Tout juste après le match des 1/8e de finale face à Marseille (1-1) - gagné 4-3 aux tirs au but - le coach de Montpellier, Jean-Louis Saez, nous a livré ses impressions.
 

Coeurs de foot – Coach, j'imagine que vous êtes satisfait de ce match. Certes ce résultat 1-1 est frustrant pour vous mais à la fin vous obtenez la victoire, au bout du suspens ?

Jean-Louis Saez : Ouais... On dira qu'on retient surtout la qualification. On a fait une première mi-temps très moyenne, on a été mieux en deuxième mi-temps. A 1-0 pour nous on pensait que le plus dur était fait et sur un coup de pied arrêté on s'est fait égaliser. Et après on a un peu tremblé sur la fin. Marquer un deuxième but aurait pu nous permettre de tuer le match. Je dirais que lorsqu'on a su accélérer en deuxième mi-temps, mon équipe était un peu mieux mais elle a terminé le match fatiguée. Le match contre Lyon la semaine dernière en championnat (défaite 1-2, ndlr) a un peu pesé dans les jambes.

 

CDF : En parlant de la première mi-temps, vous avez changé beaucoup de choses dans votre formation. Vous avez mis Marion Torrent au milieu de terrain, il manquait Sandie Toletti, Anouk Dekker, deux absences très lourdes...

Oui ce sont deux milieux qui nous manquent actuellement donc on « bricole ». Je pensais que ça pouvait suffire face à Marseille mais c'est vrai que les Marseillaises affichent un meilleur visage depuis deux mois. C'est une équipe à prendre au sérieux. On a pris ce match au sérieux mais à 1-0 pour nous je crois qu'on aurait dû tuer le match. Mais on n'a pas su le faire et du coup on a failli être puni. Donc on est très contents.

 

CDF  –  Vous avez manqué d'efficacité c'est ça ?

Oui mais en même temps Sofia Jakobson a beaucoup pesé sur la défense de Marseille. J'attends un peu plus d'autres joueuses. Sofia était un peu plus en difficulté ces derniers temps, elle a été absente longtemps et sur ce match-là je crois qu'elle a pesé sur la défense adverse et elle les a usées.

 

Journaliste – Un petit mot sur l'OM. C'est quoi la différence entre l'équipe que vous avez affrontée au match aller (victoire 4-1, ndlr) ou même celle que vous avez accueillie début janvier et cette équipe de ce dimanche ?

Je crois que depuis leur victoire face au Paris FC (rappeler) elles n'ont perdu que deux matches et c'était face à nous. D'abord en championnat 2-3 chez elles et ce dimanche on les a éliminées aux tirs au but. C'est quand même une équipe qui a fini quatrième la saison passée donc elle n'est pas à sa vraie place cette saison (douzième et dernière de D1, ndlr). Je crois qu'il y a eu une prise de conscience de la part du groupe. C'est un groupe avec de très bonnes joueuses. Je ne dirais pas que je ne me fais pas de soucis pour eux mais je pense qu'ils sont armés pour aller chercher le maintien.

 

CDF – Est-ce qu'on peut dire qu'aujourd'hui vous avez un peu "meublé" ? Les joueuses avaient quand même du mal à se trouver. 

Ouais... C'est vrai on manque un petit peu de...

CDF  – D'expérience peut-être ?

Non, non, du tout, c'est le milieu de terrain...

 

CDF – ​ C'est vrai que quand Virginia Torrecilla est rentrée ça a fait la différence ?

Voilà. On avait perdu la bataille au milieu de terrain. Et si vous ne gagnez pas au milieu de terrain... M^me si on a eu la maîtrise technique on a eu aussi beaucoup de déchet technique. A partir de là, vous ne pouvez pas peser sur la rencontre. Marseille est une équipe qui défend bien. Elles ont essayé de nous contrarier sur la première relance. Il ya de la cohérence chez elles. On aurait dû plier le match en menant 2-0 mais il faut être capable de le plier. 

 

CDF  – ​ Et que pensez-vous du professionnalisme du football féminin ? Quand vous voyez qu'il y a des clubs comme Soyaux ou même Guingamp qui ont des problèmes à avoir une section féminine qui tient la route, comment expliquez-vous ça ?

Ben il ne faut pas aller trop vite je dirais. Le football féminin en France progresse mais il faut lui laisser le temps. Je crois que Canal + avait acheté les droits TV de la D1 masculine en 1984. On voit aujourd'hui que le foot masculin, trente ans après, a pris une grosse dimension. Pour les femmes ça va commencer en 2018. Donc il y a trente-quarante ans d'écart entre le foot masculin et féminin. Donc il ne faudra pas aller trop vite...

 

CDF  –  Mais on est déjà aller trop vite je pense...

C'est-à-dire que... On ne peut pas se plaindre. On a en France la meilleure équipe du monde, l'Olympique Lyonnais. Donc tout le monde en France cherche à suivre la meilleure équipe, avec des salaires astronomiques. L'économie du foot féminin tient sur celle du foot masculin aujourd'hui. Donc il faut du temps, il faut remplir les stades, mettre plus de spectacle. 

 

CDF  – ​ Mais pourquoi les clubs français ne mettent pas plus d'argent dans leur section féminine ? Pourquoi ils se lancent dans le foot féminin mais qu'après ils ne savent pas gérer ?

De l'argent ils en mettent attention ! Bon les clubs comme Montpellier, l'OM ou Guingamp, ils mettent 1 à 3% de leur budget dans la section féminine. C'est déjà bien ! Je pense que l'effort fait par les clubs professionnels est important. Après pour les clubs amateurs je comprends aussi... Si Guingamp se plaint des infrastructures professionnelles alors je n'imagine même pas chez les clubs amateurs. Est-ce que le football de demain est appelé à être encadré par des structures professionnelles ? Oui je pense parce que ça apporte beaucoup de moyens. Au delà de l'aspect financier il y a aussi celui des conditions de travail. Aujourd'hui par exemple à Montpellier les joueuses s'entraînent sur des terrains de qualité, elles ont un médecin... Je crois que ce qui est fait aujourd'hui est bien mais il faudra aller doucement. 

Dounia MESLI