C'est l'homme qui a façonné l'Olympique Lyonnais tel que l'on connaît de nos jours, Jean-Michel Aulas s'apprête à passer la main à l'issue de la saison. Au terme de cette finale remportée, il a évoqué ces années passées avec la section féminine mais également le futur de celle-ci.
Comment expliquez-vous ce succès ?
C'est une saga absolument incroyable. Alors évidemment on a tout fait pour que les structures soient à l'identique de celles des garçons. Des structures et des infrastructures. Vous avez vu ces merveilleuses joueuses accompagnées par un staff qui est unique avec autant de spécialistes de la vidéo, de la kinésithérapie, de l'ostéopathie, du staff médical à la technique, ce qu'on fait dans les équipes professionnelles des garçons. C'est vrai qu'on a rencontré aussi une très bonne équipe de Paris. Paris et Lyon essaient de promouvoir le football féminin français.
D'ailleurs, les performances en Europe, même si cette année, on a loupé une marche dans un contexte un peu particulier à Chelsea, font que ce match donne l'envie à des centaines, des milliers, des millions de jeunes filles de jouer au foot. Et c'est notre ambition, de faire en sorte que le foot professionnel français donne l'envie à des milliers de jeunes filles de jouer au foot. Et puis aussi d'avoir, parce que c'est l'élite souvent qui créent la dynamique de croissance. Que l'élite avec le PSG et aussi l'OL.
Et puis maintenant, il y a quatre ou cinq autres clubs qui, en D1 Arkema, sont capables de battre n'importe quel autre club. Créer une ligue qui soit un peu ce qui a été à l'époque la Premier League anglaise, qui avait pris les bonnes décisions chez les garçons un peu avant les autres. Donc, on va essayer à la Fédération, avec Philippe Diallo le Président, avec un certain nombre d'autres partenaires, de se doter des moyens les plus pertinents pour faire en sorte que le football français tout entier soit au plus haut niveau avec la D1 Arkema, mais aussi avec l'équipe de France.
Vous savez qu'Hervé Renard était là ce soir.
C'était formidable d'avoir le sélectionneur avec tous ses adjoints, qui regarde les filles, qui scrute, qui vit au même rythme que les clubs. C'est important parce qu'on n'a pas d'équipe de France de très haut niveau sans que les clubs ne soient accompagnés. Donc, voilà, il y a une unité. Tout cela est le fondement du football amateur. Je suis arrivé par le football amateur avec des centres de formation à Lyon qui sont exceptionnels aussi bien chez les garçons que les filles. C'est vrai que ce match vient à point nommé. parce que vous savez, je vais me retirer. Si ça n'avait été que moi, je ne l'aurais pas fait aussi vite.
Mais ceci étant, il faut accepter la règle qui est celle-là. C'est vrai que je suis un homme heureux parce que je me retire sur un titre. Il reste encore un match dimanche à Paris en championnat. On doit être au 34e titre pour les féminines. On en a gagné 19 chez les garçons. 20 chez les académies, on va encore gagner le championnat féminin des moins de 19 ans. Donc c'est 73 titres que j'ai eu la chance, au travers des structures, de gagner. Et donc je vais me retirer la semaine après le match que nos féminines feront à Paris avec le cœur lourd parce que, c'est des amitiés, c'est des relations très fortes qui se sont créées. Mais aussi en étant paisible, en étant serein d'avoir fait le travail que j'avais à faire, de n'avoir jamais cédé aux pressions. Et quand on sait qu'on a plus ce rôle à jouer, bah, il faut savoir le faire avec élégance. Et c'est ce que j'ai fait ce soir.
Comment avez-vous vécu ce moment de la présentation de l'équipe, un peu de larmes, les filles qui vous ont appelé à venir soulever le trophée ?
Non mais vous l'avez vu, c'est beaucoup d'émotions quand on donne 36 ans de sa vie au football, ce n'est pas simple de quitter ce qu'on aime le plus avec sa famille. Ceci étant, c'est vrai que c'était une belle après-midi. On a tout fait pour bien accueillir le football féminin. Merci aux autorités locales, à la fédération qui a organisé parfaitement ce match. À l'ensemble des médias.
J'entends les filles chanter. Ça fait chaud au cœur et ça permet de, bien sûr, gravir des montagnes mais aussi de bien se reposer paisiblement. Et ça donne envie de tout donner encore pour le football féminin qui est un football formidable. On a vu ce soir que les fans avaient envie de voir un match disputé. Parce que le foot, c'est ça aussi. On ne doit jamais savoir qui doit gagner à l'avance même si tout le monde a envie de gagner et que j'avais très envie de gagner ce soir. Ça suffit à mon bonheur et j'espère que ça va continuer comme ça.