Après le succès au Trophée des Championnes, Jean-Luc Vasseur confirme la suprématie lyonnaise face au PSG avec cette victoire 1-0 sur la pelouse du Groupama Stadium. Forcément ravi, le coach est longuement revenu sur la prestation de son équipe et l'autrice de ce succès, Saki Kumagai.

 

 

Journaliste - Soulagé d'avoir remporté ce match ?

Jean-Luc Vasseur - C'est pour ça qu'on fait ce métier là, c'est pour vivre des moments comme ceux-là. On aurait aimé que ça dur plus longtemps. Mais très satisfait du résultat déjà d'une, on est dans une période très compliquée [ça tire] sur les organismes, il y a le retour post-Coupe du Monde.

C'est sûr que les filles ont donné tout ce qu'elles avaient, elles étaient vraiment à fond, et ont terminé sur les rotules, il faut le souligner. Le calendrier est ce qu'il est, mais c'est vrai qu'une journée de plus, ça aurait été peut être bénéfique, sachant que j'ai récupéré l'ensemble de mes filles il y a 48h à peine, mais bon ça on va dire que ça ne s'est pas trop vu aujourd'hui. L'idée c'était qu'il y ait une belle fête du foot, du monde au stade et puis un match à péripéties, à enjeux, et un dénouement, avec un petit score, qui fait qu'on a du serré les dents, les coudes et tout le reste pour bien finir, parce qu'effectivement les joueuses étaient cuites et Paris poussait et jouait son va-tout à la fin.

 

Journaliste - Des nouvelles sur Eugénie [Le Sommer] et Marozsan ?

J.-L. V. - Maro c'est un choc à la cuisse, c'est une béquille on va dire, donc c'est moins grave que prévu, et Eugénie c'est une petite récidive parce qu'elle a eu [une blessure] en équipe de France. Je dis petite, car elle connaît son corps, on avait fait des examens toute la semaine, on avait prévu des rendez-vous quotidiens pour savoir si elle pouvait jouer ou pas. Depuis 48h on avait eu des signes positifs, donc on l'a fait jouer, elle l'avait déjà fait dans le passé ici, je suis embêté pour elle parce que ce n'est jamais plaisant de voir une fille sortir [sur blessure]. Je pense que Delphine [Cascarino] a fait une belle entrée de son côté, et qu'on n'a pas perdu en qualité.

 

Coeurs de Foot - Comment vous expliquez le changement de Greenwood à Bacha dans le onze de départ ? (Le compte Twitter de l'OL avait annoncé Alex Greenwood sur son affiche, alors que c'est Selma Bacha, qui a débuté le match, ndlr.)

J.-L. V. - Alex est arrivée très tard [dans le groupe] et elle n'a pas joué le deuxième match avec l'Angleterre, parce qu'elle avait un petit problème à la cheville.

 

Coeurs de Foot - D'accord, donc c'était un bug informatique, car sur la feuille de match c'était Greenwood qui était annoncée...

J.-L. V. - (rires) Ah d'accord, c'est pour ça que vous me posez la question. Non non je ne suis pas informaticien (rires). 

Je vous inviterais tous à venir à la causerie la prochaine fois (rires) pour connaître le onze de départ (rires).

 

Journaliste - Qu'est-ce qui a été dit à la pause, parce qu'on les a senti reboosté en seconde mi-temps ?

J.-L. V. - Qu'elles avaient fait une très bonne première mi-temps, qu'il fallait continuer là-dessus, et que ça allait s'ouvrir à un moment ou un autre. On aurait dû accompagner un peu plus les attaques, être un peu plus juste, avoir un peu plus de mobilité, ce sont des petits détails mais je pense que la pause leur a permis de rebondir et puis d'aborder le match comme il fallait.

En face on avait aussi une très très belle équipe de Paris, qui a fait un grand match. On a un résultat, sur un grand match, 1-0, dans un très beau stade, avec beaucoup de public. Aujourd'hui, on est les vainqueurs, donc forcément on est ravis.

 

Journaliste - Les Parisiennes avaient mis un système identique à celui du Trophée des Championnes.

J.-L. V. - (Il la coupe) Complètement.

