Dans les prochains jours, de nombreuses sélections nationales seront sur le pont, mais à la poursuite d'objectifs différents. Préparation pour les Jeux Olympiques de Tokyo, qualification pour l'Euro 2022. Une période à enjeux pour certaines équipes, moins pour les Bleues à l'occasion du deuxième Tournoi de France.

 

La période entre la fin du mois de février et le début du mois de mars fait habituellement office de premier grand rendez-vous de l'année pour les sélections nationales féminines. Avant les grandes compétitions printanières ou estivales, les meilleures équipes de la planète pouvaient se retrouver au Portugal, à Chypre, aux États-Unis pour des tournois prestigieux, et qui constituent des rampes de lancement idéales avant une Coupe du Monde, ou cette année les Jeux Olympiques. Il y a d'ailleurs une impression de déjà-vu puisque la pandémie de COVID-19 a surgi à la même époque l'an passé, alors que les sélections qualifiées se préparaient pour les Jeux de Tokyo, finalement reportés de l'été 2020 à la même période en 2021.

 

Une équipe japonaise privée de sortie avant les Jeux de Tokyo

Pour mémoire, l'an passé, l'Algarve Cup s'était conclue dans la précipitation, bousculée par le COVID-19, tandis que l'édition 2020 de la SheBelieves Cup avait constitué le dernier rendez-vous des championnes du monde américaines avec leur public.

Alors que les Jeux Olympiques de Tokyo approchent, l'incertitude demeure autour de leur organisation l'été prochain. Le pays est actuellement en état d'urgence face au virus et ses variants, avec en particulier des restrictions draconiennes aux frontières. Ces décisions du gouvernement japonais ont eu notamment pour conséquence de priver les Nadeshiko japonaises de participation à la SheBelieves Cup aux États-Unis.

Une équipe nationale confinée à la maison, en attendant de pouvoir recevoir sur son sol les meilleures équipes de la planète. Conséquence de cette difficulté, le mercato hivernal a été marqué par les transferts de plusieurs internationales japonaises (Mana Iwabushi, Yui Hasegawa ou Mina Tanaka) vers les championnats européens, et ainsi acquérir un rythme de compétition avant le tournoi olympique qui débutera le 21 juillet prochain au Japon

 

La SheBelieves Cup résiste à l'épidémie, la Grande-Bretagne cherche un/une coach

Pour les équipes déjà qualifiées aux Jeux Olympiques, les modes de préparation sont divers. Les États-Unis accueilleront donc la SheBelieves Cup pour sa 6e édition, avec deux autres équipes en préparation pour les Jeux, le Canada et le Brésil. Une quatrième sélection américaine vient se joindre au trio d'Olympiennes, à savoir l'Argentine qui prendra part pour la première fois au tournoi. La SheBelieves Cup pourrait être impactée par les restrictions sanitaires, notamment pour les joueuses voyageant depuis l'Europe. Les défenseures canadienne et américaine, Kadeisha Buchanan (Olympique Lyonnais) et Alana Cook (Paris Saint-Germain) ont été retenues par leur club pour éviter une quarantaine de 7 jours à leur retour des États-Unis.

D'autres joueuses pourraient être privées de sélection pour les mêmes raisons, même si la néo-Lyonnaise et internationale étasunienne Catarina Macario a été autorisée à rejoindre sa sélection pour participer à la SheBelieves Cup. Un laissez-passer qui semble lié à la nécessité pour Macario d'accumuler rapidement du temps de jeu en sélection (elle a fait ses débuts le 18 janvier dernier face à la Colombie, suite à l'accord de la FIFA pour son changement de nationalité sportive) et ainsi espérer gagner sa place dans le groupe de Vlatko Andonovski en vue des Jeux Olympiques de Tokyo. 

Du côté des équipes européennes qualifiées aux Jeux, les situations sont contrastées. Les Pays-Bas disputeront un tournoi amical face à la Belgique et l'Allemagne. Cette série de matches a notamment vocation à populariser la candidature commune des trois pays frontaliers pour l'organisation de la Coupe du Monde 2027. La situation est plus incertaine pour la Grande-Bretagne, privée de sélectionneur après la démission il y a quelques semaines de Phil Neville. Deux sélections britanniques seront malgré tout réunies dans les prochains jours avec un match amical entre l'Angleterre et l'Irlande du Nord le 23 février, dans l'enceinte de Saint George's Park, le centre national du football anglais. Pour mémoire, la sélection de Grande-Bretagne pour les J.O, peut réunir des joueuses d'Angleterre, du Pays de Galles, d’Écosse et d'Irlande du Nord.

 

Les bords de la Méditerranée, un terrain de jeu toujours attractif en hiver

Également en préparation pour les Jeux, l'équipe de Suède va fuir l'hiver scandinave et ses températures glaciales. Cap au sud pour les joueuses de Peter Gerhardsson, qui vont rechercher un climat plus chaleureux du côté de Malte. Deux matches amicaux y seront programmés face à l'Autriche et la sélection maltaise.

