec un Euro en ligne de mire cet été, et des compétitions nationales de plus en plus disputées et suivies, le football féminin français compte sur toutes ses forces vives pour passer un cap.

Et au premier rang, ce sont bien les joueuses elles-mêmes qui en seront les meilleures ambassadrices.

 

Dounia Mesli, au siège de la FFF

 

Photo : FFF

Dounia MESLI