 

Journaliste - Vous vous n'aviez pas Wendie Renard sur ce match par contre. Qu'est-ce que ça vous a posé comme difficultés ?

J.-L. V. - Moi je ne le verrais pas avec difficulté, Kadeisha [Buchanan] a été vraiment à la hauteur, elle a fait un super match, je suis ravi de sa prestation. On doit être en capacité aujourd'hui de pouvoir remplacer n'importe qui dans l'équipe [en cas de pépins physiques], même si on a des superbes championnes.

Et comme je disais avant le match, Wendie est une joueuse exceptionnelle, forcément irremplaçable, mais on a trouvé d'autres moyens et je trouve que les milieux défensives, ainsi que Griedge [Mbock] a côté [de Kadeisha Buchanan] ont fait un gros gros match, Selma [Bacha] était très très présente, avec le peps qu'elle a apporté sur le côté gauche, Lucy [Bronze] on connaît ses qualités. Et puis devant, elles ont énormément travailler, puisque Ada [Hegerberg] et Maro [Marozsan] ont fait beaucoup beaucoup d'efforts pour faire un pressing constant.

 

Journaliste - Et le système à 5 défenseures, c'était justement pour gêner Ada [Hegerberg]...

J.-L. V. - (Il la coupe) Pas qu'Ada (sourire), nous tout simplement. Je pense que ça a pas mal fonctionné, mais par contre c'est vrai qu'effectivement, ils ont plus une vocation à défendre, après peut être à contrer, mais nous on savait qu'il fallait passer ce premier rideau et puis après arriver sur cette ligne de 5 [défenseures] et l'a travailler comme on dit. Dans le dos, sur des une-deux, des dribbles et je pense qu'on a bien martelé [les Parisiennes], on marque sur coups de pied arrêté, mais on aurait pu marquer aussi dans le jeu. 

 

Journaliste - Sur la bonne prestation de Saki Kumagai

J.-L. V. - Oui, mais toutes [les joueuses]. Saki a marqué aujourd'hui, elle était décisive, on est ravis pour elle, c'est super parce que c'est une joueuse exemplaire et sur un match comme ça on l'attend à ce niveau là, elle a fait un très très gros match. On est ravis que ça vienne d'elle, ça aurait pu venir de n'importe quelle joueuse et aujourd'hui c'est Saki, donc ça veut dire que toutes nos joueuses sont dangereuses.

 

Journaliste - Justement elle n'était pas forcément titulaire l'an dernier, elle est redevenue très importante...

J.-L. V. - (il le coupe) Elle n'était pas titulaire l'année dernière ?

 

Journaliste - Pas forcément, non.

J.-L. V. - Je pense qu'elle est un peu plus cette année, un peu moins, franchement je ne sais pas.

 

Journaliste - Elle est devenue importante ?

J.-L. V. - Oui mais les cartes sont toujours redistribuées à chaque match, en fonction [de la forme]. J'ai un effectif extraordinaire, donc il faut être en capacité aussi de faire tourner. Je parlais de fatigue, Saki par exemple est arrivée mardi soir je crois du Japon, avec 7/8 heures de décalage horaire, donc on avale pas autant d'heures de jet lag comme ça, il faut du repos...

 

Journaliste - On la sent en pleine confiance en tout cas ?

J.-L. V. - Ça lui a plutôt bien réussi, donc on l'a renverra pas tout le temps au Japon, mais ça a été parfait et je suis ravi pour elle.

 

Coeurs de Foot - Est-ce que le froid, c'est aussi l'ennemi des joueuses, parce qu'on les a senti un peu parfois un manque de puissance dans leur frappe ?

J.-L. V. - La question c'est : "Tout entraîneur de foot vous dira que le mois de novembre, il y a des blessures, dû à un changement d'heures, vers la fin d'octobre vous avez toujours encore une dernière poussée de chaleur, et après on tombe sur des températures négatives, il y a un manque de luminosité aussi, et puis il y a une post-Coupe du Monde comme je l'ai dit, qui pose quand même un peu de problèmes et qui affaibli les organismes"...

Elles sont [humaines], ce ne sont pas des supers-héroïnes entre parenthèses, elles sont comme vous et moi, aussi sensibles à tous ces éléments, et modifications.

Dounia MESLI