Toujours en Méditerranée, la Zambie devait préparer en Turquie sa première participation aux Jeux, avec un tournoi face aux championnes d'Afrique nigérianes, la Guinée-Équatoriale ou encore l’Ouzbékistan. La participation des Copper Queens a finalement été annulée par la fédération zambienne de football (FAZ) qui a évoqué dans un communiqué des « défis posés par la pandémie de COVID-19 ».

La FAZ ne voulait probablement pas renouveler l'expérience vécue fin 2020 au Chili. Les joueuses zambiennes avaient été placées à l'isolement, certaines sur une période de 30 jours, suite à des cas de COVID-19 détectés au sein des Copper Queens, venues au Chili pour disputer deux matches amicaux. Une seule rencontre avait pu finalement se jouer avant le placement à l'isolement de la sélection zambienne et de son staff.

Pour d'autres équipes, les Jeux Olympiques restent un objectif à atteindre. Quatre sélections peuvent encore se qualifier, le Cameroun face au Chili, et la Corée du Sud face à la Chine. Deux qualifications qui se joueront au mois d'avril prochain sous forme de barrages en matches aller/retour, après le report de la double-confrontation Cameroun-Chili, initialement prévue en février.

 

Des places à prendre pour rallier l'Angleterre

Se qualifier pour les Jeux, ou aussi obtenir son billet pour le prochain Euro. Alors qu'une partie des équipes ont assuré leur qualification à l'automne, la phase de groupes se poursuit pour certaines formations. Il s'agit de déterminer quelles seront les quatre dernières équipes directement qualifiées pour l'Euro 2022 en Angleterre, et les six sélections qui devront passer par les barrages.

Dix matches sont encore au programme, avec des équipes comme l'Espagne, l'Italie, la Finlande ou le Portugal encore en course pour un billet qualificatif. Cette poursuite des éliminatoires explique en partie l'annulation de l'Algarve Cup qui se déroule traditionnellement dans le sud du Portugal. Un pays hôte indisponible, de même que l'Italie finaliste l'an dernier, ou l'Espagne vainqueur du tournoi en 2017.

 

Une année 2021 de travail pour les Bleues ?

C'est pourtant bien la pandémie de COVID-19 qui a d'abord bouleversé les plans, avec une Algarve Cup annulée pour la première fois depuis sa création en 1994, un sort qui concerne également la Cyprus Cup, autre tournoi international organisé traditionnellement à cette période depuis 2008. De leur côté, les Bleues devaient prendre part à un nouveau Tournoi de France, après l'édition inaugurale l'an passé dans le Nord.

Invitées cette année la Suisse et l'Islande et la Norvège sont des adversaires bien connues des Bleues, pour les avoir notamment rencontrées lors des derniers grands tournois (Coupe du Monde 2019, Euro 2017) mais qui ont également en commun avec les Bleues de ne pas être qualifiées pour les J.O de Tokyo.

Pourtant, la Norvège et l'Islande ont finalement choisi de déclarer forfait, par précaution face à la situation sanitaire sur le continent européen. Des décisions qui ont finalement eu raison de cette deuxième édition.

Pour la sélection de Corinne Diacre, ce tournoi s'est donc progressivement réduit à un duel face à l'équipe de Suisse sous la forme d'une double-confrontation. Pour ce premier rassemblement en 2021, c'est le signe que le contexte épidémique reste bel et bien présent. Une année sans compétition majeure pour les Bleues et donc une occasion de travailler, sans pression immédiate de résultat, en attendant de pouvoir retrouver les premiers rôles sur la scène internationale.

[L'article a été mis à jour concernant le Tournoi de France et son annulation]

 

Photo: Sarah Stier/Getty Images (Megan Rapinoe et Patri Guijarro à la lutte lors du match entre les États-Unis et l'Espagne, le 8 mars 2020 à la Red Bull Arena dans le New Jersey. Une rencontre comptant pour la 2e journée de la SheBelieves Cup, 5e édition)

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Jeux Olympiques de Tokyo – Tournoi féminin de football (du 21 juillet au au 6 août 2021)

Équipes qualifiées (10/12) : Japon (pays organisateur), Australie, Brésil, Canada, États-Unis Grande-Bretagne, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Suède, Zambie.

Barrages :

[Asie] Corée du Sud – Chine (match aller : 8 avril, Corée du Sud / retour : Chine, 13 avril)

[Afrique-Amérique du Sud] Cameroun – Chili (match aller au Cameroun / retour au Chili, dates à confirmer [avril])

 

Euro 2022 (Angleterre, du 6 au 31 juillet 2022)

Équipes qualifiées (9/16) : Angleterre (pays organisateur), Allemagne, Belgique, Danemark, France, Islande, Norvège, Pays-Bas (tenants du titre), Suède.

4 équipes peuvent encore se qualifier directement + 6 équipes qui passeront par les barrages au printemps et se disputeront les trois dernières places pour le tournoi final.

Hichem Djemai